Mardi, 3 décembre 2024
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    Une étude met en lumière les besoins criants d’aide et de soutien des jeunes issus de la diversité sexuelle et de genre 

    Les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre subissent plus de violence, d’intimidation et de discrimination que le reste de la population, particulièrement les jeunes et les personnes trans ou non-binaires. C’est ce que démontre une importante enquête portant sur la diversité sexuelle et de genre au Canada, réalisée par la firme de sondage CROP, pour la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais.

    8 396 Canadiens et Canadiennes ont participé à cette étude, dont 7 481 sont issus de la diversité sexuelle et de genre. Parmi ces personnes, 1 309 ont indiqué s’identifier comme trans et 1 625 comme non-binaires. Si 8,6 % des personnes de 18 ans et plus s’identifient à la diversité sexuelle et de genre, cette proportion est presque deux fois plus élevée chez les 18-34 ans (16,5 %). 

    Cette nouvelle recherche fait suite au premier sondage pancanadien Réalités LGBT, conduit par la Fondation en 2017, afin de voir ce qui a évolué depuis sept ans. Ces données permettront notamment aux différents paliers de gouvernement de mieux déterminer leurs priorités et leurs plans d’action en lien avec la lutte contre l’homophobie et la transphobie. 

    Ouverture à la diversité 
    Le sondage réalisé en 2017 démontrait déjà une société canadienne à l’aise de côtoyer des personnes de la diversité d’orientation sexuelle. Le sondage de 2024 montre un plus grand degré d’ouverture encore. À preuve, la proportion de personnes se disant à l’aise de côtoyer des personnes de la diversité d’identité de genre est passée de 60 % en 2017 à 66 % en 2024. 

    Toutefois, la population canadienne a toujours relativement peu de rapports d’amitié avec des personnes issues de la diversité. Alors que 91 % des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre comptent des personnes homosexuelles, bisexuelles ou pansexuelles parmi leurs relations amicales, elles sont 46 % au sein de la population en général. Parmi les gens de la diversité, 60 % ont des amis trans ou non-binaires, comparativement à seulement 13 % de la population générale. 

    Acceptabilité sociale des manifestations affectives en public 
    La population canadienne est généralement plus prude que les gens issus de la diversité sexuelle et de genre. À titre d’exemple, la population est moins à l’aise lorsqu’elle voit deux personnes se tenir la main en public, spécialement lorsqu’il ne s’agit pas d’un homme et d’une femme. Plus précisément, environ une personne sur deux de la population est très à l’aise de voir deux femmes se tenir la main (57 %), deux hommes se tenir la main (50 %) ou une personne trans ou non-binaire tenir la main d’une autre personne (49 %). Parmi la diversité, environ 9 personnes sur 10 sont très à l’aise avec ces comportements (respectivement 91 %, 89 % et 87 %). 

    Acceptation sociale de la diversité 
    Quant à l’acception et à l’intégration de la diversité au sein de la société, 51 % de la population canadienne est d’avis que la situation s’est améliorée ces dernières années. Seuls 14 % estiment que les choses se sont détériorées. Or, la perception n’est pas du tout la même parmi les personnes de la diversité sexuelle et de genre : 39 % voient une amélioration, alors qu’une proportion équivalente (39 %) constate plutôt une détérioration. 

    Gradation et fluidité de l’identité de genre dans le temps 
    Pour mesurer la gradation de la fluidité de l’identité de genre, nous avons demandé aux participants au sondage de nous indiquer, sur une échelle en onze points (zéro à dix), s’ils se sentaient totalement masculin (0), autant masculin que féminin (5), totalement féminin (10), et tous les autres points intermédiaires. La moyenne obtenue pour les hommes canadiens cisgenres est de 1,8 sur 10. Chez les femmes cisgenres, elle est de 8,4 sur 10. Ces moyennes sont moins polarisées parmi les gens de la diversité puisqu’elles sont de 2,9 sur 10 pour les hommes cis de la diversité, et 6,8 pour les femmes cis de la diversité. L’identité de genre est donc moins polarisée et davantage plurielle parmi les gens de la diversité. 

    Fluidité de l’orientation sexuelle dans le temps 
    Les fantasmes sont un indicateur de la fluidité de l’orientation sexuelle. La nette majorité des hommes hétérosexuels cisgenres, soit 85 %, mettent en scène des femmes dans leurs fantasmes, tandis que chez les femmes hétérosexuelles cisgenres, 65 % pensent à des hommes. L’attrait pour des personnes du même sexe est plus présent chez les femmes hétérosexuelles cisgenres : 25 % disent avoir des fantasmes lesbiens, contre 10 % des hommes hétérosexuels cisgenres qui déclarent avoir des fantasmes homosexuels et 5 % avoir des fantasmes avec des personnes trans ou non-binaires. 

