On connaît Marie Brassard comme metteure en scène. On a oublié que celle qui a fait ses premières armes avec Robert Lepage est aussi comédienne. Mais aussi dramaturge, ou peut-être un mélange des trois et peut-être encore plus avec son amour de la musique, de la danse, des couleurs, le dessin, une artiste complète ou multidisciplinaire, bien que ces étiquettes sont à mon avis bien réductrices. Marie Brassard est encore bien plus. Avec Violenceprésentée à l’Usine C à partir du 10 mars prochain, Marie Brassard nous invite, presque en nous tenant la main, dans un voyage aux allures de conte, une méditation sur nous-mêmes, à la touchante et souvent lumineuse sagesse des enfants.
Marie Brassard a une longue histoire d’amour avec le Japon. Elle y est allée plusieurs fois, parfois pour de longs séjours. Elle suivait la tournée de La fureur de ce que je pense, d’après des textes de Nelly Arcand, et qu’elle a monté avec des comédiennes japonaises. Et c’est avec des artistes japonais.e.s entre autres Miwa Okuno, Kyoko Takenakacomme interprètes et Shingo Ota que Violence est née. Une collaboration qui sera présente sur scène par les images puisque la pandémie a eu raison de leur présence à Montréal. Et bien évidemment une équipe québécoise. «Je ne pourrais pas travailler toute seule, il faut que je partage avec les autres pour arriver à un résultat. Je me considère plus comme une cheffe d’orchestre», précise la dramaturge.
Rejointe en visioconférence, Marie Brassard reprend comme elle l’a expliqué dans plusieurs médias la toute petite étincelle à l’origine de ce spectacle. «Je revenais du Japon, et j’avais apporté un livre pour ma filleule qui avait deux ans et demi. Et devant un petit cercle lumineux qui apparaissait dans un ciel bleu d’un dessin, elle m’avait dit : « Regarde, on dirait une petite fleur japonaise qui n’est pas encore née », et je me suis demandée si les enfants n’avaient pas un savoir, une connaissance qui viendraient de très loin, et que nous, adultes, nous étoufferions pour les faire rentrer dans des cadres, des moules. De là le titre de Violence, cette première violence faite à l’enfance et qui pourrait induire toutes les violences futures que nous vivons. Je suis partie de cette interrogation pour imaginer Violence».
Le projet a pris plusieurs années, a pris des chemins de traverse au fil de ce que vivait Marie Brassard, de ses rencontres avec son équipe, pour articuler où la fureur du monde et ses bouleversements ne cessent de nous inquiéter et de nous questionner. «Je suis partie de l’idée de l’enfant mais pour aussi parler de la violence contre les personnes qui ne peuvent pas ou ne savent pas s’exprimer et qui souvent par manque d’éducation sont victimes du mépris, de l’exploitation, et que l’on retrouve aussi bien au Japon, en France qu’au Québec. Le mépris ou encore la pression sociale qui nous renvoie toujours comme image que, comme êtres humains, nous sommes inadéquats. D’où aussi un mal de vivre ou encore le fait que beaucoup perdent simplement le goût de vivre. C’est toute cette violence dont on ne parle pas, qui n’est pas reconnue», explique Marie Brassard.
Marie Brassard ne défend rien, ne milite pas, elle est simplement un miroir qu’elle nous fait traverser en nous racontant une histoire à partir de ses expériences, ses émotions et son regard singulier sur notre monde avec sensibilité et poésie.
INFOS | VIOLENCE de Marie Brassard à Usine C, Du 10 au 20 mars 2022 usine-c.com