Jeudi, 16 janvier 2025
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    La dernière communion, la comédie sur les religieux qu’on a aimée plus qu’on pensait!

    Avant même d’arriver en ondes, La dernière communion a été récompensée du Prix coup de cœur Fonds Bell du Festival international de cinéma en Abitibi-Témiscamingue. Racontant le destin de trois religieux septuagénaires (Guy Jodoin, Fayolle Jean, Jean-Pierre Bergeron) qui, après la fermeture de leur institution, doivent recommencer leur vie, faire leur place sur le marché du travail, apprivoiser les applications de rencontres (bonjour Grindr!), perdre leur virginité ou retrouver un amour d’enfance, la série sera diffusée dès le 6 décembre sur le site web de Télé-Québec. Fugues a discuté du projet aussi lumineux que comique avec Eli Jean Tahchi, réalisateur et co-scénariste du projet avec Myriam Farsaoui.

    Comment a émergé cette idée?
    Eli Jean Tahchi : À l’INIS, en 2019, j’ai réalisé un documentaire sur une église dans Hochelaga qui fermait ses portes. J’ai découvert ce qui se passait dans les coulisses de vente d’une église. Ça m’a touché particulièrement, car je viens d’une famille chrétienne au Liban, j’ai grandi dans un village où l’église occupait une présence importante et je participais à toutes ses activités. Ce n’était pas en lien avec ma croyance, mais plus culturellement. J’étais touché par le sort des églises. Depuis mon arrivée au Québec, j’ai compris ce que l’Église a fait pour la société et son côté sombre, mais je voulais montrer des personnages qui voient leur monde s’effondrer et les découvrir hors de leur institution. Ensuite, avec Myriam, on a imaginé ce sujet-là en fiction. On a voulu raconter le coming of age de frères religieux qui, à 70 ans, essaient de recommencer leur vie.

    Quels étaient les défis de réaliser ta première série de fiction?
    Eli Jean Tahchi : C’est vrai que je suis plus connu dans le monde du documentaire, surtout en courts-métrages. C’était un grand défi qui venait avec beaucoup d’inquiétudes. Oui, j’ai fait des courts métrages de fiction avant, mais ils n’ont pas circulé autant que mes documentaires. C’était la première fois que j’écrivais de la comédie, et comme j’ai grandi au Liban, mon sens de l’humour est différent parfois. Je ne savais pas si ça allait connecter avec le public québécois. En plus, je collaborais avec des diffuseurs et une boîte de production (Roméo et fils) avec laquelle je n’avais jamais travaillé. C’était beaucoup de défis et d’excitation. J’ai hâte que les gens voient le résultat.

    Peux-tu nous présenter chacun des frères, en commençant par Paul (Guy Jodoin)?
    Eli Jean Tahchi : Paul est calme et docile. Il représente l’évolution de la société québécoise sur les questions LGBTQ+. Comme il a grandi dans les années 1960, il n’a pas pu vivre son homosexualité pleinement. L’église lui semblait plus sécuritaire que la société pour être
    lui-même. Il a caché son homosexualité durant des années. En sortant, la société a changé, tout comme les façons pour trouver l’amour. Il essaie d’explorer son identité, de trouver un amant, de perdre sa virginité et d’apprivoiser les applications de rencontres.

    Et les deux autres?
    Eli Jean Tahchi : Pierre (Jean-Pierre Bergeron) est plus autoritaire et il ne montre pas beaucoup ses émotions. Derrière sa carapace, il a refoulé un amour de jeunesse très important pour entrer dans l’église. Jean (Fayolle Jean) est un frère d’origine haïtienne qui voulait être dans l’église pour servir la communauté. C’est quelqu’un qui aime beaucoup preacher et qui a une passion pour la poésie. Quand il se trouve un travail, il rencontre le jeune Max qui le pousse à utiliser son amour des mots pour commencer à rapper.

    La série mise sur plusieurs autres interprètes de renom comme Louise Portal, Karina Aktouf et Claire Jacques. Comment était-ce de diriger toutes ces personnes avec autant d’expérience?
    Eli Jean Tahchi : En phase de scénarisation, Myriam et moi pensions à qui pourraient jouer nos personnages. Elle a grandi en regardant la télévision québécoise, contrairement à moi. Je connaissais les visages et les noms, mais je n’ai pas grandi en regardant Guy Jodoin. Cela dit, comme réalisateur, c’est intimidant de commencer avec ces grands noms qui ont beaucoup d’expérience, mais dès que je les ai rencontrés, ils m’ont accueilli avec beaucoup d’ouverture.

    La série n’est pas trash, mais elle fait vivre certaines choses audacieuses aux frères. À quel point ça vous amusait d’explorer ces directions-là?
    Eli Jean Tahchi : Beaucoup! On voulait mettre nos personnages dans des situations drôles, tout en restant dans le respect et la bienveillance. Dès le départ, j’ai expliqué à tous les collaborateurs qu’on ne faisait pas une parodie; je ne voulais pas me moquer des personnages. Je préférais raconter leur histoire dans la légèreté. On sait que l’idée de regarder une série sur des religieux peut rebuter certaines personnes, alors on voulait produire une comédie qui peut rallier toutes les générations.

    Le trio aboutit chez Aïcha (amie d’enfance de Pierre), dont le neveu est queer. Paul fait ses premiers pas sur Grindr, dans le monde du dating et de l’homosexualité. C’est très divertissant! Était-ce un choix de ne pas dramatiser?
    Eli Jean Tahchi : On voulait s’éloigner du drame, car il y a beaucoup de préjugés négatifs envers les prêtres. On les connaît tous. On préférait montrer une personne qui a le désir de faire ses premiers pas et illustrer un clash d’époques. Paul est bien conscient qu’il est gai, mais le fait d’utiliser des applications et de découvrir toutes les catégories de nos communautés, ça exige beaucoup d’adaptation. Et le ton de la comédie permettait de faire ça de manière bien plus agréable.

    Le public pourra également écouter/regarder La dernière communion – le balado, animé par le collaborateur du Fugues, Samuel Larochelle. Qu’est-ce que c’est?
    Eli Jean Tahchi : Le balado, outre son utilité à promouvoir la série, permet d’ouvrir la discussion sur de véritables personnes qui ont pris des décisions courageuses à un âge avancé. Au-delà du lien entre nos personnages et l’église, le cœur de la série, selon moi, c’est d’oser un immense changement tard dans sa vie. Le balado parle de grands changements de carrière, de transition de genre, de retrouver l’amour après 50 ans de couple, etc. On veut encourager d’autres gens à faire ce pas-là, parce qu’il n’est jamais trop tard.

    INFOS | Dès le 6 décembre, Télé-Québec présente La dernière communion

    Le Fonds des médias du Canada a collaboré à cette série à travers le programme FMC-IPF développement de séries de fiction de format court

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