Un roman remarquable, particulièrement touffu et comportant de nombreuses références à l’histoire, à l’art, à la philosophie et aux relations géopolitiques.
Le récit serait par ailleurs basé sur le personnage d’Anthony Blunt qui devint agent-double au profit de l’URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.
Victor Maskell est un spécialiste en histoire de l’art — plus particulièrement de Nicolas Poussin — qui vieillit difficilement. Tombé en disgrâce après que furent publiquement révélées ses relations avec l’URSS, il n’est plus rien aujourd’hui. Sur les instances d’une journaliste — dont l’identité réelle s’avère plus ou moins insaisissable — il s’attelle à la rédaction de son autobiographie.
Le roman nous fait découvrir son enfance, sa famille, son intérêt pour les idées de Marx, la complicité avec plusieurs intellectuels de l’époque à cet égard et ses débuts en tant qu’espion, parfois pour le compte de l’Angleterre, parfois pour celui de l’URSS et quelquefois même pour les deux.
Le récit nous fait également prendre contact avec des personnages hauts en couleur tel Boys, un espion qui couche avec à peu près tous les hommes qu’il peut rencontrer. À cet égard, c’est sur le tard — et après un mariage et deux enfants — que Victor réalisera enfin la nature de ses sentiments pour les hommes qui l’entourent.
Une écriture maîtrisée, souvent fort amusante et parfois même bouleversante, comme lors du passage fort émouvant où Victor doit se séparer de son frère souffrant de déficience intellectuelle.
L’intouchable est un roman complexe qui nous fait éventuellement pénétrer dans les arcanes de la fébrilité inhérente au métier d’espion mais également dans ceux de la trahison, qui y est intrinsèquement liée.
L’intouchable / John Banville. Paris : Flammarion, 1998. 531p. (Coll. 10/18).
