Jeudi, 3 octobre 2024
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    La «Bible queer» qui enflamme les États-Unis

    Jack Guinness, l’auteur de la «Queer Bible», s’est retrouvé malgré lui au centre d’une polémique, apprenant qu’un maire du Mississippi menaçait de suspendre les financements d’une bibliothèque si elle gardait dans ses rayons des livres LGBT+.

    L’histoire débute à Ridgeland, une ville moyenne du comté de Madison, dans le Mississippi. Le maire, Gene McGeen, un républicain, demande à la bibliothèque du comté de retirer de ses étagères chaque livre à connotation LGBT+, sans quoi il lui retirera son financement. Tant que le «matériel homosexuel» est à la portée des lecteurs, il refusera de débloquer les fonds, assure-t-il. En exemple de livre honni, celui qui prétend n’être au service que «du grand Seigneur là-haut» cite la Queer Bible (2021) de Jack Guinness, un recueil d’essais et de récits écrits par des personnalités LGBT+, qui vise à réhabiliter et rendre hommage à l’histoire queer.

    Jack Guinness, l’auteur, britannique, a découvert l’affaire via Twitter: «Je n’en croyais pas mes yeux. Quand vous écrivez un livre, vous imaginez que des gens pourraient le lire, mais vous n’imaginez pas que quelqu’un va l’interdire. Le qualifier de “matériel homosexuel”, c’est le genre d’expression que ma grand-mère aurait utilisée pour parler de mes jeans», a déclaré l’ancien mannequin et présentateur à The Observer.

    Préserver l’histoire des luttes LGBT+
    Depuis, Guinness s’est lancé dans une campagne pour contrer le maire de Ridgeland. Une cagnotte a été lancée le 26 janvier par l’association des Amis de la bibliothèque de Ridgeland, pour permettre à la bibliothèque du comté de recevoir grâce à des financements participatifs l’équivalent des 110.000 dollars bloqués par le républicain –l’objectif vient d’être atteint, et légèrement dépassé.

    «Ce qui me fait avancer, c’est qu’il ne s’agit pas de moi. Il s’agit d’utiliser ma plateforme pour que d’autres personnes puissent raconter leur histoire», affirme Guinness.

    Avant d’être une anthologie publiée en version papier, la Queer Bible était née en 2017 sous la forme d’un site web, regroupant les contributions de diverses personnalités comme le chanteur Elton John, l’humoriste et actrice Mae Martin, le styliste Tan France, la journaliste Paris Lees ou encore le skieur Gus Kenworthy.

    «J’ai grandi sous l’article 28, qui interdisait la promotion de l’homosexualité dans les écoles. Une génération entière a grandi sans information sur son histoire, ou sans pouvoir comprendre qu’elle n’était pas un monstre, raconte Guinness. Interdire n’importe quel livre est une pente glissante. Dans certains pays, les personnes LGBTQ+ bénéficient de l’égalité des droits, mais cela montre à quel point il est facile de déraper. Il s’opère un glissement, avec l’idée de criminaliser ou de supprimer certaines communautés. Aujourd’hui c’est la communauté queer –demain ça pourrait être votre communauté», ajoute l’auteur, qui fait désormais partie de la commission sur la diversité auprès du maire de Londres Sadiq Khan.

    En 2021, l’Association des Bibliothèques américaine a enregistré une augmentation sans précédent des campagnes visant à interdire certains livres. Ce fut notamment le cas de livres traitant d’histoires impliquant des personnes Noires ou LGBT+, ou parlant de l’histoire de la Shoah, comme ce fut le cas en janvier de la BD Maus, interdite dans une école du Tennessee.

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