Les résultats des élections américaines de cette semaine envoient un message clair : les électeurs et électrices des États-Unis en ont assez des politiciens et politiciennes qui s’acharnent contre les personnes trans et les communautés LGBTQ+.
À travers le pays, plusieurs scrutins historiques ont mené à une vague de victoires pour des candidat·e·s démocrates ouvertement pro-LGBTQ+. En Virginie, Abigail Spanberger a fracassé un plafond de verre en devenant la première femme gouverneure de l’État, tandis qu’au New Jersey, Mikie Sherrill, reconnue pour sa défense des droits LGBTQ+, a été élue gouverneure.
Mais la victoire la plus marquante revient à Zohran Mamdani, qui a fait l’histoire en devenant le premier maire musulman de New York — et le plus jeune depuis 1892. À 34 ans, le nouveau maire n’a pas tardé à réaffirmer son engagement envers la communauté queer et trans lors d’un discours prononcé à Brooklyn :
« Ici, on se tient debout pour celles et ceux qu’on aime : qu’on soit immigrant·e, trans, mère monoparentale, femme noire injustement congédiée par Donald Trump, ou simplement quelqu’un qui lutte pour joindre les deux bouts. »
Les droits LGBTQ+ au cœur d’un message plus large de dignité et de respect
Pour de nombreuses organisations de défense des droits humains, ces résultats brisent le mythe selon lequel la transphobie “rapporte” politiquement.
La présidente de GLAAD, Sarah Kate Ellis, a salué ce qu’elle considère comme un tournant :
« Les électeurs et électrices rejettent les politiques de division qui visent les personnes LGBTQ+. Ils veulent des dirigeant·e·s qui se concentrent sur ce qui compte vraiment : la famille, la liberté, l’équité et la vie quotidienne. »
Selon GLAAD, la popularité de leaders comme Mamdani s’explique par leur capacité à lier la défense des droits LGBTQ+ à des enjeux plus larges : le coût de la vie, la santé ou la crise climatique. En d’autres mots, ils ne cloisonnent pas la question queer — ils la placent au cœur d’un projet de société plus juste pour toutes et tous.
Ellis, elle-même originaire de New York, a ajouté que l’élection de Mamdani démontre que les électeurs valorisent les leaders qui traitent chaque membre de la communauté avec équité, dignité et respect — des qualités que son adversaire, l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, n’incarnait plus depuis longtemps.
L’échec des campagnes fondées sur la haine
En Virginie, la républicaine Winsome Earle-Sears a misé sur une campagne transphobe et sensationnaliste, dépensant près de 2 millions $ US par semaine pour diaboliser les personnes trans. Résultat : elle a récolté à peine 44,5 % des voix, loin derrière Spanberger, dont la campagne axée sur la réduction du coût de la vie et le renforcement des services publics a trouvé écho auprès de la population.
Les chiffres confirment ce désaveu : selon un sondage Gallup d’avril, 60 % des électeurs américains accordent une grande importance à l’économie, 59 % à la santé et 56 % à l’inflation. Seul 1 % considère les droits LGBTQ+ comme un enjeu prioritaire — preuve que la haine n’est pas un moteur politique gagnant.
La présidente de la Human Rights Campaign, Kelley Robinson, résume : « Les électeurs n’ont pas été dupes des millions dépensés dans des publicités transphobes et cruelles. Ils veulent des leaders capables d’améliorer leur vie, pas des marchands de haine et de chaos. »
Un vent d’espoir
Ces résultats électoraux américains résonnent aussi ici, au Québec. Dans un contexte mondial où les droits des personnes trans et queer sont souvent instrumentalisés, voir un électorat rejeter la division et miser sur la dignité et la solidarité envoie un message d’espoir.
Peut-être que, peu à peu, la politique du mépris laisse place à une nouvelle ère — celle du courage, de l’empathie et du vivre-ensemble.

