Accessible par sa proximité géographique et par son coût de la vie peu élevé, le Mexique s’avère une destination prisée dans le monde du tourisme rose grâce à sa riche gastronomie, son agréable météo, ses impressionnantes ruines et ses fantastiques plages. Mais, alors que le pays domine les palmarès des crimes homophobes, de la maltraitance envers les femmes et autres meurtres liés aux cartels de la drogue, peut-on sortir des hôtels tout-inclus du berceau de la tequila sans crainte? Absolument!
Lentement mais sûrement, les mentalités mexicaines évoluent entre traditions, conservatisme, religion, mobilisation citoyenne, avancées juridiques et désir de modernité. Si les droits LGBT divisent la population et la classe dirigeante, les grandes villes du pays accordent une place significative à la diversité sexuelle et de genre, particulièrement México, la capitale, et Puerto Vallarta, la Mecque arc-en-ciel du voyage au Mexique. La situation s’avère moins rose dans le nord du territoire, que le gouvernement canadien déconseille de visiter en raison de son climat de violence. Il en est de même pour la station balnéaire d’Acapulco, jadis un fleuron du tourisme international. Côté mariage entre conjoints de même sexe, 13 états mexicains sur 32 l’autorisent. En 2009, la Ciudad de México, alors appelée Distrito Federal ou DF, est devenue le premier état à légaliser le mariage gai en Amérique latine. La volonté du président d’étendre le mariage pour tous au pays entier après une décision de la Cour suprême mexicaine en 2015 s’est malheureusement butée à un refus populaire et politique.

Mégapole de 22 millions d’habitants bien moins polluée que le veut sa réputation, la ville de México compte quelques saunas et de nombreux bars gais, la plupart dans un secteur nommé Zona Rosa. Les jeunes gais en quête des meilleurs DJs dansent à la Purísima ou au Marrakech, tout près du superbe Palacio de Bellas Artes, tandis que les bears et autres mâles préfèrent Nicho ou Tom’s Leather. Les célébrations de la fierté de la ciudad se déroulent à la fin de juin et culminent avec une grande marche le dernier samedi du mois. Lors de mon séjour à l’hiver 2017, j’ai croisé plusieurs couples d’hommes ou de femmes se tenant par la main dans la rue ou dans le métro à México. J’ai aussi passé une journée au TepozSpa, situé à une heure au sud de la capitale. Il s’agit d’un club pour hommes ouvert le samedi et le dimanche qui comprend une piscine, un resto-bar, des jardins et des espaces intérieurs avec saunas et films pour adultes. L’entrée coûte environ 20$.
Par ailleurs, j’ai assisté à une soirée de lucha libre, soit la lutte mexicaine, dans le sens du spectacle organisé appelé « catch », à mille lieues de la discipline olympique. Au milieu des encouragements et des insultes de la foule, le luchador Máximo Sexy, avec ses habits serrés et sa chevelure rose en mohawk, a été couronné grand gagnant. Ce personnage gai, qui déstabilise ses adversaires en leur donnant un bisou, jouit d’une grande popularité et amène une touche d’humour dans un univers macho. Ouverture d’esprit ou caricature grossière?
Située sur la côte pacifique, la petite ville de Puerto Vallarta (PV) compte un important quartier gai : la Zona Romántica. On y trouve quelques bars de danseurs et saunas et plusieurs cabarets et discothèques, dont les populaires Paco’s Ranch et Mr. Flamingo. De jour, le Blue Chairs, célèbre pour ses chaises bleues plantées dans le sable, attire son lot de touristes états-uniens (les gringos!), dont plusieurs prétendent être canadiens. La plage Playa de los Muertos, des croisières, des spectacles de personnificateurs féminins et des comédies musicales s’ajoutent aux activités LGBT, sans compter les gars musclés et bien montés qui annoncent leurs dispendieux services sur Grindr… Le Vallarta Pride Festival a lieu vers la fin février. Située à 300 kilomètres de PV, seconde plus grande ville du pays et merveille d’architecture coloniale, Guadalajara, surnommée la San Francisco du Mexique à cause de son caractère gay friendly. tient son Desfile del Orgullo le deuxième samedi de juin. Si la jeunesse hipster fréquente l’avenue Chapultepec, j’ai préféré aller au branché bar gai California’s. Comme presque partout, aucun drapeau arc-en-ciel ni enseigne n’indiquaient l’entrée et un doorman fouillait systématiquement les clients.

Les communautés LGBT de plusieurs autres villes mexicaines comme Monterrey, Veracruz, Puebla, Oaxaca, Mérida et Querétaro sont aussi relativement organisées avec des établissements, des associations et des événements. Si vous ne voulez pas trop vous dépayser, je propose la très américanisée Playa del Carmen, où se déroulent deux gros festivals gais : PlayaPride vers la mi-juin et le Arena Dance Music Festival au début février. Vous pourrez magasiner sur la 5e Avenue, assister à la revue musicale du Coco Bongo et déguster une poutine au restaurant Los Tabernacos opéré par un Québécois.
Aimez ma page Les fabuleux va-et-vient d’Olivier Poulin www.facebook.com/olivoyage