Samedi, 15 février 2025
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    Félix, love me not

    Dans un balado d’une heure, les journalistes Didier Roth-Bettoni et Nathalie Battus retracent le parcours de Félix, un jeune homme qui avait fui son Arménie natale pour vivre à Paris en toute liberté depuis son arrivée en France et le point final de cette courte existence le 24 décembre 2017, à travers les rencontres et les amitiés, les soirées “chemsex” alliant drogue et sexe.

    Un podcast original pour une Expérience signée Didier Roth-Bettoni, réalisée par Nathalie Battus

    Le 24 décembre 2017, Félix est mort. Il avait 23 ans et avait fui son Arménie natale quelques années plus tôt. Une overdose peut-être liée à une soirée “chemsex”, ces rencontres sexuelles où les plaisirs et les performances sont décuplés par l’utilisation de drogues, les risques aussi. 

    Félix, love me not s’attache à retrouver les traces de Félix pour comprendre ce qui l’a amené à cette disparition prématurée.  

    Proches, amis, partenaires, connaissances… Félix a marqué profondément tous-te-s celles et ceux qui l’ont fréquenté : “Il était un peu mystérieux, un peu magique” se souvient Anastassia qui a partagé tant de soirées avec lui, “Il ne parlait pas de lui, de sa vie privée ou très peu”, petit prince sombre, rêvant de lumière…  

    Leurs souvenirs croisés composent le portrait kaléidoscope de cette existence si brève marquée du sceau du tragique. Car si Félix a choisi ce prénom qui signifie le bonheur, c’était une manière d’exorcisme pour une vie qui n’a pas toujours été heureuse. “Il a été triste toute sa vie” dit de lui Bardhok, son colocataire et ami. 

    Félix s’appelait Kamo. Élevé par sa grand-mère, il doit quitter Erevan en Arménie parce qu’il est gay et que le DIY, le bar LGBT où il travaille – le seul de la ville – a été brûlé par des nationalistes homophobes. Ces extrémistes ne font qu’exacerber l’homophobie profonde de la société arménienne : si l’homosexualité n’est pas condamnée par la loi, elle l’est par les politiques, la religion, les traditions et les familles. 

    C’est cela que Félix a fui en 2013, comme de nombreux autres gays et lesbiennes arméniens. Et c’est à Paris, après un passage à Prague, qu’il s’est installé pour poursuivre ses études. Après quelques semaines où il dort dans la rue et se débrouille comme il peut, il trouve un hébergement grâce au Refuge, l’association qui vient en aide aux jeunes LGBTQI victimes d’homophobie et en rupture familiale. C’est là qu’il rencontre Bardhok, un jeune Albanais : leur amitié durera jusqu’au bout, en dépit des changements d’humeur et de comportement de Félix au cours des derniers mois de sa vie.  

    Il a quelques histoires d’amour, travaille un temps pour l’association Les Petits Bonheurs – qui soutient les séropositifs et malades du sida isolés socialement et affectivement – puis quelques mois à Aides. Il s’étourdit de la musique sucrée d’Ariana Grande et autres divas pop, développe une passion virtuelle et romantique pour Kim Kardashian en qui il voit une déesse et qui l’inspire au fil de ses posts Instagram, petits haïkus, parfois drôles mais la plupart du temps tristes qui forment autant de reflets de son âme. “Stay strong” comme le dit le tatouage sur son torse. Si ses amis évoquent son regard doux et parlent de lui comme d’un ange, Félix passe son temps à lutter contre ses démons. La drogue sera le dernier, qui emportera tout… 

    Homophobie, exil, asile, famille de substitution, apprentissage de la liberté, drogue, risques, “chemsex”… A travers son parcours de météorite, c’est le portrait de toute une génération qui se profile, en quête de liberté et de plaisirs, surfant sur un monde trop grand.

    INFOS : franceculture.fr

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