Chaque année, Massimadi présente des films et documentaires aux thématiques gaies, lesbiennes, bisexuels, et transgenres (LGBTQ+) mettant en vedette les membres des communautés noires. Durant la crise sanitaire qu’on traverse, pour sa 13e édition, le festival Massimadi se déroulera entièrement en ligne. Vous pourrez donc visionner les films du confort de votre foyer en visitant le site internet du festival. Les spectateurs auront accès au catalogue et aux films directement sur cette plateforme.
Cette 13e édition de Massimadi se déroulera sous le thème de «la résistance » nous apprend Laurent Lafontant directeur du festival. «L’année 2020 a été lourde pour plusieurs avec la pandémie du covid19 et encore davantage pour les communautés noires avec toute la question du racisme qui a occupé l’actualité depuis la mort de George Flyod.
« Malgré tout, il est important de résister et d’avancer pour vivre. Avec sa programmation, je crois que le festival démontre que la résistance se véhicule de différentes manières, que ce soit en entretenant nos liens familiaux, en construction des relations amoureuses, en se battant pour des droits de reconnaissance et de justice, en s’exprimant à travers l’art. Chaque acte qui nous pousse de l’avant et nous oriente vers notre but, nos rêves est une résistance.»
Au total une trentaine de films seront accessibles, courts et longs métrages confondus, documentaires et fictions. «Du continent africain, on présentera deux films de fiction qui se démarquent par leur thématique romantique, le long métrage Kapana et le court Limelight. Kapana raconte l’histoire de deux jeunes hommes namibiens qui n’ont rien en commun ; un courtier d’assurance et un vendeur de viande (kapana), et pourtant, contre toute attente, ils tombent amoureux. «Ce film de Philippe Talavera est l’une des rares fictions romantiques sur la thématique LGBTQ à être produit et réalisée sur le continent africain. C’est le premier film Namibien à montrer une histoire d’abord entre deux hommes».
À la suite d’une élection politique controversée en République démocratique du Congo, Bria Emboko, 18 ans, se trouve prise dans le film Limelight de Claire Gostin entre la loyauté de son père envers le gouvernement et la dissidence croissante des citoyens autour d’elle. «Au milieu du chaos, Bria trouve du réconfort chez Didienne. Malgré une grande désapprobation, leur relation s’épanouit en quelque chose de bien plus que ce que Bria aurait imaginé.»
Notons également la présentation de Monsieur, un court métrage de Thomas Ducastel. Georgie et Stan sont deux amis vivant à Lens. Georgie rêve de scène et Stan de cinéma. Quand Georgie apprend que son idole sera présent au concours Monsieur Pas-de-Calais, il demande à Stan, qui réalise la vidéo de l’événement, de l’aider à intégrer le concours. Mais la précipitation des événements fait éclater au grand jour les tensions dans leur relation.
Réalités trans à l’honneur cette année
Plusieurs longs documentaires de qualité sur les réalités trans seront présentés cette année.
Au sommet de la caravane de migrants de 2018, environ 7200 personnes tentaient de parcourir des milliers de kilomètres jusqu’à la frontière américaine. Parmi ceux qui ont fait le voyage, il y avait un petit groupe de femmes trans. «The Right Girls de Timothy Wolfer suit trois de ces femmes — des inconnues au départ — qui ont formé une communauté en cours de route pour se protéger mutuellement. » À une époque où l’Amérique est moins accueillante envers les personnes dans le besoin qu’elle ne l’a été depuis des générations, The Right Girls montre que les États-Unis sont toujours une lueur d’espoir pour les personnes dans des circonstances difficiles.
Le documentaire One Life to Blossom d’Alexandrina André suit la vie de l’activiste et artiste transgenre noire Blossom C.Brown alors qu’elle réalise son rêve de subir une chirurgie de féminisation du visage. Élevée à Jackson, Mississippi, Blossom a eu du mal avec son identité et sa santé lorsqu’elle a été infectée par le VIH à dix-sept ans, mais cela ne l’a «pas empêchée de surmonté les préjugés raciaux et de genre pour devenir la première femme transgenre à obtenir son diplôme de l’Université du Mississippi pour les femmes». Elle a attiré l’attention lorsqu’elle est apparue dans la première saison de la série de Caitlyn Jenner I Am Cait, et dans the Ellen DeGeneres Show, au cours de laquelle Caitlyn et Ellen ont fait équipe pour l’aider à payer ses études. Le film suit Blossom alors qu’elle devient enfin la femme qu’elle a toujours ressentie à l’intérieur.
