Mercredi, 15 octobre 2025
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    Les Archives lesbiennes s’exposent au MEM

    Dès le 25 juin, l’exposition « Pour que nos mémoires vivent! Sur les traces d’une histoire lesbienne à Montréal » sera présentée gratuitement au Centre des Mémoires montréalaises (MEM). Réalisé en collaboration avec le MEM, cette exposition des Archives lesbiennes du Québec promet de sortir de l’ombre les réalités lesbiennes, de l’âge d’or du lesbianisme dans les années 80, jusqu’à aujourd’hui. Entrevue avec Lorine Dumas-Svanella et Louise Turcotte.

    La genèse de cette exposition débute par un concours de circonstances, inspiré du 40e anniversaire des Archives lesbiennes, explique Louise Turcotte, militante de longue date, impliquée au sein des Archives depuis belle lurette. « Le MEM a eu une vingtaine de propositions dans lesquelles il devait en choisir trois. Le MEM nous a choisi, notamment, car les Archives lesbiennes, il n’en avait jamais entendu parler! Sans conteste, les Archives furent surprises d’avoir été choisies pour « s’afficher » sur la place publique, appuie Louise.

    Ainsi, Lorine Dumas-Svanella, jeune militante française installée depuis quelques années à Montréal, ayant collaboré avec les Archives et les Éditions sans fin, fut embauchée pour chapeauter le projet. « En fait, on est parti de l’exposition du 40e, mais on l’a mûrie, étoffée, plus réfléchie. C’est un aperçu de l’histoire des lesbiennes à Montréal, en particulier de la communauté francophone qui s’est formée sur le Plateau Mont-Royal au début des années 80, et qui a été qualifiée d’âge d’or du lesbianisme avec la création de plein de lieux, qu’ils soient commerciaux, artistiques, communautaires, bref, des initiatives qui y sont nées.

    Une des revues lesbiennes créées à Montréal au début
    des années 1980. Source : Archives lesbiennes du Québec.

    Enfin, il y avait vraiment une convergence d’énergies lesbiennes ». On y présente donc les lieux et évènements importants, avec une cartographie murale, ainsi que des affiches, photos, vidéos explicatives, des émissions de radio (dont Lesbo-sons et Interférences lesbiennes) sans oublier des artefacts, revues à feuilleter, explique Lorine.

    « On suit aussi cette communauté dans les années 90, et la naissance de nouvelles générations lesbiennes, donc du coup de nouvelles luttes, de nouveaux lieux, la naissance du Village. Il y a aussi, dans la dernière partie, un focus sur le travail de valorisation qui a été fait par rapport à cet héritage par les Archives lesbiennes, depuis la création du dernier collectif en 2016. Il y a des périodes plus documentées que d’autres, mais ça couvre vraiment une période large, soit quatre décennies, de la création jusqu’à aujourd’hui ».

    Cela dit, lorsque l’aventure de l’exposition a débuté, les Archives se sont retrouvées en face d’une lacune récurrente, soit le manque de photos pour illustrer le propos, explique Louise : « À l’époque, tu sais, on n’avait pas les réflexes de maintenant avec les téléphones intelligents pour documenter les événements… celles qui prenaient des photos, c’étaient les photographes qui venaient… »

    Ainsi, elles sont allées chercher l’aide de Suzanne Girard qui a fait partie du groupe Plessisgraphe (dont les archives seront conservées au Musée McCord) et Marik Boudreau, membre du Plessisgraphe, également. « J’ai contacté Suzanne en lui expliquant le projet et elle a été absolument généreuse, elle a accepté de nous donner des photos pour l’exposition. Elle a des milliers de photos, mais notre expo était vraiment concentrée sur les années 80-90, sur le Plateau, car notre volonté c’était de parler du Village des lesbiennes qui était le Plateau Mont-Royal, à l’époque. Pour Marik, on tenait beaucoup à une photo qui était difficile à avoir sur la manif de 83, parce qu’on a encore, aux Archives, la bannière du contingent qui avait 400 lesbiennes le 8 mars 83 et nous allons l’exposer. Écoute une bannière datant de 1983 qui a été mise sur tissus, de 12 x 24 pieds sur le mur! C’est magnifique, avec le grand mot 
    LESBIENNE dessus! » Mentionnons aussi l’apport du Réseau Vidé-Elle créé par Suzanne Vertu et Diane Heffernan qui célèbrera d’ailleurs son 50e anniversaire pour l’occasion. Qui plus est, le documentaire Lesbiana : Une révolution parallèle de Myriam Fougère fera aussi l’objet d’une présentation spéciale durant l’exposition. Il en est de même pour la Chorale lesbienne. Bref, il y aura maintes activités organisées parallèlement à l’exposition pour sortir de l’ombre la communauté et les initiatives lesbiennes. Plusieurs lesbiennes connues de la communauté ont collaboré à cette exposition, mentionnons notamment Diane Trépanière, Sophie Picard et Josette Bourque. Qui plus est, l’exposition vise également à générer le dialogue entre les diverses générations de lesbiennes, explique Louise : « Ce qu’on vise, effectivement, c’est d’essayer de faire comprendre aux jeunes qu’est-ce que ça voulait dire d’être lesbienne à cette époque-là, parce que les lesbiennes ont une histoire. »

