Un tribunal polonais a acquitté mardi trois militantes des droits homosexuels accusées d’offense aux sentiments religieux pour avoir collé des affiches de la Vierge Marie auréolée d’un arc-en-ciel.
Le tribunal de Plock (centre) a jugé non coupables les accusées – Joanna Gzyra-Iskandar, Anna Prus et Elzbieta Podlesna – en estimant que rien ne prouvait qu’elles avaient l’intention de commettre une telle offense. «Le but des militantes (…) était de montrer leur soutien aux individus LGBT, de combattre pour qu’ils aient l’égalité des droits», a déclaré la juge Agnieszka Warchol.
Les accusées risquaient jusqu’à deux ans de prison aux termes de l’article 196 du code pénal polonais qui interdit d’offenser les sentiments religieux. Elles étaient accusées d’avoir profané l’image de la Vierge Marie. «Dieu nous en garde, non, je ne plaide pas coupable d’avoir offensé les sentiments religieux», avait déclaré Elzbieta Podlesna à des journalistes au début du procès le 13 janvier. «Je ne crois pas qu’un arc-en-ciel puisse offenser quoi que ce soit ou qui que ce soit. Je n’ai pas commis de crime», avait-elle ajouté.
Les faits remontent à avril 2019, quand des affichettes représentant une Vierge évoquant celle de Czestochowa, avec une auréole aux couleurs de l’arc-en-ciel – couleurs du drapeau de la communauté LGBTI (lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres et intersexués) – étaient apparues collées sur des poubelles et toilettes mobiles près d’une église de Plock. La Vierge de Czestochowa est traditionnellement vénérée en Pologne, pays à forte majorité catholique.
Quelques jours auparavant, le dirigeant du parti conservateur Droit et Justice au pouvoir, Jaroslaw Kaczynski, avait accusé la communauté LGBTI de constituer une «menace» pour la Pologne. La communauté LGBTI est cible de la droite conservatrice nationaliste au pouvoir ainsi que de l’Église catholique polonaise qui rejettent ses aspirations à l’égalité en droit.
La Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic a dénoncé dans un rapport publié en décembre la «stigmatisation généralisée» des personnes LGBTI en Pologne, pointant les responsabilités de personnalités politiques de premier plan et appelant à des réformes. La branche polonaise d’Amnesty International a qualifié les accusées de «courageuses», mardi sur Twitter, appelant les autorités «à s’abstenir de cibler et harceler tout autre militant pacifique».