L’artiste trans Beverly Glenn-Copeland a été l’une des premières étudiantes noires en musique à McGill dans les années 60, avant de faire sa transition plus tard. Beverly fait maintenant l’objet d’un déferlement de popularité à laquelle il ne s’attendait pas du tout. Keyboard Fantasies: The Beverly Glenn-Copeland Story nous permet de le découvrir.
Kelet de Susani Mahadura articule la discrimination structurelle que vit une femme transsexuelle noire d’une vingtaine d’années, dont le plus grand rêve est de faire la couverture du magazine Vogue. Pour Kelet, née en Finlande et élevée à Manchester, des mannequins tels que Naomi Campbell et Iman ont servi de modèles lui donnant de la force – et pendant les périodes les plus sombres, l’ont maintenue en vie. Après sa sortie du placard, Kelet a été coupée de sa famille et elle est revenue seule en Finlande. Elle a trouvé sa famille choisie dans la scène de ballroom voguing d’Helsinki et auprès de sa meilleure amie Lola.
Your Mother’s Comfort d’Adam Golub, fait le portrait de la militante trans et politicienne Indianara Siqueira qui se bat pour protéger une maison de refuge face à une démocratie brésilienne en ruine. Indianara a été évincée par son parti politique quelques jours avant les élections nationales brésiliennes de 2018 qui a élu le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro à la présidence de la République. «Il s’agit d’un film très d’actualité qui montre les conséquences des politiques de droite pour la communauté Trans et de la montée de parties extrémistes» note Laurent Lafontant. D’autres films abordent aussi différentes réalités du Brésil, dont Bonde de Asaph Luccas, qui suit trois jeunes amis noirs de la favela Heliópolis qui partent chercher refuge dans la scène nocturne LGBT + du centre-ville de São Paulo.
À travers les courts métrages de la programmation, sont abordées diverses autres thématiques, dont la question des relations familiales. C’est le cas de L’Amante (La Amante) et Hakuumacaato.
Dans Hakuumacaato, un ancien soldat somalien souffrant de stress post-traumatique et vivant maintenant à Melbourne, en Australie, est non seulement obligé d’accepter un mode de vie occidental, mais la sexualité de son fils qui vient d’emménager avec lui. Dans le film portoricain L’amante une femme de 70 ans, Maritere reçoit lors des funérailles de son marie la visite inattendue d’Angela, dont la présence réveille les sentiments du passé…
Plateforme pour faire connaître les talents locaux des communautés noires et faire rayonner la culture LGBTQ+ afro à travers des présentations artistiques, le festival est aussi un véritable lieu d’échange culturel où tout le monde est bienvenu avec ses panels de discussion et ses projections de films.
Expos
En collaboration avec Never Apart, Massimadi propose Data Thieves. Ce que nous transmettent nos archives qui pose un regard sur le temps et sur l’Histoire.
Les personnages représentés dans les œuvres des artistes Yannis Davy Guibinga et Syrus Marcus Ware permettent d’établir des connexions fortes entre identité, fluidité de genre et futurisme. Ces personnages, par moments dans des espaces tangibles et par d’autres dans des lieux incertains, nous véhiculent quelques indices de ce que notre avenir nous réserve. Les Data Thieves, figures créées par l’artiste et écrivain ghanéen John Akomfrah, ne se définissent pas. Tels des êtres intemporels, ielles n’ont ni genre ni époque précise. Ielles se matérialisent sous plusieurs formes, celle d’un enfant ou d’un adulte montrant comment se protéger.
Un panel de discussion sera proposé, entre autres, en vidéo zoom, le 27 février, suite à l’expo de Yannis Davy Guibingua & Syrus Marcus Ware sur ce à quoi pourrait ressembler le monde s’il était défait d’oppressions pour les personnes africaines et afro-descendantes.
Notez que la programmation complète sera dévoilée le 1 février 2021. Le festival se tiendra en ligne pour une durée d’un mois, du 12 février au 12 mars. Les films sont gratuits, mais une contribution volontaire sera évidemment appréciée.
INFOS | www.massimadi.ca