Jeudi, 6 février 2025
• • •
    Publicité

    Jeune, lesbienne, féministe : Elly Schlein est la nouvelle leader de l’opposition italienne

    Le 26 février dernier, les primaires ouvertes du Parti démocrate ont donné la victoire à Elly Schlein, une jeune femme de 37 ans encore inconnue du grand public il y a quelques années. Son élection constitue un véritable virage à gauche pour le plus grand parti d’opposition à Giorgia Meloni.

    «Une surprise qui se nomme Elly». C’est avec ce titre qui trône sur sa première page que le principal journal de gauche italien, La Repubblica, salue l’arrivée d’Elly Schlein à la tête du Parti démocrate (PD). Et en effet, la victoire de cette députée de 37 ans aux primaires du plus important parti progressiste du pays était difficilement prévisible.

    Opposée au président de la région Émilie-Romagne, Stefano Bonaccini, Schlein ne partait pas gagnante, surtout compte tenu de la victoire de son rival au premier tour de ce scrutin où votaient seulement les inscrits au parti. Mais voilà, la deuxième manche des primaires du PD, ouvertes à tous cette fois, a déjoué les pronostics en donnant la victoire à Schlein qui, dimanche 26 février, a devancé Bonaccini, remportant 53,8 % des suffrages contre 46,2 %.

    Une fois les résultats connus, dans la nuit, la tout juste élue a promis une opposition dure à l’exécutif, affirmant que le PD deviendrait «une véritable épine dans le pied pour le gouvernement Meloni».

    Voilà qui n’est pas difficile à croire, tant le profil d’Elly Schlein tranche avec celui de la Première ministre, observe le quotidien romain“Dans le panorama politique italien, il n’y a pas une femme qui soit autant à l’opposé de ce qu’incarne Meloni”, affirme le journal progressiste.

    Là où la Première ministre est issue d’un quartier populaire de Rome, «Schlein est née en Suisse [où elle a grandi jusqu’à ses 18 ans], de deux parents professeurs d’université. Elle a un frère, Benjamin, qui enseigne les mathématiques à l’université de Zurich, et une sœur, Susanna, diplomate à l’ambassade d’Athènes.»

    D’Obama à l’Émilie-Romagne
    Un passé plus international donc, qui se voit aussi dans son premier engagement politique “en 2008, lorsqu’elle a participé comme volontaire à la campagne électorale de Barack Obama”, rappelle de son côté Il Post.

    Autre élément qui la distingue du conservatisme de Giorgia Meloni, son engagement féministe et pour la cause LGBTQI«Schlein elle-même a déclaré être amoureuse d’une femme», note le site d’information.

    Mais les positions de celle qui a été vice-présidente de la région Émilie-Romagne ne se limitent pas à la sphère des droits civiques.

    Comme le note Il Manifestocette position s’est manifestée lors du «discours de victoire de Schlein, qui a eu comme thème principal le travail», le quotidien communiste relayant un extrait de celui-ci :

    «Nous allons être ce parti qui ne s’arrêtera pas avant d’avoir posé une limite au précariat ou aux contrats à durée déterminée. On ne s’arrêtera pas jusqu’à l’abolition des stages gratuits et jusqu’à l’obtention d’un salaire minimum.»

    Des batailles qui n’ont pas toujours été au cœur de l’action du PD dans cette dernière décennie, ce qui a poussé Schlein à quitter le parti pendant de nombreuses années, pour ne le réintégrer qu’en 2022. Un long divorce qui souligne à quel point sa désignation comme secrétaire marque une rupture nette avec le passé.

    «Un cyborg de la bien-pensance»
    Paradoxalement, si, du côté de la presse de gauche, on se réjouit de la victoire de Schlein, la presse de droite en fait autant, convaincue que la nouvelle secrétaire du PD n’est qu’un produit de l’élite intellectuelle progressiste, qui sera incapable de peser dans les urnes.

    «Avec la défaite de Bonaccini, les démocrates déplacent encore davantage leur centre de gravité des périphéries aux centres-villes, un transfert qui avait déjà eu lieu électoralement, mais pas encore complètement dans le leadership», se moque Il Giornale.

    «De ce point de vue, la nouvelle secrétaire est un parfait concentré de cette gauche de salon, convaincue de sa supériorité culturelle. Elle est une sorte de cyborg de la bien-pensance, qui représente une parfaite assurance sur la vie du gouvernement de centre droit.»

    Reste qu’il s’agissait là de primaires, et, légitimement, «les électeurs du PD ont choisi avec Schlein de se donner une nouvelle identité», conclut le média de gauche Domani : «Si ce choix donnera lieu à une héroïque défaite ou à une surprenante renaissance, c’est encore trop tôt pour le dire.»

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité