Une chose dont on peut-être certain avec la reine de l’électroclash, c’est qu’aime aime défier les normes. Ses thèmes explicitement sexuels, ses rythmes ravageurs et son sens du spectacle font de Peaches une artiste vraiment à part. À 49 ans, elle n’a pas de leçons à recevoir des Nicki Minaj et Miley Cyrus en matière de provocation. Sauf que chez Merrill Beth Nisker, de son vrai nom, la provocation n’est jamais gratuite. Le 17 août, elle sera en clôture de l’événement Clash, la soirée électro-glam-rock du Festival Fierté Montréal.
L’artiste torontoise s’est illustrée sur la scène internationale avec son album électroclash The Teaches of Peaches, en 2000.
Devenue icône branchée, qui rejette sans compromis le cliché de chanteuse populaire, Peaches a depuis lancé maints albums, avec des titres à succès tels que Impeach my Bush, Fatherfucker, Boys wanna be her, et Talk to Me. Sans compter son film Peaches Does Herself, un opéra électro-rock qui s’inspire de l’histoire de sa vie, qu’elle écrit et réalise en 2012. L’adaptation en film fait la tournée des festivals. «J’étais obsédée par le fait de créer une comédie musicale cool, comme Phantom of the Paradise ou Tommy de Ken Russel»l, racontait-elle à un journaliste français, il y a deux ans. « À mes débuts, j’ai suivi une école de théâtre. Puis j’ai laissé tomber pour la musique, où je pouvais écrire mes propres paroles et faire des shows. »
Peaches est une artiste à la palette large. Les années séparent ses deux derniers albums en témoignent : participation à l’opéra rock Jesus Christ Superstar et rôle dans L’Orfeo de Monteverdi, collaboration avec Major Lazer, performance inspirée du Cut Piece de Yoko Ono, où elle finit nue sur scène… Ne sachant pas comment l’approcher, nous lui avons envoyé 3 questions…
La scène queer t’a-t-elle influencée en tant qu’artiste ?
J’ai plutôt été influencée par la scène non queer, mainstream, car c’est là que j’ai compris pourquoi je ne rentrais pas dans les cases. Cela m’a poussée à m’interroger, à porter un regard global sur les gens, sur ce qui est accepté ou non, sur la «normalité» – un mot horrible.»
Qu’est-ce qui suscite chez toi le plaisir ?
J’aime les gens et si quelqu’un me plaît, je vais essayer de comprendre pourquoi, d’expérimenter la chimie qui se produit. Chacun doit s’explorer, je n’ai pas de réponse toute faite, la sexualité est un processus en perpétuelle évolution. Pour ma part, j’essaie seulement de me battre pour plus d’égalité, pour que les gens se sentent plus à l’aise avec leur propre corps, comprennent qui ils sont, ce qu’ils veulent, ce dont ils ont besoin. Car sinon, c’est de là que naissent les blocages, traduisant en fait des peurs. L’essentiel est donc de s’éloigner de ses peurs. C’est le problème des conservateurs, qui se basent parfois sur des principes religieux qui n’ont plus aucun sens aujourd’hui.
Quel rôle les politiciens devraient-ils jouer dans l’instauration d’une meilleure égalité entre tous ?
Ce qu’il se passe en ce moment au sein du gouvernement canadien est très intéressant, et reprend quelque chose pour lequel je milite depuis longtemps. Justin Trudeau a plusieurs fois répété que les hommes devaient être féministes. En effet, nous ne pourrons devenir réellement humanistes que si les hommes jouent le jeu de l’égalité avec les femmes.
CLASH, le vendredi 17 août, sur la Grande scène du Parc des Faubourgs.
18h: DJ Frigid
20:45 Spectacles de Van Hechter, Fischerspooner et Peaches
INFOS | www.fiertemontrealpride.com
— par Yves Lafontaine et Julie Vaillancourt