Vendredi, 19 septembre 2025
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    «Censure d’État» : colère après la suspension de Jimmy Kimmel

    La chaîne américaine ABC a annoncé la suspension « indéfinie » de Jimmy Kimmel, après des commentaires jugés « offensants et insensibles » sur la mort de l’influenceur d’extrême droite Charlie Kirk. Une décision qui provoque une vive controverse aux États-Unis, qualifiée par plusieurs voix de véritable « censure d’État ».

    Une décision applaudie par Trump

    Kirk, 31 ans, fondateur de Turning Point USA et connu pour ses positions anti-LGBTQ+ et pro-armes à feu, a été tué le 10 septembre lors d’un débat à l’Université Utah Valley. L’assaillant présumé, Tyler Robinson, 22 ans, fait face à des accusations de meurtre aggravé, passibles de la peine de mort.

    Deux jours plus tard, dans son monologue, Jimmy Kimmel s’est attaqué à ce qu’il appelle la « MAGA gang », l’accusant de récupérer politiquement le drame. Il a notamment tourné en dérision la réaction de Donald Trump, affirmant que l’ex-président vivait « le quatrième stade du deuil : la construction », en référence à son projet d’aménager une nouvelle salle de bal à la Maison-Blanche.

    La réaction n’a pas tardé. Mercredi 17 septembre, ABC, propriété de Disney, a annoncé que l’émission Jimmy Kimmel Live! serait « préemptée indéfiniment ». Donald Trump s’en est aussitôt réjoui sur sa plateforme Truth Social : « Bonne nouvelle pour l’Amérique. L’émission ratée de Jimmy Kimmel est ANNULÉE. Bravo à ABC pour avoir enfin eu le courage de faire ce qu’il fallait. »

    Des accusations de censure politique

    Mais pour plusieurs analystes, il s’agit d’un dangereux précédent. « C’est de la censure d’État en temps réel », a dénoncé l’analyste Brian Allen sur X (anciennement Twitter).

    Le gouverneur de l’Illinois a aussi condamné la décision : « Ce qui est en jeu, c’est la liberté d’expression. L’administration Trump utilise la machine gouvernementale pour faire taire ceux qui le critiquent. Aujourd’hui, c’est Kimmel. Nous devons nous lever et dénoncer. »

    Même des voix conservatrices anti-Trump se sont inquiétées. Le groupe Republicans Against Trump a écrit : « Pas fans de Kimmel, mais si vous pensez que son émission devait être annulée pour ça, vous êtes des hypocrites. »

    Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a enfoncé le clou : « Acheter et contrôler des médias, licencier des commentateurs, annuler des émissions : ce n’est pas une coïncidence. C’est coordonné. Et c’est dangereux. »

    Pressions politiques et économiques

    Derrière la décision d’ABC se trouvent des pressions directes. Nexstar Media, le plus grand propriétaire de stations télé affiliées à ABC, a jugé les propos de Kimmel « inacceptables » et « offensants à un moment critique de notre discours national ». Sinclair, un autre poids lourd conservateur des médias, a exigé que Kimmel présente des excuses publiques à la famille de Kirk et fasse un don « significatif » à Turning Point USA.

    Le président de la FCC (Commission fédérale des communications), Brendan Carr, nommé par Trump, a lui aussi attaqué Kimmel, qualifiant ses propos de « plus répugnants possibles » et laissant entendre que l’organisme pourrait accentuer sa surveillance sur les diffuseurs qui lui laissent une tribune.

    Un climat empoisonné

    Selon The Hollywood Reporter, Kimmel prévoyait répondre à la controverse à l’antenne mercredi soir, mais il n’avait pas l’intention de s’excuser, estimant que ses propos avaient été sortis de leur contexte.

    Pour le syndicat SAG-AFTRA, cette suspension représente un précédent inquiétant : « La démocratie s’épanouit quand des points de vue divers s’expriment. Supprimer Jimmy Kimmel Live! est une mesure de répression et de représailles qui menace les libertés de tout le monde. »

    La controverse illustre à quel point le climat politique et médiatique américain est devenu explosif : un animateur connu pour ses critiques de Trump réduit au silence, sous pression de diffuseurs et d’alliés politiques du président. Pour ses défenseurs, il ne s’agit pas seulement de Jimmy Kimmel, mais d’un avertissement clair : toute critique trop mordante du pouvoir en place pourrait désormais coûter sa place à celui ou celle qui la formule.

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