Le temps des Fêtes est déjà bien passé, mais les admirateurs de Ralf König ne voudront certainement pas rater cette petite pépite qui est malheureusement passée inaperçue dans l’agitation inhérente à l’intensification des mesures de confinement du mois de décembre. Le bédéiste est bien connu pour un humour caustique matinée d’une bonne dose de libido et ce dernier récit ne fait pas exception à la règle.
Ute est dans la trentaine et elle a depuis longtemps perdu le regard émerveillé de l’enfance sur des traditions qu’on tente de lui enfoncer dans la gorge dès le mois de septembre. Ce Noël, c’est décidé, le «réveillon» ne se fêtera pas: elle va se contenter de regarder un film avec une bonne bouteille de vin et basta la famille. Alors que son meilleur ami est sur le point de partir pour la Floride avec son chum, il lui fait une observation pour le moins prophétique: ce qu’il faut à Ute, c’est un mec bien balaise et poilu!
Il n’en faut pas plus pour que le destin s’en mêle, mais le soir du 24 décembre, c’est plutôt l’Enfant Jésus qui surgit et lui annonce vouloir se servir d’elle pour séduire le fils du père Noël qui a maintenant repris les rênes de l’entreprise familiale. Pourquoi? Tout simplement, parce que Santa Claus nuit à son plan marketing chrétien. Après tout, ce sont ses petites boucles blondes qui devraient symboliser Noël et non une vieille barbe blanche! Évidemment, rien ne se déroule comme prévu! Encore une fois, Ralf König frappe dans le mille avec un récit iconoclaste à souhait qui se joue de tous les clichés tout en touchant quelques cordes romantiques (Noël oblige). Son coup de crayon se prête toujours aussi admirablement bien à la critique sociale en dépeignant des personnages très humains et caricaturaux à la fois. Petit cadeau prime! Les dernières pages offrent du matériel de bricolage pour confectionner vos propres décorations, dont un irrésistible père Noël, torse nu et bien évaché.
INFOS | Santa Claus Junior / Ralf König. Paris: Glénat, 2020. 111p.