Virginie Brunelle fait sa marque depuis une dizaine d’années dans le monde de la danse. Elle revient cette année avec une œuvre ambitieuse pour 12 danseurs et danseuses et un pianiste Live en poussant à l’extrême les émotions qui nous traversent dans nos relations les un.e.s avec les autres. Présenté en première mondiale au Lugano Dance Project (Suisse), Fables est une commande à laquelle la chorégraphe répond par une œuvre qui se penche sur le féminisme et sur les rapports encore difficiles, malheureusement, des femmes avec les hommes.
Bien sûr, Virginie Brunelle ne fait pas œuvre de militantisme ou ne cherche pas à délivrer un message. Elle part simplement de sa propre expérience en tant que femme, en tant qu’artiste pour mettre en lumière nos propres limites et comment elle se heurtent à celles des autres. Et si la chorégraphe est reconnue pour l’exigence de la maîtrise du geste, elle étend sa palette aussi bien vers la musique que par le travail du souffle et du son des danseurs et danseuses. «Je voulais sortir de ma zone de confort avec Fables et avait le désir d’un spectacle à grand déploiement explique Virginie Brunelle, je souhaitais que tout est du sens dans cette création, jusqu’aux costumes qui devaient avoir pour moi une valeur symbolique et êtres intégrés non seulement comme des éléments visuels mais prennent part à ce que je souhaitais dire dans ce spectacles».
Celle qui n’était pas destinée à la danse, mais à la musique, Virginie Brunelle a étudié le violon, souhaitait aussi présence d’un musicien sur scène, le pianiste Laurier Rajotte, qui a composé spécialement pour elle la musique de Fables. «Je voulais que l’on sente les différentes textures qui sous-tendent mon travail, la musique en est une toute aussi importante à mes yeux que les mouvements des danseurs et danseuses, que tout se tienne, continue Virginie Brunelle, que ce soit indissociable».

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Virginie Brunelle est toujours à la recherche d’une forme, à retravailler son vocabulaire chorégraphique et c’est avec beaucoup d’humilité qu’elle aborde cette quête. Il est question aussi de composer avec toutes les contingences que l’extérieur peut imposer et dont elle doit tenir compte. «Je pense et je ne pense pas être la seule qu’en tant que créateur nous sommes pris par des contraintes logistiques surtout quand on parle d’une création avec 12 danseurs et danseuses, tenus à des contraintes aussi budgétaires, et nous nous posons toujours la question à savoir, si cette dépendance incontournable à ces contraintes ne nuit pas à notre désir de création», ajoute la chorégraphe.
D’autant que le succès venant, les attentes sont toujours plus grandes et que la chorégraphe tient aussi à y répondre. En ce sens, Virginie Brunelle se sent toujours sur la brèche, un peu comme dans Fables, où tout peut s’effondrer mais où subsiste toujours ce besoin de croire, cet espoir d’un peu plus d’humanité qui passe souvent par une utopie salvatrice.
Fables peut être considérée comme une œuvre dérangeante, voire percutante, mais elle nous ramène aussi à nos rêves d’enfant quand tout était en devenir, donc possible, ces rêves que l’on continue de porter malgré l’inquiétude dans laquelle nous vivons.
INFOS | Fables de Virginie Brunelle, au Théâtre Maisonneuve, du 30 nov. au 3 déc. 2022
dansedanse.ca