FTA 2023 : le territoire, les racines, la diversité, retour sur la programmation

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CRÉDIT PHOTO : encantado sammi-landweer

Qu’on se le dise, le FTA nous donne, par sa programmation, une définition simple et accessible à toustes de ce que signifie l’intersectionnalité. Le théâtre, la danse et parfois les deux ensemble, bien évidemment, mais aussi des spectacles proches de la performance. Et toustes y sont convié.e.s, aussi bien des proches comme des plus éloigné.e.s d’un point de vue géographique. C’est aussi un grand métissage avec des projecteurs sur l’expression artistique de cultures encore trop inconnues dans notre petit continent nord-américain. Et chacun et chacune y trouve sa place, les plus jeunes comme les moins, les genré.e.s comme les non-binaires et, bien sûr, on nous fait aussi entendre (et voir) des femmes qui osent, qui s’affranchissent.

Les deux codirectrices du FTA, Martine Dennewald et Jessie Mills, ouvrent une immense fenêtre sur notre monde, « sur l’élargissement des territoires comme un fil rouge pour découvrir des savoirs méconnus, des cultures qui sont inscrites dans ces territoires », selon Martine Dennewald.

Danse
Le FTA voyage et fait voyager des compagnies qui nous viennent d’aussi loin que la Norvège, le Zimbabwe, le Chili, l’Irlande ou tout simplement du Canada et du Québec. The Answer is Land a été choisi comme spectacle d’ouverture, avec la découverte des chants du peuple sámi, une région nordique située entre la Norvège, la Suède, la Finlande et la Russie. La chorégraphe sámi, Elle Sofe Sara, s’inspire du chant traditionnel, le joik, mais puise aussi dans le répertoire contemporain et s’entoure de trois chanteuses et de quatre danseuses autochtones. Plus au sud, c’est la culture amazighe* qui est à l’honneur avec Libya du chorégraphe marocain, Radouan Mriziga, mettant en scène huit interprètes qui tentent de se réapproprier l’héritage de cette culture, une quête sans fin. Plus au sud encore, comment passer à côté de la chorégraphe zimbabwéenne, Nora Chipaumire, dont le travail est reconnu internationalement. Nehanda est une pièce-fleuve, transdisciplinaire, portée par des musiciens et des chanteuses afrodescendant.e.s. où il est question des grandes figures féminines qui ont lutté contre l’Empire britannique. Enfin, le Brésil débarque sur scène avec Encantado de la chorégraphe brésilienne, Lia Rodrigues. Créée au moment de la pandémie de COVID-19, la chorégraphe s’est interrogée sur la manière d’« enchanter nos peurs ».
 
Sur l’Esplanade Tranquille, la chorégraphe et artiste londonienne, Dana Gingras, en collaboration avec la compagnie de danse multimédia Animals of Distinction et le United Visual Artists basé à Londres, présentera Création-Destruction. Le titre dit tout puisque l’histoire de l’humanité est marquée par ces deux forces omniprésentes. Onze danseurs et danseuses évolueront dans un univers d’installations vidéo.

Théâtre
Comment ne pas commencer la portion théâtre sans mettre l’accent sur l’adaptation théâtrale du dernier roman de Larry Tremblay, Tableau final de l’amour, une inspiration libre de la vie du peintre Francis Bacon, dont l’œuvre reste un cri de résistance et une ode au corps. Mise en scène par Angela Konrad, la pièce sera portée par les comédiens Samuël Côté et Benoit McGinnis. Anne-Marie Ouellet s’est quant à elle emparée du texte de Marguerite Duras, La maladie de la mort, pour une expérience quasi extatique et esthétique avec White Out. Certain.e.s se souviennent de Post humains, de Dominique Leclerc, présenté il y a quatre ans. L’artiste nous revient avec une pièce plus intimiste, i/O, sur la fragilité de l’humain en relation avec l’envahissement des technologies censées nous rendre plus heureux. Quittons le Québec pour le Nunavuk, avec Qaumma (qui signifie « lumière » en Inuktitut) de l’artiste inuk Laakkakuluk Williamson Bathory et son complice Vinnie Karetak, qui abordent dans leur travail les déplacements forcés de leurs ancêtres.
 
Place aux artistes afrodescendant.e.s. Créé en 2014 et porté par la chorégraphe américaine Okwui Okpokwasili, le spectacle Bronx gothic est repris par la danseuse Wanjiru Kamuyu, qui investit à sa façon ce solo à mi-chemin entre la danse et l’installation, qui traite de grandir dans une Amérique dominée par les personnes blanches quand on est une
adolescente noire.
 
Le collectif inclusif australien Back to Back Theatre aborde, avec The Shadow Whose Prey the Hunter Becomes, une vraie-fausse réunion publique où sont discutés des grands sujets de l’heure comme les droits de l’homme, la politique sexuelle ou encore la domination de l’intelligence artificielle. Enfin, est-ce que le numérique sauvera notre mémoire ? L’artiste chilien, Mauro Vaca Valenzuala, s’avance avec un documentaire biographique intitulé Reminiscencia, dans lequel il s’intéresse à ce que deviendra notre mémoire à l’heure du virtuel.
 
L’artiste argentin Tiziano Cruz présentera quant à lui Soliloquio, à ne pas manquer. Il sera en entrevue dans le numéro de Fugues du mois de mai prochain.
 
Petite mise en garde, au moment d’écrire ces lignes, certains spectacles sont en cours de création et les infos n’étaient pas encore disponibles.

* Les Sámi sont connus souvent sous le vocable « Lapons » qui est péjoratif.
** Le terme « Amazigh » est préférable à celui de « Berbère ». 

INFOS | https://fta.ca
Du 24 mai au 8 juin 2023

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