Le CHU Sainte-Justine sera dorénavant plus inclusif pour les pères gais

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CRÉDIT PHOTO : Patrick Delisle-Crevier

Mathieu Chantelois et son mari Marcelo Gomez-Wiuckstern se sont connus à Montréal et ils ont été les premiers francophones à se marier à Toronto. Après avoir vécu une vingtaine d’années dans la Ville reine et avec l’arrivée d’un deuxième enfant, la pandémie a eu raison de leur aventure dans la capitale économique du pays. La famille est donc de retour à Montréal depuis juin dernier.


« Avec les bambins, nous souhaitions nous rapprocher de nos parents et de nos familles. Nos cœurs étaient toujours restés à Montréal. » Et, question d’être plus présents pour leur fille Paloma, Mathieu et Marcelo ont pris des congés parentaux à tour de rôle. Mathieu a fait plusieurs visites au CHU Sainte-Justine avec sa fille âgée de quelques mois, qui n’a pas encore sa carte d’assu-rance maladie (RAMQ). « Partout à l’hôpital, on me demandait la carte d’assurance maladie de la mère, même si j’offrais la mienne. » Le personnel administratif qui l’a accueilli a affirmé que c’était la politique officielle de l’établissement de demander la carte d’assurance maladie de la mère. Or, Paloma a deux pères, ce qui faisait ressortir que jusqu’à présent, le langage et les pratiques du CHU Sainte-Justine n’étaient pas inclusifs relativement au contexte familial.

Souhaitant que cette situation soit considérée et que le CHU Sainte-Justine améliore ses pratiques pour les rendre plus inclusives et adaptées à la réalité des situations familiales où il y a deux pères, Mathieu a déposé une plainte officielle au Protecteur du citoyen de l’Hôpital Sainte-Justine, qui vient de lui donner raison.

« Ça devenait agaçant de se faire demander la carte maladie de la mère à chaque visite et de devoir expliquer et réexpliquer notre situation. Il y aussi des grandes murales où l’on peut lire “pour l’amour des mères et des enfants”, comme si les pères n’éprouvaient pas autant d’amour pour leurs enfants. Parfois, on me demandait “où est la maman?” Ce sont des pratiques décevantes. Ma fille est encore trop jeune pour comprendre ce qui se passe, mais dans quelques années elle sera en âge de comprendre les demandes douteuses de l’institution. J’imagine qu’elle trouverait cela blessant et nous voulons faire notre part pour changer ces pratiques institutionnelles non inclusives. » Rappelons qu’afin de bénéficier de la gratuité pour obtenir des soins et des services, un usager d’un centre hospitalier doit présenter sa carte d’assurance maladie. Si l’usager est un enfant qui n’a pas encore obtenu sa propre carte, comme c’était le cas de Paloma, la présentation de la carte d’assurance maladie valide de l’un des deux parents est suffisante pour obtenir des soins et des services. Selon la loi, il n’y a aucune distinction entre la carte de la mère ou celle du père, les deux offrant la même couverture en termes de soins et de services offerts. Et cette règle doit s’appliquer partout dans le réseau de santé du Québec.

Par conséquent, à la suite de l’enquête des responsables locaux de la qualité du service, des mesures d’amélioration ont été entreprises, entre autres, par les gestionnaires des cliniques et du département d’imagerie médicale que le père et sa fille ont visité. D’autres gestionnaires ont également été interpelés, dont ceux de l’admission, du centre de rendez-vous unique et du service de remplacement qui, en raison de leur mandat, interagissent avec un grand nombre d’usagers.Les responsables de ces services ont déjà fait des rappels aux équipes afin de les sensibiliser à la diversité des contextes familiaux. Les agents administratifs ont été avisés de demander la carte d’assurance maladie de l’un des parents et non uniquement celle de la mère.

En outre, le CHU Sainte-Justine a mis sur pied le Comité équité, diversité et inclusion, qui a pour mission d’offrir des avis et des recommandations sur les enjeux en matière d’équité, de diversité et d’inclusion touchant l’établissement.« On m’a assuré que nos suggestions par rapport à la communication inclusive seront transmises au comité », rapporte le père, bien heureux de ce dénouement rapide (moins de deux mois). « L’idée n’est pas d’enlever quoi que ce soit aux mères, mais de faire constater la diversité familiale et de traiter les pères équitablement.  Je dois aussi souligner que les infirmières et les autres spécialistes de la santé de l’hôpital font un travail incroyable. Et en plus, ils ont conclu que notre petit cœur est en pleine santé. Somme toute, c’est cela qui est le plus important. Je suis heureux d’avoir pu aider cette magnifique institution à faire encore mieux. Je suis très content qu’ils soient si ouverts aux changements. »

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