Miura est doté d’un don surprenant : il a la capacité de lire dans les pensées. Comme il ne peut mettre hors service cette faculté, il doit donc exercer un contrôle absolu pour éviter de commettre un impair qui risquerait d’en révéler l’existence. Il lui est cependant difficile de départager ce qui lui a été dit de ce qu’il a lu. Il se tient donc toujours à distance jusqu’au jour où il croise Abe, un compagnon de classe, dont les pensées clament haut et fort le désir qu’il ressent à son endroit.
Que faire ? Miura est tout d’abord surpris par cette « déclaration », mais ne peut s’empêcher de demeurer circonspect. Après tout, il n’est pas censé être conscient des inclinaisons d’Abe et certaines expériences passées ne l’incitent pas à se rapprocher. Inéluctablement, il va trahir son don et ce sera la catastrophe.
Abe amorce alors une cour empressée. Mais Miura peut-il risquer de lui révéler son don ? Cela ne pourrait-il pas le transformer en monstre aux yeux de son courtisan ? Le jeune télépathe est habitué à jouer la comédie, comme s’il ne saisissait pas immédiatement les sous-entendus, les mensonges et les désirs des autres. Une fois son don révélé, il sera cependant impossible de revenir en arrière : devra-t-il porter le fardeau de devenir le petit copain parfait, à même de toujours répondre aux moindres besoins d’Abe, allant du plus banal au plus épidermique ?
Une prémisse fort intéressante que le manga de Medamayaki, dans une excellente traduction française d’Isabelle Eloy, explore avec adresse, n’hésitant pas à en disséquer les moindres enjeux. La conclusion en surprendra certainement plusieurs puisqu’une question fondamentale se dresse en filigrane tout au long du récit : que faire lorsque rien ne nous est inconnu de l’autre ?
INFOS | Practiced Liar / Medamayaki. Paris : Taifu comics, 2022, 150 p.
