Vendredi, 17 janvier 2025
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    Des inégalités vous dites?

    J’en ai marre de me faire dire que discuter des inégalités hommes-femmes est d’un autre temps. Parce qu’à force de jouer à l’autruche sur le sujet, les dites inégalités persistent, sous notre nez. Les sentez-vous?

    Certains font la sourde oreille. Pourtant, c’est évident, comme le nez au milieu du visage. Il y a même une certaine Taylor Swift qui le chante à s’époumoner sur sa chanson The Man. (Je vous suggère son excellent clip, qu’elle a d’ailleurs réalisé et dans lequel elle joue un homme, sous ses prothèses faciales et ses habits). Espérons que la jeune génération qui assiste à ses concerts The Eras Tours ne fera pas la sourde oreille. Cette chanson de Swift se retrouve d’ailleurs au générique du documentaire Girls State (2024, réalisé par Amanda McBaine et Jesse Moss), où l’on y découvre un programme politique donné aux jeunes filles dans le Missouri aux États-Unis.

    Ces jeunes femmes leaders et branchées issues de différents milieux plongent avec ferveur dans cette expérience immersive de construire un gouvernement. On veut les préparer à s’intéresser à la politique; les entendre parler de l’avortement, de Roe v. Wade et autres sujets qui les concernent, est fascinant. Puis, on apprend rapidement que le Boys State (qui a aussi fait l’objet d’un documentaire quatre ans auparavant) est quant à lui beaucoup mieux financé et respecté, car ce sont les (réels) leaders de demain. Ce qui agace le plus ces adolescentes? Les injustices! On dit aux jeunes filles du Girls State quoi porter et qu’elles doivent se promener en binôme pour leur propre sécurité, alors que du côté du Boys State c’est la liberté. Belle démocratie.

    Parlant de deux poids, deux mesures, prenez la série documentaire America’s Sweethearts : Dallas Cowboys Cheerleaders (2024). À travers 7 épisodes, on suit le parcours de jeunes femmes qui rêvent de devenir cheerleaders pour le prestigieux club de la NFL le Dallas Cowboys au Texas. Depuis les auditions, jusqu’au camp d’entraînement et la saison régulière de la NFL, on suit les jeunes femmes qui tentent d’obtenir (et de garder) une place convoitée dans l’équipe. Sous le couvert d’une (fausse) solidarité, on invite ces jeunes femmes à créer une équipe. Dans sa recherche de l’excellente, l’équipe de sélection se justifie en écartant certaines filles en fonction de leur apparence physique. Qui plus est, une fois qu’elles ont suivi la formation et lorsqu’elles essaient l’uniforme, elles peuvent être
    rapidement remerciées, selon la taille de leurs seins, leurs fesses, leur poids, etc.

    Cette critique physique, au sein d’un sport basé sur l’apparence surprend peu. En revanche, ce qui surprend c’est que ces athlètes (au-delà leur maquillage et leur costume), doivent faire preuve d’un dévouement sans vergogne, alors qu’elles sont loin d’être rémunérées selon leurs efforts, leur temps de pratique, ou encore selon les risques physiques qu’elles assument (plusieurs se retrouvent en chirurgie – hanche, genoux, etc.- alors qu’elles n’ont même pas 30 ans). Les femmes de la série sont infirmières, avocates, étudiantes, etc. Puis, le soir, elles s’entrainent pour participer au championnat. Tout cela en étant peu rémunéré parce que « c’est prestigieux d’être cheerleader pour le boys club… » Selon les sources, on paye les jeunes filles de 12$ à 20$ de l’heure pour les pratiques et 400$ à 500$ pour les parties (et c’est la ligue de la NFL qui paie la mieux…) Pendant ce temps, les joueurs de la NFL sont payés des millions de dollars. En 2024, Dak Prescott signe une extension à son contrat au coût de 240 millions de dollars jusqu’en 2028. Au top, une cheerleader est payée 70 000$ et doit retenter le coup chaque année, en plus de travailler de 9 à 5. Belle équipe égalitaire!

    Bien sûr, lorsqu’on regarde au niveau mondial, les petites histoires américaines d’égalité entre les sexes semblent bien dérisoires en comparaison avec d’autres pays. Prenons les nouvelles lois concernant les femmes afghanes. Désormais privées de leur droit à l’éducation, les femmes doivent se couvrir complètement le corps en public, y compris leur visage. Qui plus est, on ne doit pas entendre parler ou chanter les femmes en public. Bref, si vous vous promenez à Kaboul, vous verrez dans les rues des hommes et des fantômes…

    Devenant l’ombre d’elles-mêmes, les femmes y sont condamnées. Le gouvernement taliban, sous le couvert du ministère de la Propagation de la vertu et de la prévention du vice, prive la moitié de la population de ses droits humains fondamentaux. Les femmes sont assimilées à des animaux, des esclaves des temps modernes (quoique leurs lois barbares n’ont rien de moderne)! Recluses à la sphère domestique, elles doivent tout faire pour l’homme et sont prisonnières (esclaves domestiques et sexuelles) d’un régime qui vénère l’homme et considère les femmes comme des objets. Ironique si l’on considère que ce sont ces femmes qui « portent » les progénitures des hommes.

    Avoir si peu de respect pour le droit des femmes, c’est finalement avoir peu de respect pour soi-même. Et ce, au nom de la « foi »… « Un oiseau peut chanter à Kaboul, mais une jeune fille, une femme, ne peut le faire en public », comme le soulignait tristement Meryl Streep. Si le sujet vous intéresse, le journaliste et romancier français Kamel Daoud, vient de publier le livre Houris, finaliste au prix Goncourt. Dans cet ouvrage, qui relate l’histoire d’une jeune femme muette dans la vingtaine, Daoud condamne notamment « la complaisance envers la misogynie des islamistes, qui fait des ravages dans la société algérienne » (1).

    Cela dit, l’occident n’est guère mieux. Prenez ce fait divers (et incroyablement tragique) où un homme
    aujourd’hui septuagénaire a drogué sa femme durant son sommeil, puis a invité des dizaines d’hommes à la violer, et ce, pendant près d’une décennie. Aujourd’hui l’agresseur et les cinquante autres plaident coupables devant un tribunal français. (2) Ceci est l’histoire horrible de Gisèle Pelicot, mais combien d’autres histoires de la sorte demeurent sous le silence?

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