    Questionnement, acceptation et affirmation de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre 
    Les personnes de la diversité rapportent une plus grande fluctuation de leur orientation sexuelle dans le temps (57 %) que la population générale (16 %). Spécifions que la fluctuation rapportée est encore plus grande parmi les personnes bisexuelles, pansexuelles, queers et en questionnement et qu’elle est particulièrement élevée chez les plus jeunes, alors qu’elle atteint 71 % chez les 15-17 ans de la diversité. Parmi les personnes issues de la diversité, les hommes gays sont ceux chez qui l’orientation sexuelle a le moins fluctué dans le temps (28 %). Les questionnements relatifs à l’orientation sexuelle débutent habituellement à l’enfance (entre 6 et 12 ans : 29 %) ou à l’adolescence (entre 13 et 19 ans : 43 %). Plus rarement, cela se passe au début de la vie adulte (20-34 ans : 12 %). L’acceptation et l’affirmation suivent logiquement et se manifestent principalement à l’adolescence (40 % et 33 % respectivement) ou tout juste après (entre 20-34 ans : 33 % et 32 % respectivement). 

    Les questionnements relatifs à l’identité de genre débutent habituellement plus tôt que ceux sur l’orientation sexuelle. Le questionnement sur l’identité de genre débute souvent avant 13 ans. L’acceptation et l’affirmation suivent et se manifestent à l’adolescence ou tout juste après. 

    Pour les personnes de la diversité qui se sont ouvertes à leur entourage, l’accueil est généralement meilleur lorsqu’il est question de discuter de son orientation sexuelle que de son identité de genre. 

    Traitements médicaux chez les personnes trans et non-binaires 
    Des traitements hormonaux et des chirurgies sont rapportés respectivement à 76 % et 37 % chez les personnes trans, et 20 % et 13 % parmi les personnes non-binaires. Parmi les personnes ayant opté pour ces traitements, 53 % rapportent que l’accès à ces services fut difficile. 

    Un homme trans sur deux (48 %) a eu recours à la chirurgie afin de mieux vivre son identité de genre. On ne retrouve pas cette même proportion chez les femmes trans, dont seules 29 % ont opté pour une chirurgie. Si elles ont moins recours à la chirurgie, elles ont toutefois plus tendance à opter pour la prise d’hormones (81 % contre 72 % chez les hommes trans). Dans la tranche d’âge 25-34 ans, on retrouve 90 % des personnes trans qui ont opté pour les hormones et 45 % pour la chirurgie. Enfin, bien que ces traitements soient plus rares à l’adolescence, un peu plus d’un jeune trans de 15 à 17 ans sur quatre (28 %) a débuté la prise d’hormones. On observe également une faible occurrence de la chirurgie auprès des trans de ce groupe d’âge, soit 4 %. 

    Le Canada et la liberté d’expression de soi 
    Parmi les personnes de la diversité ayant déclaré ne pas être nées au Canada, 67 % estiment que leur venue au pays leur a permis d’exprimer plus librement leur identité de genre et/ou leur orientation sexuelle. 

    Les violences subies 
    Les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre sont davantage l’objet de violence et de discrimination. Au cours des 12 derniers mois, 23 % de la population générale au pays a vécu de la violence, tandis que pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre, ce pourcentage s’élève à 46 % (à vie, 69 % de la population canadienne a connu une forme de violence ou de discrimination, comparativement à 89 % pour les personnes de la diversité). Ceci laisse croire que, malgré l’évolution positive de l’acceptation des personnes issues de la diversité, ces dernières sont encore beaucoup la cible de violence. D’ailleurs, l’apparence physique (18 %), l’identité de genre et l’orientation sexuelle (tous deux à 15 %) sont les motifs principaux des violences et discriminations rapportées. 

