Samedi, 1 novembre 2025
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    Nouvelle direction, nouveaux défis: Magali Boudon au Conseil québécois LGBT

    Depuis plusieurs mois, le Conseil québécois LGBT (CQLGBT) doit composer avec de nouvelles réalités. En août dernier, le conflit israélo-palestinien s’est invité dans les festivités de Fierté Montréal. L’enjeu : la présence — ou non — de groupes LGBT juifs au défilé. Entre déclarations contradictoires et revirements, les organismes membres du CQLGBT se sont positionnés, certains soutenant Fierté Montréal, d’autres non.

    Le tout coïncidait avec un changement de direction à la tête du Conseil : l’arrivée de Magali Boudon à la direction générale. Un mandat qui s’annonce exigeant, à un moment où les relations entre le gouvernement et les communautés 2SLGBTQ+ semblent marquées par la prudence. Les ponts demeurent, mais ils paraissent plus fragiles que jamais.

    À quelques jours de l’ouverture de Fierté Montréal 2025, une controverse a éclaté, révélant des divergences au sein même du CQLGBT. Quelle lecture en faites-vous aujourd’hui ?
    Magali Boudon : D’abord, au Conseil québécois LGBT, nous avons voulu prendre du recul avant de poser des gestes ou de tirer des conclusions. Il nous fallait du temps pour faire le point sur cet été particulier. Dans l’ensemble, Fierté Montréal 2025 a été un événement exceptionnel, très suivi. Oui, il y a des leçons à tirer, mais on peut aussi y voir un moment de transition, une volonté de changement exprimée tant par les membres de Fierté Montréal que par les individus impliqués. Le CQLGBT ne s’est pas dissocié de Fierté Montréal. Nous souhaitons au contraire collaborer à sa reconstruction, à la suite de la démission de l’équipe organisatrice. Nous voulons travailler avec celles et ceux qui reprendront le flambeau.

    En septembre dernier, le gouvernement n’a pas nommé de ministre spécifiquement responsable du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’intégrant plutôt au portefeuille de la ministre de la Condition féminine, Caroline Proulx. Y voyez-vous un recul symbolique ?
    Magali Boudon : Oui, c’est inquiétant. Le Bureau relevait auparavant du ministre de la Justice, puis a été transféré à Martine Biron, alors ministre des Relations internationales et de la Condition féminine. Ce déplacement avait déjà soulevé des questions — notamment parce que la mention du Bureau n’apparaissait pas sur la fiche officielle de la ministre à l’Assemblée nationale, ce qui avait mené à une pétition. Aujourd’hui, avec sa disparition sous le chapeau de la Condition féminine, on assiste à la même invisibilisation.

    Le ministre Jean-François Roberge a récemment interdit l’écriture inclusive dans toutes les sociétés d’État, sans consultation. Quelle a été votre réaction ?
    Magali Boudon : Nous avons été surpris, surtout par l’absence totale de consultation et de fondement scientifique. Le gouvernement agit sans dialogue avec les organismes communautaires — comme en juin dernier, lorsqu’il a décidé que les personnes seraient désormais incarcérées selon leur sexe anatomique plutôt que leur genre.

    Avec l’organisme Juritrans, le CQLGBT a envoyé une mise en demeure au gouvernement du Québec. Nous avons choisi de ne pas trop médiatiser le document, afin d’éviter qu’il soit récupéré par certains chroniqueurs ou groupes conservateurs. On constate un changement clair dans les relations entre le gouvernement et nos communautés. Cela s’est manifesté dès la création du Comité des sages : malgré notre participation aux consultations et les assurances reçues, le rapport final a ignoré nos principales préoccupations. Cela a été ressenti comme une forme de trahison. Mais nous continuons à saisir toutes les occasions pour rencontrer les élu·e·s et leur faire entendre nos voix.

    Est-ce suffisant pour se faire entendre ?
    Magali Boudon : Non, et c’est pourquoi nous révisons nos stratégies. Pendant longtemps, le CQLGBT a privilégié le lobbying politique. Aujourd’hui, nous optons aussi pour des recours juridiques, comme avec la mise en demeure sur la question de l’incarcération. Nous voulons que nos voix ne soient pas seulement entendues, mais reconnues, et que nos réalités soient prises en compte dans les décisions gouvernementales.

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