Testament torturé, secrets de famille, trahisons multiples et amours interdites se conjuguent brillamment au cœur de l’empire Guinness, au sein d’une Irlande en pleine mutation sociale et politique. Le résultat, à l’image de la bière qui porte son nom, est exquis !
Après le succès de la série « Peaky Blinders », qui nous entrainait dans le sillage d’un groupe de gangsters de Birmingham en 1919, Steven Knight jette maintenant son dévolu sur Dublin, en 1868, et l’empire brassicole Guinness. La nouvelle série offerte sur Netflix, « House of Guinness » (La dynastie Guinness), se déploie dans une somptueuse saga qui tient en haleine jusqu’à la toute dernière seconde.
Le récit débute avec la mort du patriarche dont le testament bouleverse le fragile équilibre de ses quatre enfants. En effet, seuls Arthur (Anthony Boyle) et Edward (Louis Partridge) se voient confier les destinées de l’entreprise familiale, laissant Ben (Fionn O’Shea) et Anne (Emily Fairn) quémander la charité de leurs frères ainés. Non content de ce tour de cochon, le père impose également une condition aux deux frères : travailler ensemble, sous peine de perdre l’héritage. Évidemment, guerre fratricide et luttes de pouvoir s’ensuivent.
La série est également marquée par un climat de tensions extrêmes entre catholiques et protestants, enraciné dans une colonisation britannique qui, dès le 17e siècle, a cherché à imposer sa foi à une Irlande majoritairement catholique. Discriminations économiques, luttes politiques pour l’indépendance, crime organisé et machinations en tout genre s’inscrivent ainsi en toile de fond. Inutile de dire que les Irlandais ont la mèche particulièrement courte et toujours à deux doigts d’une rixe.
Amours interdites
Au-delà des conflits familiaux et des velléités de conquérir le lucratif marché américain,
l’accent est mis sur les interdits et les obligations morales de l’époque auxquels la fratrie est confrontée. Ainsi, Edward doit lutter contre les élans de son cœur qui le portent vers une activiste irlandaise catholique, Ellen Cochrane (Niamh McCormack) : une mésalliance alors inadmissible! Ben, empêtré dans un alcoolisme rampant et des dettes de jeu, refuse de s’ouvrir à l’amour, tandis qu’Anne se heurte à une société qui lui impose un rôle d’épouse soumise, qu’elle rejette fermement.
C’est cependant Arthur qui fait face aux plus grands défis, puisque le testament lui impose d’abandonner Londres où il lui était possible de vivre, dans la semi-obscurité, son homosexualité. Dans l’univers corseté de Dublin, il se voit contraint de contracter un mariage en blanc avec une aristocrate ruinée, Lady Olivia Hedges (Danielle Galligan). Contre toute attente, celle-ci se montre délicieusement pragmatique et vulgaire dans son analyse de leur contrat de mariage : chacun pourra baiser avec des hommes tout en maintenant le plus parfait décorum en public.
Le jour de leur mariage, les deux époux s’extasient de concert devant Sean Rafferty (James Norton), homme de confiance de la famille Guinness et véritable étalon sauvage, qui déclare d’ailleurs : « Je suis une putain! Mes maîtres me paient pour les protéger et les défendre. Et parfois, oui, pour baiser ». Qui, d’entre les deux époux, emportera ce magnifique trophée de chasse?
La série explore ainsi les relations entre hommes, notamment les risques de chantage, les soirées dansantes clandestines et les descentes de police. Les séries historiques sont toujours scrutées à la loupe, mais celle-ci n’a pas à rougir, bien au contraire. Il est indéniable que Netflix n’a pas ménagé ses efforts pour en faire une véritable splendeur visuelle, tant par la reconstitution minutieuse des lieux que par la qualité des costumes ou des équipements des brasseries. De plus, l’ambiance sonore alterne harmonieusement entre musiques traditionnelles et compositions résolument modernes.
Un grand buzz entoure déjà la série et on ne peut souhaiter qu’une seconde saison arrive le plus rapidement possible, puisque le dernier épisode nous laisse sur un suspense insoutenable!
INFOS | Les huit épisodes de la série « House of Guinness » (La dynastie des Guinness) sont disponibles, en anglais et dans un excellent doublage français, sur Netflix.