    Soutenir des programmes contre les violences en milieux de travail et scolaire 
    Le lieu de travail et les établissements scolaires sont des lieux à surveiller de plus près en ce qui a trait aux violences et aux discriminations. Ces lieux sont rapportés au total dans 24 % des cas du dernier épisode de discrimination ou de violence. Dans 18 % des cas, l’agression subie par les personnes de la diversité sexuelle et de genre était le fait de collègues de travail ou d’études. Près d’un jeune âgé entre 15 et 17 ans sur deux (46 %) ayant subi de la violence au cours des 12 derniers mois affirme que l’épisode s’est déroulé au sein ou à proximité d’un établissement scolaire. Afin de contrer les violences vécues par les jeunes issus de la diversité sexuelle et de genre en milieu scolaire, nous recommandons de créer des programmes spécifiques et des mesures éducatives pro-diversité axés sur des apprentissages sociaux et émotionnels chez tous les jeunes. 

    Bonifier les cours d’éducation à la sexualité à l’école 
    La bonification des cours d’éducation à la sexualité est identifiée, tant par les personnes de la diversité que par la population canadienne en général, comme l’action qui serait la plus utile pour favoriser le bien-être et l’intégration des personnes de la diversité sexuelle et de genre. D’autant que la majorité des jeunes commencent à se questionner sur leur orientation sexuelle durant la période de fréquentation scolaire (soit entre 6 et 19 ans) et à se questionner sur leur identité de genre durant l’enfance, entre 6 et 12 ans, ou l’adolescence, entre 13 et 19 ans. 

    Élaborer des mécanismes de prévention et de contrôle de la violence sur le Web 
    Le Web est une plateforme utile pour les personnes de la diversité sexuelle et de genre, qui y voient un environnement positif permettant le développement de soi. Une personne sur deux (52 %) soutient que les sites de réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok) sont bénéfiques dans l’apprivoisement, l’acceptation ou l’affirmation de leur identité de genre et leur orientation sexuelle. Malgré ces avantages, Internet est également un endroit où les personnes de la diversité sexuelle et de genre subissent de l’intimidation et de la violence. Les personnes de la diversité sont trois fois plus victimes de cyberviolence que le reste de la population (32 % contre 10 %). Et si on se concentre sur les 12 derniers mois, ce sont les personnes trans (26 %) et les plus jeunes de la diversité (25 % chez les 15-17 ans) qui en sont le plus souvent les victimes. 

    Instaurer des mesures d’aide aux personnes de la diversité et faciliter l’accès à du soutien en santé mentale 
    De nombreuses personnes de la diversité sexuelle et de genre évaluent négativement l’état de leur santé mentale. Davantage de personnes de la diversité rapportent un état de santé mentale « passable » ou « mauvais » (60 % parmi elles contre 32 % pour la population canadienne). Le niveau de stress est aussi plus élevé parmi les personnes de la diversité (6,5/10) que parmi la population canadienne (5,3/10). 

    Dans le même ordre d’idées, les personnes de la diversité sont deux fois plus nombreuses à avoir reçu un diagnostic de dépression (respectivement 49 % contre 26 % parmi la population) ou de trouble anxieux (respectivement 48 % contre 26 %). Le constat est le même pour les problèmes de dépendance (21 % parmi les personnes de la diversité contre 12 % dans la population) et les troubles alimentaires (20 % parmi les personnes de la diversité contre 8 % dans la population). Soulignons que 4 personnes de la diversité sur 10 (40 %) révèlent avoir eu des idées suicidaires au cours des 12 derniers mois, c’est trois fois plus que parmi la population canadienne (12 %). C’est pourquoi il serait important d’instaurer des mesures d’aide aux personnes de la diversité et de faciliter leur accès à du soutien professionnel en santé mentale, notamment pour les plus jeunes, les personnes trans et les non-binaires, qui sont les plus touchées. 

    Plus de la moitié (58 %) des personnes de la diversité évaluent les ressources d’aide qui leur sont disponibles comme étant insuffisantes. 

    « Lorsque les idées suicidaires touchent quatre personnes sur dix faisant partie de la diversité sexuelle et de genre, il est absolument crucial de passer à l’action sans délai ; nous parlons ici clairement d’une situation de vie ou de mort», a déclaré Jasmin Roy, président de la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. «De telles pensées suicidaires ont un lien direct avec les violences physiques ou psychologiques que subissent les jeunes de la diversité sexuelle et de genre, violences que notre étude met en lumière. Notre sondage révèle que ces jeunes lancent plus qu’un cri du coeur : il s’agit d’un SOS. Cela souligne à quel point les différents paliers de gouvernement doivent réagir pour répondre à cet appel de secours. De jeunes vies sont en jeu. » 

    Consultez le rapport complet : Pour consulter le rapport complet du sondage Diversité sexuelle et de genre au Canada publié par la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais, veuillez suivre ce lien : fondationjasminroy.com 

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