Si de belles initiatives sont au menu de cette 38e édition d’image+nation, Kat Setzer, à la direction de la programmation, ne cache pas son excitation à l’aube du 40e anniversaire du plus vieux festival de cinéma queer actif au Canada. Du 20 au 30 novembre, on promet dix jours de célébrations uniques d’images de nous-mêmes au cinéma, avec une programmation riche et diversifiée. De plus, une sélection de films sera disponible en ligne du 1er au 7 décembre.
« Si nous devons conserver notre énergie pour les 40 ans du festival et faire les choses en grand — car nous avons déjà commencé la planification —, la 38e édition s’annonce déjà impressionnante », souligne celle qui célèbre cette année ses 25 ans de carrière au sein du festival.
Mode hybride : en salles, puis en ligne
« Parce que je sais que c’est assez rare maintenant, nous restons un festival hybride, cette année encore », annonce d’entrée de jeu Kat.
Les films seront donc présentés exclusivement en salles du 20 au 30 novembre, puis, à l’issue du festival en présentiel, une édition virtuelle prolongera l’expérience de quelques jours. Ce format permet non seulement à un public régional ou à des cinéphiles qui ne peuvent se déplacer de visionner les films dans le confort de leur salon, mais aussi aux spectateurs les plus assidus de découvrir des œuvres qu’ils n’ont pas eu le temps de voir, ou de revoir les lauréats des prix du jury et du public.
La série I+N CONNEXE
Une nouveauté cette année : la Soirée étudiante du 21 novembre, consacrée à des courts métrages réalisés dans le cadre d’études collégiales et universitaires. « J’ai visionné leurs films, et leur travail est vraiment impressionnant. Ils ont fait un gros travail de sensibilisation, sans compter que c’est axé sur les productions québécoises », souligne Kat. Une occasion unique pour le public de découvrir la nouvelle vague du cinéma québécois, et pour les jeunes cinéastes de voir leurs créations sur grand écran — et de réseauter!
Cette activité pour la relève s’inscrit dans la série I+N CONNEXE, qui regroupe diverses activités « en conversation » avec les cinéastes d’IN38, à l’Espace ONF (Office national du film du Canada), un lieu idéal pour les projections et les discussions. Dans cet esprit, l’initiative StoryLab sera également de retour. « Notre projet de mentorat en scénarisation propose un groupe de réflexion sur la création queer contemporaine, tout en fournissant un espace pour apprendre, grandir et encourager la prise de parole, afin d’aider les créateurs et créatrices à raconter leurs histoires queer », explique Kat.
Du long au court : une programmation diversifiée
Le film d’ouverture sera Blood Lines, une œuvre indigiqueer de la réalisatrice métisse Gail Maurice (en entrevue dans cette édition du magazine). Le film raconte l’histoire d’une mère et de sa fille métisse qui tentent de surmonter un passé trouble, alors que leur monde bascule lorsqu’une mystérieuse jeune femme fait irruption dans leur vie. Une romance homosexuelle métisse portée par l’actrice Dana Solomon, une véritable révélation.
Ce second long métrage de la réalisatrice originaire de la Saskatchewan marque sa deuxième présence marquante à image+nation, après Rosie (2022), qui avait ouvert la 35e édition. Cette année, une large place est accordée au cinéma autochtone indigiqueer, précise Kat : « C’est l’un des axes que nous voulions mettre de l’avant cette année, et nous avons quatre longs métrages indigiqueer bispirituels : trois fictions et un documentaire, tous en provenance du Canada. »
Mentionnons At the Place of Ghosts, réalisé par Bretten Hannam (de la communauté mi’kmaq de Nouvelle-Écosse), dont le film Wildhood avait ouvert le festival en 2021; la comédie dramatique musicale Starwalker, du réalisateur Corey Payette (Colombie-Britannique); et le documentaire Rising Through the Fray de Courtney Montour, qui suit Indigenous Rising, la première équipe de roller derby à représenter plusieurs nations autochtones à la Coupe du monde. Petite surprise : « Nous avons invité plusieurs membres de l’équipe de roller derby pour rendre l’événement encore plus festif », confie Kat.
D’autres heureuses surprises
Le plus récent film de Léa Pool, On sera heureux, sera présenté à IN38, accompagné d’une discussion avec la réalisatrice et le dramaturge Michel Marc Bouchard, scénariste du film. L’acteur Mehdi Meskar y incarne Saad, un homosexuel marocain réfugié au Canada.
Parmi les coups de cœur de Kat, mentionnons Jimpa de Sophie Hyde, un film du Royaume-Uni porté par les superbes performances d’Olivia Colman et John Lithgow dans une histoire intergénérationnelle poignante. « L’histoire tourne autour d’Olivia Colman et de John Lithgow, qui joue un homosexuel flamboyant, grand-père de l’enfant d’Olivia, qui vient de faire son coming out en tant que personne non binaire. C’est une approche très rafraîchissante du partage intergénérationnel », résume Kat.
Autres suggestions : le film américain Plainclothes de Carmen Emmi, et le film espagnol Maspalomas, d’Aitor Arregi et Jose Mari Goenaga, « important, à mon avis, parce qu’il met en scène un homme gai de 80 ans et aborde ce qui se passe lorsqu’un problème médical vous conduit en maison de retraite ».
Kat recommande aussi le film américain Outerlands d’Elena Oxman, sur la non-binarité, ainsi que le film britannique The History of Sound d’Oliver Hermanus. Côté documentaire, « nous projetons Same Inside Insanity – The Phenomenon of Rocky Horror d’Andreas Zerr, qui célèbre le 50e anniversaire du Rocky Horror Picture Show, ainsi que le classique Forbidden Love – The Unashamed Stories of Lesbian Lives (1992) de Lynne Fernie et Aerlyn Weissman, en collaboration avec l’ONF. »
Mentionnons également la projection spéciale soulignant le 50e anniversaire du GIV (Groupe Intervention Vidéo).
Si le film d’ouverture Blood Lines sera présenté au Théâtre Outremont, la majorité des projections se tiendront à l’Université Concordia (Cinéma De Sève et Hall H110) et à la Salle Alanis Obomsawin de l’ONF. La projection des courts métrages Queerment Québec sera aussi de retour cette année, au Centre PHI, pour souligner son 25e anniversaire! Enfin, Kat Setzer souligne elle-même une étape importante : ses 25 ans à la programmation d’image+nation. « Le cinéma queer est tendance, et regardez tout ce qui a changé en termes de visibilité et de représentation au cours des 25 dernières années, du moins depuis que je suis là, dit-elle. C’est incroyable! Les images, comme les représentations, demeurent puissantes.
La représentation, c’est du pouvoir. C’est un acte politique. C’est ainsi que nous affirmons notre présence : nous sommes là, et nous sommes queer! Et voir la jeune génération créer des images avec une telle liberté, c’est magnifique! »
INFOS | Programmation complète d’image+nation Festival film LGBT2SQueer, visitez : https://image-nation.org

