Dans le paysage politique sud-africain, il est une créature rare. Chris Pappas, maire d’une petite ville située dans le KwaZulu-Natal, une province bastion de l’ANC, est un nouveau venu en politique qui détonne par son implication citoyenne, dans ce pays rongé par la corruption et l’impéritie. “The Economist” dresse son portrait.
Membre de l’Alliance démocratique, l’opposition officielle, dont le fief se trouve au Cap et ses alentours, Pappas n’est pas un homme politique ordinaire. Il est blanc dans une municipalité où 75% des habitants sont noirs. Il parle couramment le zoulou (or il est rare de trouver des blancs qui parlent des langues sud-africaines autres que l’anglais et l’afrikaans). Il a 31 ans, soit environ la moitié de l’âge moyen des ministres du pays. Et… il est ouvertement homosexuel.
Il y a un an, Pappas est devenu le premier maire Alliance démocratique à obtenir une majorité absolue dans une municipalité du KwaZulu-Natal. Son histoire est révélatrice de l’état de la politique sud-africaine mais aussi un signe encourageant pour l’avenir.
Au-delà des anciennes divisions
Les Sud-Africains votent encore largement en fonction de la couleur de la peau. Généralement, l’ANC remporte la majorité de l’électorat noir, alors que l’Alliance démocratique recueille la plupart des voix des deux principales minorités : les Blancs et les métis.
Pourtant, lorsqu’on demande aux Sud-Africains, quelle que soit leur origine ethnique, ce qui compte le plus pour eux, les sondages indiquent clairement qu’ils se préoccupent davantage de l’emploi, de la corruption, de la criminalité et des coupures d’électricité que des questions raciales.
Le succès de Pappas et de son adjoint (noir), Sandile Mnikathi, montre que les énormes dégâts causés par les politiciens passés sont réversibles. Jusqu’à son arrivée, la municipalité n’avait jamais eu un budget excédentaire. Comme la plupart des gouvernements locaux gérés par l’ANC, sa gestion des comptes avait au contraire été épinglée par l’organisme chargé de contrôler les finances publiques.
Depuis son élection, Pappas a redressé les comptes en gelant les embauches et en arrêtant les projets pharaoniques. “Il y aura beaucoup moins d’inaugurations en grande pompe pour faire plaisir aux politiques”, a déclaré Pappas aux élus de la province. Ce qui libère des fonds pour d’autres projets.
Pappas veut par exemple attribuer des emplois, comme l’entretien des espaces verts, à des habitants. C’est une mesure qui peut paraître basique, mais elle court-circuite les pratiques de l’ANC, qui a tendance à octroyer des appels d’offres très généreux à ses amis, des entreprises qui ne sont souvent même pas implantées localement, en échange de pots-de-vin. La municipalité essaye également d’aider les plus pauvres, par exemple en plus de foyers éligibles à la gratuité de l’électricité.
La personnalité politique de Pappas n’a rien d’extraordinaire. Mais pour lui le simple fait de tenir ses promesses est vital dans une démocratie aussi jeune. “Les Sud-Africains ne croient plus que la démocratie peut changer les choses”, dit-il.
Sources : The Economist