Mardi, 20 mai 2025
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    Le Conseil québécois LGBT, inquiet, mais proactif malgré le départ de son directeur général

    À l’automne 2023, James Galantino prenait les rênes du Conseil québécois LGBT. Aujourd’hui, il quitte son poste et comme il nous le fait remarquer au début de notre rencontre, sa première entrevue comme directeur de l’organisme avait été pour le magazine Fugues et sa dernière aussi. Loin de vouloir insister sur les bons et les moins bons coups du Conseil au cours de son mandat, James Galantino, inquiet comme beaucoup de la montée des discours haineux ou encore des décisions prises par des gouvernements ouvertement homophobes et transphobes, préfère parler des actions à venir.

    Impossible de ne pas revenir sur cette année qui voit un net recul de l’acceptation des minorités sexuelles et de genre dans le monde, mais aussi au Québec. Impossible de ne pas revenir sur le « Comité des sages » et son rapport concernant les jeunes personnes souhaitant transitionner. Un rapport qui devrait être, sous toute réserve, rendu public fin mai.
     
    Sur le site du Conseil québécois LGBT, vous avez déposé plusieurs documents qui composent ce que serait, selon vous, Le Rapport idéal concernant les jeunes personnes trans. N’est-ce pas montrer que vous ne donnez pas un chèque en blanc au fameux rapport à venir, que vous pourriez ne pas être en parfait accord avec le contenu 
    James Galantino : Dans les dernières semaines, nous avons réitéré nos inquiétudes et rappelé nos besoins, tels que nous les avons exposés au « Comité des sages » lorsque nous avons été consultés. Quand le rapport du Comité sera rendu public, on pourra comparer ce dernier avec ce que nous avons demandé au « Comité des sages ». Nous voulions que le public soit informé sur nos positions, notre rôle et la façon dont s’est passée la collaboration avec les membres du Comité, l’influence que nous avions eue et les limites de notre rôle. Une question de transparence pour nous. Le « Comité des sages » avait son autonomie pour décider du contenu du rapport, de notre côté nous rappelons notre autonomie pour le commenter.
     
    La mise en place de ce « Comité des sages » par le gouvernement Legault à l’automne 2023 n’a pas fait l’unanimité des groupes LGBTQ+, vous avez fait le choix de collaborer avec cette instance ?
    James Galantino : Dès l’annonce de sa mise en place, nous avons dénoncé l’existence de ce Comité, entre autres sa composition, son mandat, cela a été dit et redit dès le début. Mais, quand nous avons vu qu’il se mettait en place, nous avons préféré que cela ait lieu avec nous que sans nous, pour avoir une relation privilégiée, d’autant que le mandat du Comité a été modifié pour que nous soyons amené.e.s à collaborer. Nous avons eu des rencontres très fréquentes avec le Comité, parfois mensuelles, parfois aux deux semaines.

    Nous avons pu ainsi influencer ce rapport pour que ce rapport soit le plus bénéfique pour nos communautés. Il fallait que l’on soit là et je crois que nous avons eu un poids dans la décision et que nous avons bien joué notre rôle comme représentant.e.s. Je pense que c’était le rôle du Conseil LGBT. Je comprends que, pour beaucoup, ce n’était pas le meilleur choix stratégique, mais dans notre mission au Conseil LGBTQ, il était important qu’on y soit, même si nous pensions que sa création n’était pas la bonne réponse pour répondre à la polarisation sur les enjeux des questions de genre. Nous avons pensé qu’il valait mieux qu’il y ait quelqu’un que personne, même si nous étions contre l’existence de ce Comité.
     
    Depuis plus d’un an, on assiste à la montée des discours haineux et on ne voit pas de réponse forte et solidaire, ou encore concertée de la part des organismes communautaires, si ce n’est depuis trois mois, des amorces de réponses.
    James Galantino : C’est la question qui est sur ma table et qui me hante depuis un an et demi, depuis que je suis en poste. Avec les moyens limités que l’on a, il est difficile d’en faire plus et surtout plus rapidement. Les résultats des enquêtes du GRIS-Montréal et d’Interligne ne nous surprennent pas, mais ce sont des données qui donnent un portrait de la réalité et sur lesquelles se fonder pour envisager des actions plus fortes. Une des récentes initiatives du Conseil québécois LGBT, c’est la Coalition contre la haine pour aller chercher plus de financement, avec l’idée d’aller chercher des allié.e.s dans le milieu associatif, corporatif et privé, les syndicats.

    Nous avons avantage à mobiliser nos allié.e.s, pour ne pas être seul.e.s. Les dossiers nous prennent beaucoup de temps et d’énergie, comme la réponse au « Comité des sages » quand il aura rendu son rapport, ou encore avec l’élection d’un nouveau gouvernement fédéral pour s’assurer qu’il ait à cœur les enjeux de nos communautés, nous avons besoin de ressources pour répondre à tout cela. Nous avons aussi des projets que l’on veut plus structurants, comme le projet qui s’appelle Fausses nouvelles, vrais impacts, qui porte sur la désinformation qui circule rapidement sur les réseaux sociaux. Donc, une campagne pour contrer les discours, mais aussi pour mieux outiller nos membres à prendre soin d’eux-mêmes. Nous avons besoin de plus d’actions concertées et gouvernementales qui s’attaquent spécifiquement à ces mouvements de radicalisation, créer un plus grand mouvement pour obtenir des fonds supplémentaires, pour organiser une réponse.
     
    Parlant du gouvernement, la ministre responsable du Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie, Martine Biron, s’inquiétait de la montée de la haine, comme elle le soulignait lors de la présentation du 2e Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie, en mars 2023. Or, il n’y a jamais eu, de la part de son bureau ni même du gouvernement, de réponses ou d’actions pour contrer ce recul ?
    James Galantino : J’ai eu une rencontre avec Martine Biron en janvier dernier, où on lui demandait d’avoir des prises de position publiques qui soient plus fermes dans le soutien et la non-acceptation de la violence et des discours haineux envers nos communautés.

    Effectivement, nous avons besoin de leadership gouvernemental et de courage politique, en fait pour affirmer plus fermement et plus régulièrement que la violence et les discours haineux n’ont pas leur place au Québec.

    On continue de pousser dans ce sens. Je sais que Martine Biron est très sensible à cette demande. On a une bonne relation avec le cabinet de madame Biron et celui-ci nous réitère son intention de prendre la parole contre l’homophobie et la transphobie. Cependant, malgré le nouveau Plan de lutte (déposé en mars 2023) et les sommes historiques allouées aux organismes, devant le recul auquel on assiste, c’est encore insuffisant. Il y a une campagne gouvernementale qui est en cours de préparation et qui va sortir. Cette campagne était incluse dans le Plan de lutte contre l’homophobie et la transphobie et nous l’attendons avec impatience. Le Conseil québécois LGBT continue de porter les voix de nos communautés pour informer et influencer le gouvernement pour que des décisions soient prises et que des changements soient apportés.

    INFOS | Le Conseil québécois LGBT
    https://conseil-lgbt.ca

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