Depuis maintenant quelques années, DC Comics et Marvel consacrent le mois de juin à la publication de recueils d’historiettes aux thématiques LGBT. Cette année a donc vu l’arrivée de Marvel’s Voices : Pride et DC Pride. Les titres ne pêchant clairement pas par excès d’originalité, c’est donc plutôt dans la trame narrative que l’on constate des orientations divergentes. Marvel amorce la publication par un historique de quatre pages axées sur la représentation LGBT dans ses publications.
S’ensuivent les aventures de différents personnages dans des aventures d’une à huit pages : Nico Minory et Karolina Dean (The Runaways), Elektra Natchios (Daredevil), Black Cat, Titania, Speed et Prodigy (Young Avengers), Iceman, Northstar, Mystique, Daken etc. Le recueil se conclut par un extrait du numéro 106 d’Alpha Flight (1992) où Northstar fit sa sortie du placard, accompagné d’une entrevue de Chris Cooper, qui agissait alors à titre d’éditeur associé et en révèle les coulisses.
La trame scénaristique du recueil est malheureusement assez lassante : isolation initiale d’un personnage suivi de l’intervention d’un second pour l’épauler et conclusion axée sur l’espoir d’une évolution sociale ou d’une relation amoureuse. L’orientation sexuelle ou de genre est donc généralement la pierre d’assise des récits et relativement peu de ces derniers se démarquent. On peut cependant citer Elektra Natchios dans un combat qui se combinent avec des réflexions sur la réalité trans, Prodigy qui réalise être bisexuel lors des cours donnés par Colossus au X-Mansion et la solitude d’Iceman qui est étonnamment réconforté par Magneto. Du côté de DC, le sous-titre du recueil établit dès le départ un regard beaucoup plus extensif : Celebrating a parade of LGBTQIA+ characters! Les personnages sont ici à l’avant-scène plutôt que leur orientation et la moyenne de huit pages consacrées à chaque histoire est d’ailleurs révélatrice d’une intention d’y développer une réelle aventure plutôt que l’évocation d’un état d’âme.
Batwoman partage certains éléments fort intrigants de son enfance, Gregorio de la Vega et Midnighter affrontent le Conte Berlin qui tente d’effacer la présence LGBT de l’histoire, Question (la version féminine) assiste une politicienne lesbienne dans un combat épique, Harley Quinn et Poison Ivy combinent affrontement d’un monstre tentaculaire et thérapie de couple.
Également à souligner, une rencontre assez touchante entre deux hommes gais – Todd Rice (Obsidian) et son père, Alan Scott (Green Lantern) – et pourquoi le second ne s’est affiché qu’après la sortie du placard du fils.
De son côté, Nora West-Allen (Flash) affronte deux cauchemars : Mirror Master et l’enjeu d’arriver en retard à un rendez-vous avec sa copine. Drummer Boy et Pied Pieper combattent l’exploitation immobilière affligeant les quartiers gais. Le personnage trans Dreamer se prépare à une sortie avec Brainiac tout en affrontant la League of Shadows et Jackson Hyde (Aqualad) participe à son premier défilé de la fierté gaie.
Comme on le constate, les récits de DC sont beaucoup plus inspirés et diversifiés et s’inscrivent résolument dans une progression globale des personnages qui va bien au-delà de l’évocation de l’orientation sexuelle ou de genre tout en ne l’écartant pas. Graphiquement parlant, la qualité générale est également beaucoup plus relevée que chez Marvel et le recueil est même entrecoupé de pleines pages, format pin-up, de certains personnages LGBT iconiques dans des poses particulièrement inspirées (dont le délicieux Catman). DC l’emporte haut la main, mais ne boudez pas votre plaisir du côté de Marvel.
INFOS | Marvel’s Voices : Pride. New York : Marvel, 2021. 88p.
DC Pride. Burbank, CA : DC Comics, 2021. 80p.