Kink Club

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La romance BDSM est particulièrement rare en français et la sortie des deux premiers tomes de la trilogie Kink Club n’est donc pas sans susciter curiosité et appétits chez les amateurs du genre ou même les simples curieux, surtout lorsqu’on retrouve en quatrième de couverture cette promesse : « la soumission offre la plus étourdissante des sensations ».

L’autrice, Dana Blue, avait jusqu’à ce jour surtout œuvré dans une romance plus traditionnelle, notamment celle axée sur les ados (Hearbeat). Rien de mal à ça, mais un virage à 180 degrés vers le BDSM avait de quoi surprendre même si elle avait précédemment touché à l’érotisme dans son roman Les Incubes de Manhattan.

Le pari est cependant remporté puisqu’elle prouve hors de tout doute qu’elle maîtrise bien le sujet. Dans le premier opus, intitulé Devil, on pénètre dans le Leather & Pleasure Club, chic antre new-yorkais spécialisé dans l’univers de la soumission et de la domination. Terrence pose sa candidature comme serveur, même si le milieu l’intimide : il a toutefois un urgent besoin d’argent et a épuisé toutes ses autres options.

Il cache cependant un sinistre trauma puisqu’il s’est récemment échappé d’une secte religieuse aux pratiques particulièrement brutales. Il tombe rapidement dans l’œil de Devil, un dominant réputé et craint par les autres membres du club, qui pressent que, au-delà du traumatisme qui l’habite et le retient, Terrence est fasciné par cet univers. Une relation (et un contrat) se noue progressivement entre les deux hommes, ponctués d’un apprentissage des codes du milieu et du corps de chacun.

Bien qu’on puisse tout d’abord être légèrement incrédule devant cette décision de Terrence, le récit met rapidement, et à dessein, en opposition la domination contrôlée et consensuelle du club au regard de celle, violente et coercitive, de la secte. Les scènes d’assujettissement alternent ainsi avec des moments de tendresse et de complicité.

Le second opus, Demon, propose une prémisse un brin plus crépitante puisqu’elle met en opposition Damien (ou Demon), le propriétaire du club, avec Cole Walker, un avocat belliqueux qui n’affiche que condescendance pour les « tapettes ». À la suite d’une altercation homophobe, Damien lui propose de l’initier aux plaisirs de la soumission et, bien qu’il promette de ne pas aviser les policiers s’il refuse, Cole craint tout de même le risque d’avoir un casier judiciaire.

Du moins, est-ce ce qu’il se dit pour se convaincre qu’il n’a pas vraiment le choix d’accepter. De son côté, Damien se régale déjà à l’idée de mettre à sa botte l’insolent juriste. Le seul bémol à son plan est que dans une relation BDSM, le pouvoir est partagé avec l’autre et que le dominateur pourrait donc y laisser un peu de sa superbe et ainsi révéler les faiblesses de sa propre armure.

Il y a certainement quelque chose de jouissif à voir un arrogant machiste réduit à zéro, ne serait-ce que lorsqu’il sent, contre sa peau, le collier de soumission qu’il est tenu de porter au travail. Le roman prend également grand soin de développer la psychologie des deux protagonistes et à progressivement en révéler les parts d’ombre. L’autrice détaille par ailleurs minutieusement les pratiques ainsi que les relations de pouvoir qui sont en place :

« Quand je suis ici… je joue un rôle et je laisse libre cours à tous les démons qui m’habitent dans le but de te libérer des tiens… Je serai cruel, et ni tes plaintes, ni tes protestations, ni tes gémissements ne m’arrêteront [mais] tu peux sortir d’ici à n’importe quel moment ».

Bref, la trilogie se révèle une incursion à la fois instructive, pétillante et à fleur de peau ! Les trois tomes de Kink Club, incluant Desire qui sort en mai, sont disponibles en librairie.

INFOS | Devil (Kink Club, 1) ; Demon (Kink Club, 2) ; Desire (Kink Club, 3) / Dana Blue. Paris : Harlequin, 2024, 278 p., 244 p., 270 p.

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