Vendredi, 17 janvier 2025
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    Ma petite pouliche : Intimidation, comment protéger son enfant

    Ce sont des parents qui tentent de protéger leur fils contre l’intimidation. Chacun ayant défendant sa position qui s’oppose à celle de l’autre. En jeu, leur fils de neuf ans, exclu de l’école parce qu’il portait un sac à dos My Little Pony qui lui valait des remarques et des attaques physiques de la part de ses pairs. Parents, école, chacun pense avoir la meilleure réponse pour lutter contre l’intimidation. L’enjeu de Ma petite pouliche, pièce présentée au Théâtre La Licorne, du 3 au 21 décembre, dans une mise en scène de Louis-Karl Tremblay, avec sur scène, Évelyne Rompré et Bruno Marcil dans le rôle des parents. 

    L’histoire s’inspire d’un fait réel qui s’est déroulé en 2014 aux États-Unis. Un jeune garçon renvoyé de son école pour éviter qu’il subisse de l’intimidation. Le dramaturge Paco Bezerra en a tiré une pièce El pequeño poni, créée en 2016. Traduite en de nombreuses langues, la pièce est régulièrement présentée et suscite de nombreuses réflexions sur le système scolaire et la sécurité offerte aux enfants qui s’écartent des normes genrées. Le sujet est difficile et les solutions pas toujours évidentes.

    Un coup de foudre pour Louis-Karl Tremblay quand il prend connaissance du texte par hasard. « Je me suis tout de suite interpellé par la question de l’intimidation parce que beaucoup de gens LGBTQ l’ont vécu, comme moi-même je l’ai vécu, et me suis rendu compte que n’acceptant pas la différence, commente Louis-Karl Tremblay, comment on nie cette violence, on l’invisibilise sans apporter de soutien aux enfants qui subissent cette violence ». 

    Louis-Karl Tremblay

    Le texte de Bezerra met en lumière aussi une problématique qui ne cesse de faire débat aujourd’hui, celle de la provocation. On considère que de s’écarter de la norme établie, en s’habillant différemment, en portant comme ici un sac à dos considéré comme un accessoire féminin constituerait une forme de provocation qui légitimerait la manifestation de la violence de la part des étudiant.e.s.

    « Est-ce que l’on demanderait à des parents de couper les cheveux trop longs de leur fils pour qu’il ressemble plus à un gars, continue Louis-Karl Tremblay, comme si ses cheveux trop longs pourraient être perçus comme de la provocation ». En somme, l’élément perturbateur serait l’enfant ostracisé et non plus ceux qu’ils l’ostracisent. La victime devenant en quelque sorte le coupable. 

    Un absent tellement présent

    Avec Ma petite pouliche, on assiste à un huis-clos. Seuls les parents sont sur scène, et l’on imagine l’enfant, dont il est question, enfermé dans sa chambre. Ce sont les peurs, les attentes, les réflexions des parents qui s’expriment. Entre autres, la mère qui s’inscrit dans la vision de l’école et qui souhaite pour protéger son fils qu’il se conforme aux attentes de l’institution, qu’il renonce à son sac à dos. Le père adopte une position opposée et s’en prend à l’école qui doit offrir un espace sécuritaire. «L’intelligence de Bezarra dans son texte, c’est qu’il ne pose aucune étiquette sur l’enfant, confie Louis-Karl Tremblay, on ne sait s’il est gai, non-binaire, s’il se considère plus fille, ou plus gars, en voie de changement de genre, ou peut-être lui-même ne le sait pas, on parle d’un enfant d’une dizaine d’années. C’est donc la perception des autres, ici celles des parents, sur la différence et tout ce que cela convoque dans notre perception de l’Autre. En fait, cela confronte le public avec ses propres biais inconscients sur sa perception sur le genre ». 

    Et l’enfant dans tout cela. Comme trop souvent, il n’a pas droit au chapitre. On parle de lui, de ce que l’on croit savoir de lui, de ce que les autres pensent et disent de lui mais on ne lui donne pas la parole. Ce qu’il pourrait dire n’a donc aucune valeur et les décisions seront prises sans tenir compte de son avis. Ce qui peut constituer une autre forme de violence. Comme le souligne Louis-Karl Tremblay, dans cette configuration, on peut se demander si la sphère privée peut ne plus être un espace sécuritaire pour l’enfant. Une autre façon de le nier et de l’invisibiliser. 

    Pour aller plus loin sur le sujet, Louis-Karl Tremblay a demandé à Projet Ensemble pour le respect de la diversité de participer à des discussions avec le public à la suite des représentations. Une manière de rappeler que de nombreux organismes travaillent à améliorer l’inclusion de la diversité dans les établissements d’enseignements. 

    Ma petite pouliche, une pièce qui a donc aussi une valeur pédagogique à l’adresse de tous et toutes et pas seulement pour les parent.e.s et les enseignant.e.s

    INFOS : Ma petite pouliche, Paco Bezerra, traduction Stéphanie Cardi, dans une mise en scène de Louis-Karl Tremblay. Création du Théâtre Point d’Orgue.

    Au Théâtre La Licorne, du 3 au 21 décembre 2024. Billets : theatrelalicorne.com 

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