    Cette journée de visibilité lesbienne, une des premières au monde, pose les
    fondations d’une communauté en train de se former. Source : Archives lesbiennes du Québec.

    D’ailleurs, puisque Louise et Lorine sont des lesbiennes de différentes générations, terminons avec la question qui tue, soit « le plus grand enjeu pour les lesbiennes de votre génération respective ? ». Débutons par la réponse de l’aînée, Louise : « Ça, c’est une grande question! Je pense que, pour ma génération, avec toutes les activités que les Archives ont faites et qui ont remis ensemble les lesbiennes qui ont vécu ces années-là, c’est tellement important de faire voir et de faire comprendre quel était notre esprit à ce moment-là! De transmettre aux jeunes tout simplement, même si le problème c’est qu’elles ne s’identifient plus beaucoup avec ce terme-là. Maintenant, c’est pour ça que celles qui veulent s’identifier dans le mouvement queer ont choisi le terme lesbo-queer, donc, effectivement, tu fais cette identification comme lesbienne, mais dans un mouvement queer, alors que nous, à l’époque, on était lesbiennes dans un mouvement féministe et dans un mouvement lesbien, et dans un mouvement anglais c’était une autre façon de s’exprimer à l’époque. »

    Et Lorine d’enchainer : « Le terme lesbo-queer c’est quand même assez spécifique au Québec, ou en tout cas au Canada, et peut-être du coup un peu à l’Amérique du Nord parce qu’en France, à ma connaissance, le terme n’est pas utilisé. J’ai l’impression que ces dernières années, en France, il y a quand même eu cette revalorisation du terme lesbienne, avec plus de lesbiennes qui s’identifient comme telles et qui en font un geste politique, donc il y a un écho aux années 70-80 où ce terme était très valorisé.

    PHOTO : Le Bar Des pomts de Paris dans les années 1980 Photo Suzanne Girard

    Par rapport à l’exposition, je trouve que c’est hyper important justement que des lesbiennes d’une autre génération, plus jeunes, aient accès à cette histoire-là parce que du coup c’est accessible à un plus grand nombre et je trouve que c’est important pour les lesbiennes plus jeunes de connaître leur histoire. » Qui plus est, l’histoire favorise le dialogue. « Oui, je pense que c’était ça le but aussi », appuie Louise qui cite l’époque de l’École Gilford comme sa plus mémorable mémoire lesbienne montréalaise, « c’est de faire connaître l’histoire aux jeunes lesbiennes, sans oublier qu’il faut être quand même pédagogique et accessible dans l’approche, parce que c’est aussi une exposition pour le grand public ».

    Ainsi, 42 ans après la création des Archives lesbiennes Traces, les Archives lesbiennes du Québec vous invitent à explorer, à partir de leur fonds documentaire, la riche et dynamique histoire de la communauté lesbienne d’ici. Une façon pour la communauté, mais aussi pour le grand public de (re)découvrir comment s’est façonnée l’identité lesbienne montréalaise. Et ce, en attendant la tournée des Archives lesbiennes en régions! 

    INFOS | L’exposition gratuite au Centre des Mémoires montréalaises (MEM), 1210 boulevard Saint-Laurent à Montréal, se déroulera du 25 juin au 12 octobre 2025. Plus d’informations : https://memmtl.ca/programmation/histoires-lesbienne L’inauguration se tiendra le jeudi 26 juin à 18h. Évènement Facebook : https://www.facebook.com/share/15sSrARpHA/

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