Dimanche, 27 avril 2025
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    «M» de Marie Chouinard comme dans Mmmmmm…

    Début 2023, on aura droit à M, la toute nouvelle création de la chorégraphe Marie Chouinard, qui ne cesse de nous surprendre, puisqu’elle n’est jamais dans la répétition. Plus précisément, «M», en tenant la lettre longuement, serait l’un des premiers sons que l’enfant manifeste bien avant de s’approprier les autres phonèmes, ou encore les sons murmurés ou plus fortement exprimés auraient une résonance dans notre corps et dans la façon dont celui-ci se mouvait. Les créations de Marie Chouinard sont toujours surprenantes même si nous percevons si nous savons voir et écouter, sa signature, ce terreau fertile et jamais tranquille d’où chacune de ses œuvres est sortie.

    Sur scène, 12 danseurs et danseuses, défont le monde pour retrouver l’essence de notre relation à l’autre sur le principe que si tout finit, tout se reconstruit, dans un mouvement perpétuel que serait la vie. Sur le site de Danse Danse qui présente M, on lit dans les crédits que Marie Chouinard ne signe pas seulement la chorégraphie mais aussi les partitions vocales. «Tout part du son, ou des sons, nous confie la chorégraphe, et comment ceux-ci influent sur le corps, à partir des poumons jusque dans nos mouvements. On ne peut dissocier le son du souffle, et dans le travail avec les danseurs et les danseuses, nous avons exploré comment le souffle entraîne le mouvement et rechercher à ce que les mouvements correspondent le mieux possible avec les sons émis». En résulte une chorégraphie qui joue sur les micro-mouvements mais qui glisse rapidement vers une gestuelle plus élaborée le tout porté par ce souffle qui ne cesse de s’amplifier.


    «M» a été créé en plein cœur de la pandémie et comme le rappelle Marie Chouinard, cet intermède involontaire a permis à la nouvelle création de se peaufiner et de faire quelques ajustements avant le lancement à Montréal. «Contrairement à ce que l’on pourrait penser, j’ai bien aimé cette période de pandémie, je l’ai vécue comme un défi, entendre de voir ce que l’on pouvait créer avec des contraintes imposées par la situation, continue Marie Chouinard, tout peut être pour moi une source de stimulation même les situations difficiles et pénibles peuvent être porteuses à un moment donné de joie et de sérénité, il faut s’en servir et pour moi c’est dans le mouvement et dans la passion de la création qui m’amène ainsi à retrouver une joie, mais une joie sans raison, mais qui est fondamentale».

    La meilleure façon pour la chorégraphe ne pas s’enliser dans les doutes, qu’elle affirme d’ailleurs ne pas avoir, c’est de “foncer”, de bousculer nos rigidités mentales et de se réjouir de ce qui peut émerger alors de ce foisonnement, d’abondance de variations possibles. Cette exploration est sans fin et est source de plaisir dans la découverte.

    Photo © Hamza Abouelouafaa. Portait du danseur
    Jossua Collin Dufour (he/she/they)
    – Compagnie Marie Chouinard

    Joshua Collin Dufour est un jeune danseur qui fait partie de la compagnie de danse de Marie Chouinard depuis 2018. Il connaît bien le travail de la chorégraphe. Il sera bien évidemment de M. Pour celui qui se définit comme non-binaire, issu d’une minorité ethnique, sa rencontre avec Marie Chouinard a été déterminante. «Avant d’intégrer l’École de danse contemporaine de Montréal, j’étais plus dans le monde du hip-hop, avance Jossua, mais je ne voulais pas me contenter que d’un genre de danse, je voulais explorer, aller plus loin dans l’expression de moi-même par le mouvement. Et c’est ce que Marie Chouinard fait avec chacune de ses créations, comme d’ailleurs d’autres chorégraphes, on repousse nos propres limites et on découvre d’autres avenues. J’aime cette recherche d’un vocabulaire spécifique, et en dansant pour d’autres chorégraphes, je sais que je pourrais construire mon propre vocabulaire».

    Marie Chouinard ne s’est jamais soucié dans ses créations d’avoir une démarche féministe ou encore d’introduire la diversité parmi les danseurs et les danseuses, mais comme elle le reconnaît en regardant les nombreuses œuvres qu’elle a signées «Sans m’en rendre compte, ou disons sans en avoir une conscience aussi clair, on peut déceler une démarche féministe dans mon travail ou ouvert sur la diversité, mais je pense que cela fait tellement partie de moi que je ne me suis jamais posé la question avant chacune de mes créations, et on le voit bien, je crée avec chaque danseur et chaque danseuse sans me poser la question du genre».

    Pour Jossua Collin-Dufour, qui a connu comme jeune non-binaire et non-blanc, la discrimination, la danse n’est pas liée à une démarche revendicatrice mais libératrice, un espace dans lequel il peut être lui-même. «Je sais que mon parcours et mon travail déconstruisent les stéréotypes, aussi bien sur la question du genre que de l’orientation sexuelle, mais plus profondément et en amont de tout cela, être sur scène et danser c’est avant tout être ce que je suis, être à ma place où je n’ai plus à me poser ces questions».


    Peut-être un des autres bienfaits de la danse, de sortir des étiquettes, d’être un moment au-delà de tout ce qui nous oblige à nous définir, de n’être que dans l’instant présent au plus près de soi-même et par là des autres. En somme, Marie Chouinard nous offre chaque fois une leçon de vie, et nous fait toucher du doigt, selon elle, cette joie fondamentale qui serait en chacun de nous.

    INFOS | «M» de Marie Chouinard, dans le cadre de Danse Danse.
    Au Théâtre Maisonneuve, Place des Arts, du 31 janvier au 4 février 2023.
    www.dansedanse.ca

    Partenaire média : FUGUES magazine

    Le samedi 4 février 2023, «M» sera présentée avec audiodescription en direct à destination des spectateurs et spectatrices non-voyant·e·s et semi-voyant·e·s. En collaboration avec Danse-Cité.

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