Samedi, 18 octobre 2025
• • •
    Publicité

    L’humoriste lesbienne Jessica Kirson s’excuse après avoir performé en Arabie saoudite

    L’humoriste américaine Jessica Kirson, ouvertement lesbienne, a présenté des excuses publiques après avoir participé au Riyadh Comedy Festival, un événement organisé dans la capitale saoudienne du 26 septembre au 17 octobre. Kirson figurait parmi les têtes d’affiche du festival aux côtés de Dave Chappelle, Pete Davidson et plusieurs dizaines d’autres humoristes internationaux.

    L’Arabie saoudite demeure l’un des pays les plus répressifs au monde envers les personnes LGBTQ+ : les relations homosexuelles consenties y sont punies de mort. Le royaume est aussi régulièrement dénoncé pour ses violations des droits humains, le traitement réservé aux femmes et aux travailleurs migrants, ainsi que pour l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018 — un meurtre que la CIA estime avoir été « probablement approuvé » par le prince héritier Mohammed ben Salmane.

    Dans une déclaration exclusive au Hollywood Reporter, Kirson a reconnu avoir pris une décision lourde de conséquences : « Le 29 septembre, j’ai donné un spectacle au Riyadh Comedy Festival. Depuis, cette décision pèse lourdement sur ma conscience. Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets d’avoir performé sous un gouvernement qui continue de violer les droits humains fondamentaux. »

    Son cachet sera reversé à une organisation de défense des droits humains

    Kirson a expliqué avoir été « surprise » d’être invitée à un événement en Arabie saoudite, « en tant que personne ouvertement gaie. J’ai demandé à ce qu’on me garantisse le droit d’être ouvertement lesbienne sur scène et de pouvoir aborder des sujets queer dans mon spectacle. J’espérais que cela puisse aider les personnes LGBTQ+ saoudiennes à se sentir vues et reconnues. »

    Elle ajoute : « Je suis reconnaissante d’avoir pu le faire. À ma connaissance, je suis la première humoriste ouvertement gaie à avoir parlé de son identité sur scène en Arabie saoudite. J’ai reçu des messages bouleversants de spectateurs me disant à quel point cela comptait pour eux. Mais en même temps, je regrette profondément d’avoir participé à un événement organisé sous l’égide du gouvernement saoudien. »

    Pour tenter de corriger le tir, Kirson affirme avoir donné l’intégralité de son cachet à une organisation de défense des droits humains. « Je veux que cet argent serve à lutter contre les injustices que ce régime perpétue », a-t-elle précisé, sans révéler le montant de son paiement ni le nom du groupe bénéficiaire.

    Une vague de critiques dans le milieu de l’humour

    Plusieurs collègues humoristes, dont Marc MaronDavid Cross et Atsuko Okatsuka, ont dénoncé la tenue du festival, le qualifiant d’opération de pinkwashing visant à redorer l’image d’un État autoritaire. Kirson dit comprendre les critiques et affirme « respecter profondément » les artistes qui ont pris position : « Je reconnais la controverse que cela a suscité. J’espère que ce moment servira à réfléchir à la manière dont nous pouvons utiliser nos plateformes pour le bien, pour donner une voix à celles et ceux qui n’en ont pas, et pour nous unir plutôt que nous diviser. » Elle ajoute :« Dans le passé, j’ai déjà été critiquée pour certaines décisions, mais je répondais rarement. Cette fois, je ne pouvais pas rester silencieuse. »

    Dans la dernière partie de sa déclaration, Kirson s’adresse directement à sa communauté et à ses admirateurs : « J’ai un lien particulier avec mon public, à cause du caractère vulnérable de mon humour et de la confiance que m’accorde la communauté queer. À mes fans : je vous vois, je vous entends, et vos voix comptent pour moi. Je vous aime tous et je suis sincèrement désolée d’avoir fait un choix que je n’ai pas pleinement mesuré. Je prends l’entière responsabilité de mes actes et je ferai tout pour que mes paroles et mes décisions reflètent le respect et la bienveillance que vous méritez. »

    Un geste symbolique… mais controversé

    La participation de Jessica Kirson au festival de Riyad met en lumière la tension entre visibilité queer et compromission politique. Dans un pays où être gai ou lesbienne peut encore coûter la vie, sa présence sur scène a constitué un acte audacieux – mais aussi, selon plusieurs voix critiques, une erreur morale exploitée par un régime en quête de légitimité culturelle.

    Alors que l’Arabie saoudite s’apprête à accueillir la Coupe du monde de football 2034, les critiques redoublent contre cette stratégie de « blanchiment d’image » par le sport et le divertissement, une méthode déjà employée par le Qatar lors du Mondial 2022.

    Abonnez-vous à notre INFOLETTRE!

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité