La conférence mondiale sur le VIH/sida AIDS 2020 s’est déroulée début juillet, et pour la première fois, en ligne exclusivement. Le contexte d’épidémie mondiale de Covid-19 a modifié les plans de l’International Aids Society qui a dû annuler les sessions originalement prévues à San Francisco et Oakland.
La Covid-19 état bien sûr au cœur des discussions, étant donné l’engagement des infectiologues et des spécialistes du VIH face à cette nouvelle épidémie mondiale; beaucoup de leçons apprises en combattant le VIH ont été mises à profit face au Covid-19. Bien qu’il soit trop tôt pour le mesurer précisément, le confinement a aussi eu un impact important sur la prévention du VIH. Le docteur Douglas Krakower a présenté des données concernant son centre de santé communautaire à Boston spécialisé en santé sexuelle. Le Covid-19 y a été associé à des perturbations dans les protocoles de PrEP — en particulier dans les sous-populations d’hommes hispano-américains et noirs-américains ayant des rapports sexuels avec des hommes —, et ce, malgré une forte utilisation de la télémédecine. Ainsi, sur 3520 patients, pour la plupart homo ou bisexuels, inscrits dans un parcours de PrEP, de janvier à avril 2020, les initiations de PrEP ont diminué de 72,1%. Dans la même période, les ruptures de renouvellement de PrEP (ne pas avoir renouvelé son ordonnance avant la fin de son ordonnance précédente) ont augmenté de 191%.
Le nombre total de personnes sous PrEP (avec une prescription en cours) a diminué de 18,3%. Le nombre de tests de dépistage du VIH réalisés dans le centre est passé de 1 014 à 151 par mois. Le nombres de tests pour la gonorrhée et les chlamydias est lui passé de 1058 à 158 par mois, même si le taux de personnes testées positives pour ces IST a légèrement augmenté, passant de 12% à 16%. Dans les deux cas, les auteurs ont observé une diminution de 85% du nombre de tests réalisés. Cela dit, il faudra d’autres études pour comprendre si ces chiffres reflètent une diminution de l’exposition au VIH de ces populations pendant le confinement (parce que moins de partenaires), ou si le Covid-19 a été un véritable obstacle pour l’accès à la PrEP, malgré le recours à la télémédecine.