Jeudi, 3 octobre 2024
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    La politique «rose» ou «arc-en-ciel»

    De plus en plus et ce, à tous les niveaux au Canada, le rose — ou plutôt les couleurs de l’arc-en-ciel — colorent la politique. Se faire représenter par un élu gai ou une élue lesbienne dans nos institutions démocratiques n’est plus exceptionnel, car il semble y avoir un nombre croissant de politiciens et de politiciennes qui s’affichent ouvertement comme tels.

    Il faudra certes attendre encore un peu pour la candidature d’une personne transidentifiée, à la manière de Vladimir Luxuria au Parlement italien ou de Georgina Beyer en Nouvelle-Zélande. Entre-temps, on trouve chez nous de nombreux élus gais. Sur la scène municipale canadienne, deux candidats ouvertement gais se présentent à la mairie de leur ville respective. 
    À Ottawa, l’ancien conseiller de ville Alex Munter se présente contre le maire sortant. Fait à noter : monsieur Munter était, en 1993, le premier conseiller de ville ouvertement gai à se faire élire à Ottawa. Il a été réélu à plusieurs reprises. L’année après sa sortie publique du placard, il s’est retrouvé avec un autre conseiller gai : Stéphane Émard-Chabot. Après son retrait de la politique municipale, Alex Munter a notamment été coordonnateur national du groupe Les Canadiens et Canadiennes pour le droit égal au mariage (CCDÉM). Monsieur Munter a chapeauté les efforts de cette coalition avant l’adoption, en juillet 2005, du projet de loi fédéral légalisant le mariage entre conjoints de même sexe partout au Canada. Dès que la sanction royale a été accordée, le groupe CCDÉM a fermé ses portes. Mais il a dû les rouvrir quelques mois plus tard avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur de Stephen Harper. Celui-ci s’est en effet engagé à présenter une motion cet automne à la Chambre des communes visant à demander aux député(e)s s’ils veulent revoir la question du mariage. 

    À Winnipeg, un ancien journaliste et militant de la cause du transport en commun, Kaj Hasselriis, va tenter de ravir le poste au maire sortant. Ironie du sort, lui aussi a travaillé au CCDÉM, à titre de coordonnateur des communications, mais pas en même temps que monsieur Munter. S’il est élu maire de Winnipeg, monsieur Hasselriis ne sera pas le premier maire gai de la ville. Glen Murray a été élu et réélu comme conseiller de ville et ensuite comme maire. Au fait, il s’agissait de la première grande ville canadienne à élire quelqu’un d’ouvertement gai. 
    D’autres villes ont eu des conseillers municipaux gais tels que Kyle Rae à Toronto, Raymond Blain à Montréal, Michael Phair à Edmonton et Tim Stevenson à Vancouver (après son passage en politique provinciale). 

    À Ottawa, capitale fédérale où se trouve le Parlement, il y a déjà longtemps qu’on constate la présence d’élus ouvertement gais ou lesbiennes. Lorsque l’ancien député Svend Robinson a été le premier à faire sa sortie du placard en 1988, la nouvelle a aussitôt fait la une de tous les journaux. Il a ouvert la voie à Réal Ménard du Bloc Québécois, aux néo-démocrates Libby Davies et Bill Siskay, ainsi qu’aux libéraux Scott Brison et Mario Silva, qui siègent tous présentement à la Chambre des Communes. 

    Du côté provincial, deux provinces comptent aujourd’hui des membres du conseil des ministres qui sont ouvertement gais, soit Jim Rondeau, le ministre de l’Industrie et du Développement économique du Manitoba, et George Smitherman, le ministre de la Santé de l’Ontario. Au fait, monsieur Smitherman n’est pas le seul à être né sous l’arc-en-ciel. Sa collègue dans la législature ontarienne, la députée Kathleen Wynne, ne cache pas le fait qu’elle a une conjointe. 
    Bien avant, au Québec, André Boulerice, André Boisclair et Agnès Maltais ont siégé à l’Assemblée Nationale et même au conseil des ministres. 

    En Colombie-Britannique aussi, il y a déjà eu des membres de la législature ouvertement gais : Lorne Mayencourt, Tim Stevenson et Ted Nebbeling. Les deux derniers ont également été ministres. 

    Au Canada, deux chefs de partis politiques provinciaux s’affichent, soit André Boisclair du Parti Québécois et Allison Brewer, qui dirige le Nouveau Parti démocratique du Nouveau-Brunswick. 
    Bref, il y a maintenant de plus en plus de politiciens « arc-en-ciel » et l’orientation sexuelle des député(e)s n’attire plus autant l’attention.  La droite religieuse y verra sans doute la preuve que le «lobby gai» cherche à prendre le pouvoir, une ville à la fois.  Pour la plupart des électeurs, cependant, l’orientation sexuelle n’est plus une question décisive et plusieurs n’y attachent aucune importance. Ils vont davantage se pencher sur le programme électoral et la réputation des candidats. Voilà toujours un pas de plus vers l’égalité sociale. 

    *Gilles Marchildon est le directeur général d’Égale Canada, un organisme sans but lucratif qui fait la promotion de la justice et de l’égalité pour les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transidentifiées, ainsi que leurs familles, partout au Canada. www.egale.ca 

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