Céline Dion est toujours apparue comme une force de la nature portée par un souffle et une énergie à même de pulvériser tous les obstacles, quels qu’ils soient. La réalité était pourtant tout autre comme en témoigne avec brio le documentaire de Irene Taylor : I am (Je suis) Céline Dion.
Je dois avouer en avoir amorcé l’écoute avec un certain scepticisme, craignant de me retrouver devant un exercice marketing soigneusement travaillée autour du « dur combat » d’une chanteuse. Dès les premières secondes, on ne peut cependant que baisser les bras devant l’authenticité de la démarche.
Céline s’y présente sans fards, littéralement comme en témoignent ses joues creusées et ses traits fatigués, et se livre avec une honnêteté désarmante. On pourrait arguer que le choix de ne pas se maquiller témoigne d’une mise en scène, mais il participe plutôt d’une démarche sincère : celle de présenter la vérité sans la couvrir ou l’altérer.
Pendant des dizaines d’années, c’est grâce à diverses drogues qu’il lui fut possible de donner le change et de performer à onze sur dix, comme elle le dit si bien. Un mal inconnu la rongeait cependant, en coulisses, et le film n’hésite pas à présenter plusieurs de ses performances passées où il se manifeste progressivement. C’est alors et non maintenant que des artifices sont en place pour donner l’illusion d’une invulnérabilité. Une approche épuisante et stérile qu’elle se refuse dorénavant à emprunter.
On l’accompagne ainsi dans son quotidien et dans des confidences où elle ne fait pas qu’entrebâiller, mais ouvre grand les portes menant à son plus grand secret : sa vulnérabilité. En effet, c’est une chose que de lire, au détour d’un article, qu’elle est atteinte du syndrome de la personne raide (SPR), s’en est une tout autre que d’en contempler les affres.
Le documentaire présente d’ailleurs une longue scène, extrêmement difficile à contempler, où elle est agitée de spasmes, déformée par la douleur et réduite à n’émettre que de longs gémissements. Elle se relève pourtant et reprend son affrontement. Comme elle le déclare, si elle ne peut pas courir, elle va marcher et si elle ne peut marcher, elle va simplement ramper jusqu’à la scène.
Malgré un sujet tourmenté et des larmes qui l’agitent parfois, elle ne verse pas dans l’apitoiement et, au contraire, demeure toujours aussi spontané, n’hésitant pas à asséner un « osti » bien appuyé pour célébrer son amour d’une chanson.
Un portait intimiste comme on en a rarement vu!
Le documentaire I am (Je suis) Céline Dion est présenté en anglais avec sous-titres français sur Prime Video.