Le rapport du comité des sages a été rendu public le vendredi 30 mai. La réaction de Chris Bergeron (publicitaire et romancière Québécoise, qui a aussi travaillé comme journaliste une douzaine d’année) en forme de publication sur sa page LinkedIn véhicule un message qui résonne fort et rappelle combien il est essentiel d’écouter et de donner la parole à celles et ceux qui vivent ces réalités au quotidien. Sa réaction sur ce rapport du comité des sages ? «Rien sur nous sans nous»…
Aujourd’hui le gouvernement du Québec a rendu public le rapport du Comité des sages sur l’identité de genre. Un rapport volumineux, qui prétend éclairer un débat social devenu, selon ses auteur·es, « polarisé ». Un rapport qui, paradoxalement, ne donne aucune voix réelle aux personnes trans. Pas un seul membre du comité ne s’identifie comme transgenre ou non binaire. Aucun.
Comment parler de nous sans nous ? Comment prétendre « faire la lumière » quand on ne voit pas celles et ceux qu’on exclut du cercle des décideur·ses ? Quand on prétend écouter tout le monde — y compris ceux qui nient notre droit d’exister — au nom d’un « dialogue équilibré » ?
Je suis trans. J’ai marché à contre-courant toute ma vie. J’ai survécu aux silences, aux regards détournés, aux demi-sourires. Je sais ce que ça coûte d’affirmer qui on est. Je sais aussi que notre simple existence dérange les systèmes établis.
Ce rapport prétend défendre le vivre-ensemble. Mais il fait l’erreur fondamentale de mettre sur le même pied l’exclusion et la revendication de droits. De présenter la souffrance des personnes trans comme un « point de vue » parmi d’autres. De donner une tribune à des discours qui, sous couvert de prudence, relèvent d’un conservatisme dangereux, alimenté par la peur et l’ignorance.
Je ne dis pas que nous ne devons pas débattre. Mais on ne débat pas de l’humanité des gens. Pas plus qu’on ne débat de leur droit à la dignité, à la sécurité ou à des soins adaptés.
Ce rapport pourrait devenir un outil pour freiner des avancées, retarder des transitions vitales, légitimer les doutes, les « hésitations », les politiques d’attente. En ce sens, il ne fait pas que nous invisibiliser — il nous met en danger.
Je pense à chaque jeune trans qui lit ce rapport, ou les manchettes qui en découlent, et qui se demande s’il a le droit d’exister. Je pense à leur famille, à leurs ami·es, à celles et ceux qui les aiment. Je veux leur dire : vous n’êtes pas seul·es. On est là. On continuera de parler. De créer. D’aimer. D’exister.
Parce qu’au bout du compte, ce ne sont pas les « sages » qui écrivent l’avenir. Ce sont celles et ceux qui osent rêver à une société plus juste, plus inclusive, plus humaine. Et moi, je continue d’en rêver. Pour nous. Avec vous.
CHRIS BERGERON
Source : https://www.linkedin.com

