Vendredi, 29 mars 2024
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    Entre Orban et le pape, divergence sur les personnes LGBT

    L’un tend la main aux migrants et LGBT+, l’autre les rejette au nom de l’identité chrétienne de l’Europe: entre le pape François et le souverainiste Viktor Orban, qui se rencontrent dimanche à Budapest, c’est un mur qui se dresse.

    Le dirigeant hongrois brandit son attachement à la religion pour justifier sa politique d’exclusion, tandis que le souverain pontife fait d’un accueil bienveillant un devoir de croyant. Et les experts ont déjà relevé que François ne resterait que sept heures en Hongrie, où il doit s’adresser à des dizaines de milliers de fidèles du monde entier à l’occasion du 52e Congrès eucharistique international, entamé lundi.

    Car c’est l’un des paradoxes du pays que Viktor Orban dirige sans partage depuis plus de dix ans: malgré sa volonté de favoriser une identité chrétienne mise à mal par le communisme, les Hongrois se disent majoritairement sans religion.

    Peu après son retour au pouvoir en 2010, Viktor Orban a modifié la Constitution pour y inscrire des références à Dieu, au christianisme et aux valeurs familiales traditionnelles. Parmi ses mesures les plus emblématiques sur le sujet, le gouvernement a investi de l’argent public pour rénover les églises et ouvrir des écoles confessionnelles.

    Une «conversion tardive mais sincère» de la part du dirigeant, selon Gyorgy Schopflin, un ancien député européen du Fidesz, le parti de Viktor Orban. «À la fin des années 1980 et au début des années 1990, il était moins attaché au catholicisme ou à ses propres origines calvinistes», explique-t-il.

    «Crétin» 
    S’il s’est tourné vers Dieu en prenant de l’âge, Viktor Orban n’en a pas pour autant prêté allégeance au Saint-Siège, avec lequel il assume croiser le fer. L’engagement de François pour les réfugiés lui a souvent valu d’être qualifié de «crétin» ou \d’imbécile» par les médias proches du gouvernement. Un élu du Fidesz l’a également surnommé le «pape Soros», en référence au philanthrope américain d’origine hongroise George Soros, une bête noire du Premier ministre.

    «Ce sont de faux croyants qui utilisent la religion comme propagande et dont les actes sont tout sauf chrétiens», commente Katalin Lukacsi, une ancienne membre du parti chrétien-démocrate, le partenaire de coalition du Fidesz. En 2017, elle a quitté cette formation, principalement en raison d’un «discours dégradant visant le pape». Elle jugeait son adhésion «désormais incompatible» avec sa foi catholique.

    Christianisme «instrumentalisé»
    Selon Balazs Gulyas, lui aussi catholique pratiquant et journaliste au magazine Magyar Hang, Viktor Orban «instrumentalise en fait le christianisme à des fins politiques». «La manière dont on traite les réfugiés est inhumaine et cela me fait honte d’entendre ceux qui sont au pouvoir dire qu’ils appliquent une politique chrétienne», dit-il alors que la Hongrie a été condamnée à plusieurs reprises pour violation du droit européen.

    Dans le même esprit affiché de défense des valeurs chrétiennes, le Premier ministre a récemment fait adopter une loi interdisant «la représentation et la promotion» de l’homosexualité auprès des moins de 18 ans, avec interdiction de vendre livres et autres produits aux abords des églises et écoles. Là aussi, il se distingue du pape François, certes en ligne avec la tradition de l’Église sur le mariage – considéré comme l’union entre un homme et une femme en vue de procréer -, mais qui a souvent reçu des personnes gaies, soulignant que «Dieu aime chacun de ses enfants».

    Rédaction avec AFP

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