Micah McLaurin avait déjà une carrière bien entamée dans le monde de la musique classique avant de se lancer dans la pop. Le chanteur et pianiste américain, qui est passé par la très prestigieuse école Juilliard, a multiplié dans la dernière décennie les honneurs et les apparitions auprès de différents festivals et orchestres, dont l’orchestre de Philadelphie. L’appel de la pop a toutefois mené Micah McLaurin à sortir des morceaux modernes et énergiques — bien que parfois teintés de piano — au cours des dernières années, dont les chansons Don’t Give Up on Love, Let’s Go to France et Call Me. Le tout, bien souvent accompagné d’un visuel épuré et de vidéos éclatées.
As-tu toujours su que tu allais faire de la pop ? Comment es-tu passé du classique à la pop ?
Micah McLaurin : Je pense qu’il y avait une pulsion en moi qui me poussait à le faire et je me le refusais en quelque sorte, parce qu’en musique classique on dit toujours : « Faites une chose et c’est tout ce que vous pouvez faire si vous voulez la faire vraiment bien ». Et j’ai toujours voulu être compositeur depuis mon plus jeune âge, mais je me disais […] : « Je ne serai pas le prochain Chopin, alors à quoi bon ? » Alors je me suis contenté de jouer la musique des autres. Et puis je me suis dit : « Est-ce que je vais être le prochain Lady Gaga ? Probablement pas. » Alors je me suis dit : « Pourquoi s’embêter avec la pop ? »
Mais lorsque j’ai commencé à arranger des chansons pop au piano, je suis devenu de plus en plus curieux. Je me suis dit qu’il fallait que j’écrive au moins une chanson pop. Mon producteur m’a organisé une séance de travail. J’ai trouvé cela très amusant. J’ai adoré le processus. J’ai voulu en faire de plus en plus et je me suis dit : « Voyons jusqu’où je peux aller ». Lorsque j’ai écrit la chanson Don’t Give Up on Love et que je l’ai entendue en studio, j’ai eu envie de continuer à faire de la pop, car j’ai ressenti un profond changement émotionnel à l’intérieur de mon corps.
En faisant un virage vers la pop, sens-tu que tu as en quelque sorte renié le style classique ?
Micah McLaurin : Je ne dirais pas que je le rejette [le style classique]. Je dirais plutôt que je l’enrichis. Je ne me débarrasse de rien de ce que j’ai fait. Je ne me débarrasse pas du piano, je ne fais que l’enrichir. Et je pense que cela améliore l’ensemble. Cela donne une perspective différente. Ça fait apprécier davantage [le style classique] parce qu’on le fait par choix plutôt que parce que c’est la seule chose que l’on connaisse.
La mode et le souci de l’esthétisme semblent être une partie importante de ton offre artistique. D’où cela vient-il ? Quelles sont tes inspirations ?
Micah McLaurin : Je pense que cela vient de plusieurs choses. Je pense que cela s’est développé pour la première fois lorsque j’ai quitté Charleston, ma ville natale [en Caroline du Sud]. J’ai déménagé à Philadelphie et j’ai commencé à magasiner. J’allais dans les magasins et je voyais des choses étincelantes chez Versace. Mon cœur battait fort. Et c’est à partir de là que tout s’est développé. Je pense que c’était une façon de m’exprimer qui me semblait sûre, sans risquer de montrer trop de choses à l’intérieur. C’était une façon d’exprimer ce qui est à l’intérieur à l’extérieur. Je pense que j’ai commencé à le faire en réaction à la façon dont j’ai grandi, qui était très conservatrice. Ensuite, j’ai été influencé par des artistes comme Lady Gaga, qui m’a obsédé à l’adolescence, et Liberace, que je n’ai connu que plus tard. J’ai l’impression que, d’une certaine manière, nous sommes liés parce que j’ai toujours aimé les mêmes choses que lui et que les gens m’ont dit : « Oh, c’est comme Liberace ! ». Ils n’arrêtaient pas de prononcer son nom. J’ai donc commencé à regarder ses vidéos et j’ai comme eu l’impression d’être lui. [Mon rapport avec la mode et l’esthétisme] a évolué avec le temps. Il a évolué lorsque j’ai déménagé à New York et que j’ai travaillé avec différents créateurs. Cela fait vraiment partie de mon expression artistique.
Malgré les changements majeurs des dernières années, sens-tu qu’il manque encore de représentation LGBTQ+ masculine en musique ?
Micah McLaurin : Je pense qu’il y a eu une progression. Mais je pense que les gais en particulier idolâtrent les icônes féminines et je ne sais pas quelle en est la raison psychologique, mais je dirais que je trouve qu’il y a une sorte de manque d’icônes gaies masculines. Je ne sais pas si c’est correct de dire ça… Je pense que c’est en train de changer et qu’il y a beaucoup plus de représentation dans les médias. Et la culture adopte en quelque sorte la culture gaie et le gay slang dans le mainstream.
En vue des nombreux singles que tu as sorti, comptes-tu sortir un album ?
Micah McLaurin : Je travaille sur beaucoup de musique et je ne sais pas encore si ce sera un EP, un album ou juste des singles. Je pense que c’est un peu comme si l’histoire était encore en cours, donc je n’ai pas encore réalisé ce qu’elle allait être. Mais j’ai beaucoup de musique à venir.
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