L’élection de 2025 se déroule dans un contexte marqué par la multiplication des menaces contre les droits des communautés LGBTQ+. En Alberta et au Nouveau-Brunswick, des politiques restreignant les droits des jeunes trans ont été proposées ou mises en œuvre. Au Québec, un comité de « sages » – composé de 3 personnes non-concernées et sans expertise sur la question – a été mandaté pour produire un état des lieux sur l’identité de genre. Aux États-Unis, les droits des personnes trans et non-binaires sont progressivement affaiblis par une série de décrets présidentiels. Partout en Occident, on assiste à une montée alarmante de la haine, de l’intolérance et de la désinformation.
Dans le cadre de la campagne en vue des élections fédérales, le Conseil québécois LGBT en a profité pour réitérer 13 revendications importantes pour les communautés LGBTQ+.
1. Pas de recul
Que le gouvernement élu s’engage à lutter contre toute forme de recul de droit des personnes LGBTQ+ en faisant appliquer la Charte canadienne des droits et libertés.
2. Un·e ministre pour Femmes et Égalité des genres
Que le gouvernement élu nomme un·e ministre indépendant·e à la tête de Femmes et Égalité des genres afin d’assurer un ministère fort, légitime et capable de traiter les enjeux avec la priorité et la diligence nécessaires. Nous avons besoin d’un ministère entièrement dédié à la défense des droits des femmes et des personnes trans et non-binaires — des droits qui ne sont pas opposés, mais interconnectés et renforcés par la lutte commune.
3. Solidarité avec les peuples autochtones
Que le gouvernement élu s’engage dans un processus de décolonisation sous le leadership des personnes et des communautés autochtones en fonction de leurs demandes et de leurs priorités.
4. Financement du milieu communautaire
Que le gouvernement élu augmente l’aide financière aux organismes LGBTQ+ afin qu’ils puissent offrir des services qualité et remplir pleinement leur mission. Les groupes qui représentent des personnes LGBTQ+ à l’intersection de multiples réalités minorisées (racisées, organismes en région, communautés de langue officielle en situation minoritaire, etc.) disposent souvent de ressources très limitées pour mener leurs actions et remplir leur mission.
5. Immigration
Que le gouvernement élu assouplisse l’ensemble des critères d’octroi du statut de réfugié·e aux personnes LGBTQ+ en situation de danger.
6. Itinérance et précarité domiciliaire
Que le gouvernement élu reconnaisse les enjeux spécifiques des personnes LGBTQ+ en situation d’itinérance ou de précarité domiciliaire, et investisse dans des ressources d’hébergement durables, sécuritaires et adaptées.
Près d’un jeune sur trois en situation d’itinérance s’identifie comme LGBTQ+1. La crise du logement frappe de manière disproportionnée les personnes et les familles LGBTQ+, qui font face à un double fardeau de discrimination et de précarité.
7. Milieu carcéral
Que le gouvernement élu assure le respect des droits fondamentaux des personnes trans et non-binaires incarcérées, en garantissant l’accès à des soins d’affirmation de genre et en encadrant les transferts par des lignes directrices claires qui assurent la sécurité de toustes.
8. Personnes intersexuées
Que le gouvernement élu interdise les interventions chirurgicales non consenties qui sont encore effectuées sur des enfants intersexué·es. Malgré l’engagement pris dans le Plan fédéral 2ELGBTQI+ en 2022, Justice Canada n’a toujours
pas donné suite à la consultation publique sur la criminalisation des chirurgies cosmétiques pratiquées sur les enfants intersexué·es.
9. Familles
Que le gouvernement élu reconnaisse et soutienne toutes les familles, y compris les familles pluriparentales, celles avec des parents LGBTQ+ et celles avec des enfants LGBTQ+. Qu’il élargisse sa définition de la famille pour y inclure entre autres la famille choisie, les proches aidant·es et les beaux-parents, afin d’adapter ses politiques aux formes multiples que prennent les familles aujourd’hui.
10. Travail
Que le gouvernement élu modifie la Loi sur l’équité en matière d’emploi pour qu’elle inclue officiellement les réalités LGBTQ+ dans les motifs de discrimination. Un groupe de travail a déposé son rapport à Justice Canada en décembre 2023 en ce sens, mais les modifications législatives attendues n’ont toujours pas été apportées.
11. Travail du sexe
Que le gouvernement élu décriminalise le cadre d’exercice du travail du sexe. La criminalisation du travail du sexe marginalise encore plus les travailleur·euses du sexe LGBTQ+, autochtones, racisé·es et migrant·es, qui sont davantage ciblé·es par les forces de l’ordre.
12. Drogues
Que le gouvernement élu décriminalise l’utilisation des drogues et finance les organismes communautaires dont l’approche suit les principes de la réduction des méfaits. La consommation de drogues touche de façon disproportionnée les personnes LGBTQ+. Chez les jeunes trans, par exemple, la prévalence de consommation de substances est de 2,5 à 4 fois plus élevée que chez leurs pair·es cisgenres3
13. Décriminalisation de la non-divulgation du VIH
Que le gouvernement élu décriminalise la non-divulgation du statut sérologique et qu’il ait recours à des mesures de santé publique plutôt qu’au droit criminel pour faire face à l’épidémie de VIH/sida.