Lors du premier anniversaire de Fraichement jeudi, émission de radio LGBT diffusée sur les ondes de Radio Centre-Ville, fut remis à Nathalie Di Palma, le micro d’argent pour son implication à la radio communautaire, soit Lesbo-Sons, émission qu’elle anime depuis 2005 sur les ondes de CKUT 90.3 FM.
«J’étais surprise, ça m’a fait chaud au cœur», explique celle qui est montée sur scène pour cet hommage bien mérité (et planifié). Si le second est tout autant mérité, Nathalie n’en savait rien. Ainsi, lorsqu’elle est montée une seconde fois sur scène pour recevoir, à sa grande surprise, la médaille de l’Assemblée nationale des mains de Manon Massé, pour ses 27 années d’implication, ce fut la surprise totale.
«Je ne savais pas quoi dire! Que ce soit Manon Massé qui me remette la médaille, c’était surprenant en tabarouette… Même si on n’a pas les mêmes allégeances politiques, j’ai marché à ses côtés lors de la Marche du pain et des roses. C’est une militante que je respecte énormément.»
— Nathalie Di Palma
Aussi touchant que cela puisse être, Nathalie, comme plusieurs personnes qui donnent de leur temps bénévolement, n’attend guère après les reconnaissances pour donner au suivant: «C’est sûr que ça donne du gaz, mais je ne m’attendrais pas à recevoir quoi que ce soit… L’autre jour, un collègue m’a dit à la blague: maintenant que tu as reçu la médaille de l’Assemblée nationale, tu peux arrêter ton émission de radio!».
Qu’à cela ne tienne, «malgré cet important jalon dans son évolution», comme le décrit fièrement sa blonde, Nathalie continuera de mettre de l’avant la voix des lesbiennes, avec l’animation de Lesbo-Sons. À noter qu’en plus de 15 ans à la barre de cette émission (qu’elle coanimait dès 1996, sous le titre la Ballade des Furies), qu’elle anime tous les 1er et 3e lundis du mois, elle n’a manqué que 2 émissions! C’est dire l’importance de son engagement et de son implication…
D’ailleurs, lors de notre dernière entrevue pour Fugues, en 2009, Nathalie m’avait confié avoir de la difficulté à faire parler les femmes au micro. Plus d’une décennie plus tard, est-ce toujours le principal défi? «On dirait que c’est moins pire. Depuis les dernières années, je sens que les personnes sont moins réticentes à venir, même si ça s’appelle Lesbo-Sons et qu’elles ne sont pas lesbiennes. C’est souvent davantage les auteures-compositrices-interprètes qui sont plus hésitantes… De par le titre explicite de l’émission, elles ne veulent pas être catégorisées… Cela dit, ça fait vraiment longtemps que je ne me suis pas fait dire « Quand j’aurai vendu autant d’albums que Melissa Etheridge, je dirai Yes, I Am »…»
Parlant de s’affirmer, Nathalie a longtemps été une des rares à le faire. Ses 27 ans d’implications débutent en 1994, alors qu’elle devient cofondatrice de l’Association Gaie et Lesbienne du Cégep du Vieux Montréal: elle en deviendra la présidente l’année suivante et organisera subséquemment les semaines de la Fierté gaie dans le Cégep, pendant trois ans. Pendant 10 ans, de 1993 à 2003, elle sera intervenante au GRIS Montréal afin de démystifier l’homosexualité dans les écoles. Sportive à ses heures, elle participe aux premiers Out Games à Montréal, en 2006. En 2012, elle sera chargée de projet pour la Fondation Émergence afin de sensibiliser les communautés culturelles à l’homosexualité.
Outre ses implications communautaires, de 1994 à 2001, Nathalie participera à plusieurs émissions de télévision sur l’homosexualité, mentionnons M’aimes-tu? (1994) ou encore Janette Tout Court (1996). Elle deviendra, en quelque sorte, le visage de la communauté lesbienne, voire la «lesbienne de service» participant à accroitre la visibilité lesbienne. «Aujourd’hui, je trouve ça extraordinaire, il y en a plein qui s’affichent, elles ont moins peur de se montrer! Ce n’est vraiment pas les mêmes enjeux que dans les années 90, mais elles constituent d’importants modèles pour les jeunes d’aujourd’hui!», explique celle qui avait jadis reçu une lettre d’une fille et de sa mère, la remerciant de s’afficher à la télévision.
Si Nathalie se joint au comité fondateur du Réseau des lesbiennes du Québec, en 1996, elle est désormais de retour au sein de l’organisme depuis 2019, à titre de vice-présidente. D’ailleurs, elle conclut que «le fait d’être out au travail et dans toutes les sphères fait en sorte qu’on démystifie notre réalité. Quand les gens connaissent quelqu’un qui est bien dans sa peau, ça aide aussi à l’acceptation sociale de l’homosexualité». D’ailleurs, si concilier les horaires d’un travail à temps plein avec les heures de bénévolat n’est guère aisée, celle qui a récemment changé de boulot continuera de s’impliquer au sein de la communauté qui, au fil des ans, l’a vu grandir.
L’émission Lesbo-Sons est diffusée tous les 1er et 3e lundis du mois, sur les ondes de CKUT 90.3 FM.
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