Mardi, 20 mai 2025
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    Enfin un sursaut salutaire

    Peut-être que le 17 mai prochain marquera un tournant pour nos communautés en termes d’affirmation. Que nos voix se fassent entendre et suscitent plus de solidarité aussi bien de la part de la population que de nos décideurs. Après tout, le Québec et le Canada sont attachés aux droits de la personne, ainsi qu’à la justice et à l’égalité.

    On a parfois tendance à l’oublier quand il est question d’immigration ou encore pour celles et ceux qui cherchent à demander la protection du Canada. L’Effet Trump, diront certain.e.s. Effectivement, un tsunami s’est abattu au sud depuis l’élection de Donald Trump, et parmi les décisions qu’il prend certaines ont déjà des conséquences désastreuses pour les personnes LGBTQ. Sans compter que ses décisions donnent de l’assurance à d’autres gouvernements pour, eux-aussi, restreindre les droits et la protection des personnes LGBTQ.

    La Fondation Émergence avait déjà sonné le signal d’alarme, en 2024, avec sa campagne autour de la Journée de lutte contre l’homophobie et la transphobie, concernant une éventuelle réélection de Trump. Pourtant bien avant la publication du rapport du GRIS-Montréal sur le recul de l’acceptation des personnes LGBT par les jeunes ou encore d’Interligne sur les messages haineux reçus au début de 2025, tous les signaux étaient au rouge.

    Depuis quelques années, les discours anti-LGBTQ se sont radicalisés et prolifèrent sur les réseaux sociaux. Ces mêmes discours sont repris par de nombreux gouvernements européens, de façon plus élaborée, mais restent tout aussi dangereux, et cela ne date pas de l’élection présidentielle américaine.

    Au Québec, à la fin 2023, les tergiversations du gouvernement sur comment répondre à l’opposition de groupes réactionnaires au sujet des toilettes non-genrées et de l’accès aux soins pour des jeunes qui souhaitaient transitionner, auraient demandées une réponse plus nette, plus claire, plus ferme. D’autant plus que le même mois ce gouvernement dévoilait aussi — par la voix de la ministre Martine Biron, en charge du bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie — le Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie pour la période de 2023-2028. Une contradiction pour beaucoup.

    Pour ne pas polariser une question épineuse, le gouvernement a préféré créer un Comité des sages, chargé de produire un rapport guidant le gouvernement dans ses choix. Le Rapport de ce fameux comité devrait être rendu public en mai.

    Il est de bon ton de dire aujourd’hui de la part des organismes communautaires qu’ils se sont opposés à la création de ce comité. Chacun rappelant une ou deux déclarations données par ci par là, mais disons que les voix étaient un peu clairsemées et n’émanaient pas d’une réponse organisée et collective, avec, par exemple une déclaration de l’ensemble de tous les organismes communautaires LGBTQ du Québec demandant au gouvernement de ne pas aller de l’avant avec le Comité des sages.

    Nous n’avions pas «le rapport de force suffisant» à ce moment-là «pour faire fléchir le gouvernement», m’ont déclaré sous le sceau de la confidentialité certains responsables d’organismes. Nous ne pouvions aller plus loin ont-ils ajouté, et nous avons préféré collaborer en espérant que nous serions écoutés par le Comité des sages. Une stratégie qui se tient.

    Il n’en reste pas moins que cela exprime que les organismes communautaires n’arrivent plus à trouver un consensus quand des enjeux, qui les touchent de plein fouet, se présentent. Les raisons de ce fameux manque de consensus sont multiples. Des idéologies radicales de certain.e.s, d’engagement dans d’autres causes qui suscitent des polarisations au sein même de nos communautés, ou encore la peur de perdre des subventions, d’une apathie comme quoi tout va bien (mieux ici) au Québec, ou encore d’un malaise ressenti face à la question des jeunes trans. Les raisons sont multiples. Espérons que le grand rassemblement du 17 mai, organisé par la Fondation Émergence en collaboration avec Fierté Montréal, nous donne l’heure juste sur l’état de notre pouvoir dans la protection et la promotion de nos droits.

    Les Personnes alliées
    Il est un fait historique que, depuis la naissance des luttes LGBTQ, nous avons dû compter sur nous-mêmes, mais les plus grandes avancées n’ont pu se faire qu’avec le soutien et la solidarité de ces fameux allié.e.s. Que ce soient des individu.e.s qui font partie de la population, que des grandes centrales syndicales, du monde communautaire et même parfois d’institutions privées. Comme me le disait Réal Ménard quand il était député : « Les gouvernements sont parfois aveugles, mais ils ne sont pas sourds ».

    En étant allié.e.s, ce n’est pas seulement nos communautés qu’ils et elles défendent mais une certaine idée des droits de la personne. Aux États-Unis, ce sont aux transgenres que l’on s’en prend, mais on le voit, ce sont aussi aux droits des femmes, aux immigrants menacés d’expulsion même si certains ont un statut légal. En se déplaçant le 17 mai, ces fameuses personnes alliées ne soutiendront pas que leur fils, leur nièce, l’enfant trans d’un voisin, ou encore des collègues, ce jour-là, elles affirmeront aussi fièrement leur attachement à l’état de droit, aux valeurs défendues par l’ensemble de la population et qui touchent la dignité de chacun et de chacune. Ce coup de semonce donné par Trump vient peut-être de nous réveiller. Nous devons rester toustes vigilant.e.s et solidaires et nous retrouver uni.e.s à la Place des festivals le 17 mai prochain.

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