Les comic books américains constituent un créneau qui résiste généralement avec virulence à l’inclusion de personnages gais ou lesbiens. C’est ce qui explique sans aucun doute l’étonnement que l’on peut avoir devant le numéro 4 de la Muties, une série de six numéros publiée chez Marvel et portant non pas sur des héros en Spandex, mais plutôt sur des mutants qui vivent dans un milieu des plus ordinaire.
Ces mutants sont porteurs d’une double différence : ils sont différents des autres et du milieu social dans lequel ils s’inscrivent.
Dans le numéro qui nous intéresse, l’action se déroule à Rio de Janeiro et met en scène Jisa : une jeune fille qui est tombée follement en amoureuse de Laolo, un dragueur de la pire espèce. Celui-ci la séduit et, une fois que cette dernière réalise qu’elle est enceinte, la laisse tomber.
Jisa prend soudainement conscience à quel point elle fut manipulée par l’homme qui se préoccupe dorénavant d’elle comme de sa dernière chaussette. Elle se retrouve également rejetée par sa famille qui ne voit plus en elle qu’une pute à laquelle il ne fait pas bon être associé.
C’est alors que son destin croisera celui de Nata qui exerce le métier de videuse dans un bar populaire de la ville. Cette dernière possède la particularité d’avoir une ossature aussi résistante que l’acier, une peau plus épaisse que celle d’un ballon de football et une beauté à couper le souffle.
Jisa, qui croyait se trouver dans un cul-de-sac, réalise éventuellement, avec l’aide de Nata, qu’il est possible de prendre son destin en main et de faire face à l’adversité. Elle comprend également, en termes voilés (après tout, c’est une BD pour les jeunes Américains), que sa relation avec Nata dépasse la simple amitié et que la force qu’elle ressent réside dans l’amour qu’elles éprouvent l’une pour l’autre.
Un récit des plus nuancés qui nous permet d’anticiper une certaine ouverture chez ce géant de la bédé américaine.
Muties, no 4 : Love, Jisa / Karl Bollers & Trent Kanuiga. New York : Marvel comics, 2002. 44p.