Bien que deux ans se soient écoulés depuis la présentation du projet de loi en faveur de la légalisation du mariage homosexuel au Parlement, les députés thaïlandais n’ont toujours pas voté ce texte du fait de l’opposition du Premier ministre, Prayuth Chan-ocha, rapporte le journal japonais “Mainichi Shimbun”.
Contrairement à l’image gay friendly affichée à l’étranger, le mariage entre les personnes du même sexe n’est encore pas légal en Thaïlande. Afin de comprendre le pourquoi de cette dissonance, le journal japonais Mainichi Shimbun a interviewé Tunyawaj Kamolwongwat, l’une des quatre députées katoey, mot thaïlandais désignant les femmes transgenres, qui ont été élues en 2019.
En Thaïlande, la situation est contradictoire. «Signe de l’ouverture du pays aux minorités sexuelles, beaucoup de personnes LGBTQI sont actives dans des domaines comme celui de beaux-arts en affichant l’identité de genre dans laquelle elles se reconnaissent. Quant au gouvernement, il s’efforce d’attirer les visiteurs étrangers en faisant valoir le fait que les établissements de divertissement et d’hébergement du pays sont désireux d’accueillir les personnes LGBTQI étrangères», note le journaliste. «En Thaïlande, les communautés LGBTQI ne font pas l’objet de crimes discriminatoires», avance une association humanitaire au journal. «Les services et les offres médicales pour ces personnes sont même très développés.» Réalité qui contraste avec la situation politique du pays : le projet de loi pour la légalisation du mariage homosexuel, présenté au Parlement thaïlandais en juin 2020, n’a toujours pas été voté.
Opposition du Premier ministre
Selon Kamolwongwat, élue de la formation Kaow Klai (“Parti du progrès”), «c’est le Premier ministre, Prayuth Chan-ocha, chef de l’armée qui a orchestré le coup d’État de 2014, qui fait barrage au projet de loi. C’est pour éviter que les partis d’opposition [en faveur de la légalisation] ne gagnent en popularité», accuse-t-elle. Selon une étude réalisée par une organisation citoyenne en novembre 2021, 74 % des Thaïlandais sont favorables à une légalisation.
Afin de surmonter cet obstacle, Kamolwongwat a plaidé, en février dernier, pour la cause des minorités sexuelles à la Chambre basse du pays, lors d’une présentation du projet. «Ce texte rétablira les droits fondamentaux dont les personnes LGBTQI sont privées», a-t-elle martelé, en larmes. Cette scène, symbole de la frustration des Thaïlandais à l’égard de la contradiction du pays sur le mariage homosexuel, a été largement relayée sur les réseaux sociaux. «Un par un, les visages des gens qui m’ont fait part de leurs expériences douloureuses du fait des discriminations sont réapparus devant mes yeux», se rappelle la députée.
En ce qui concerne le texte, les députés thaïlandais sont toujours en train de l’examiner à la Chambre basse. Le mandat de la députée se termine en mars 2023, mais elle affirme : «Nous n’allons jamais abandonner l’espoir.» Si Kamolwongwat et ses soutiens réussissent à faire voter cette loi, la Thaïlande deviendra le deuxième pays à légaliser le mariage entre les personnes du même sexe en Asie après Taïwan.