Lundi, 17 mars 2025
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    Quand la jalousie devient… cinématographique

    Consacré par la série Dix pour cent, Nicolas Maury se met à nu dans Garçon chiffon, un beau premier film éminemment personnel et pourtant pas autobiographique bien qu’il en soit le personnage principal.

    Il y incarne Jérémie, un comédien trentenaire en crise existentielle, qui peine à faire décoller sa carrière. Sa vie sentimentale est minée par sa jalousie maladive, qui le pousse à installer des caméras de surveillance chez son petit ami, Albert, et à participer à des sessions des «Jaloux Anonymes». En prévision d’une audition, il décide de quitter Paris pour mieux apprendre son texte et se rend sur sa terre d’origine, le Limousin, où il va tenter de se préparer auprès d’une mère très envahissante.

    La «mise à nu» de Nicolas Maury est aussi profonde que ludique. Il multiplie les idées de mise en scène et traduit par celles-ci le drame intime vécu par son personnage central à un moment où tout, dans son existence, prend l’eau : la relation avec son amoureux qui se désagrège, son père qui vient de se suicider, ce métier d’acteur où il peine à exister.

    Nicolas Maury n’a pas peur des sentiments, de souffler le chaud et le froid entre grands moments de comédie (une scène géniale face à la réalisatrice) et de situations déchirantes (face à sa mère, admirablement campée par Nathalie Baye). 

    Garçon chiffon ne fait pas dans la demie-mesure et navigue dans un burlesque qui rappelle certains films du cinéma muet : dans une rue parisienne, au charme que l’on dirait éternel, un trentenaire à l’élégance branchée cherche son chemin, tenant comme une boussole son téléphone portable lui enjoignant de « tourner à droite » puis de « tourner à gauche ». La vie fait tourner en bourrique Jérémie, assurément. Le réalisateur nous conte la jalousie comme une fiction entêtante que l’on se fait dans la tête. Et c’est une belle idée d’avoir imaginé qu’un vilain défaut devienne à ce point cinématographique.

    Nathalie Bay et Nicolas Maury

    On pourrait voir Garçon chiffon  comme un objet d’égocentrisme, mais pas plus que dans le cinéma de Dolan. L’essentiel est ailleurs, dans le besoin viscéral de passer derrière la caméra qui traverse l’écran. Le réalisateur assume son narcissisme, car qui s’aime saura mieux aimer les autres. Son personnage est de tous les plans, sous ses recoins les plus sombres, parfois pathétique, mais aussi très attachant. 

    À l’affiche dès le 9 avril dans certains cinémas au Québec.

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