La science-fiction a toujours été un terreau fertile permettant d’explorer le pire comme le meilleur de l’humanité et le concept d’un recueil mené sous la plume de neuf auteurs des Premières Nations, sous la direction de Joshua Whitehead, ne peut donc que soulever la curiosité. Germant ainsi au cœur de la culture autochtone, quelles visions du futur s’offrent au lecteur ?
Utopie et dystopie sont au rendez-vous dans des nouvelles toujours très surprenantes puisque, non content de porter leur regard vers un avenir bien éloigné, s’y ajoutent également un éventail de personnages bispirituels, queers, trans et non binaires extrêmement riches.
Un adolescent gai et un rat génétiquement modifié, qui a acquis une intelligence propre, développent une relation surprenante qui les amène à combiner leurs forces et leurs rêves afin de s’extraire d’un vaisseau spatial qui s’avère une prison pour l’esprit et le corps.
Certains n’ont de cesse que de fuir une planète maintenant dévastée et épuisée, alors que d’autres maintiennent un attachement envers la Terre nourricière originelle. Des enfants synthétiques fuient une humanité intolérante à bord d’un arbre-vaisseau. L’ironie et la critique sociale ne sont également jamais très loin, comme l’évoque le titre très évocateur « Comment survivre à l’apocalypse quand on est une fille autochtone ». Des parallèles troublants sont également établis entre les mouvements de colonisation du 16e et 17e siècle, accomplis dans le plus pur aveuglement et sans se soucier du peuple conquis, et la colonisation d’une planète éloignée, avec une préoccupation chez les personnages de ne pas répéter la même histoire.
L’une des grandes forces de la science-fiction est de remettre en question les aprioris culturels pour ainsi sortir de sa zone de confort. Le recueil ajoute à cette prémisse en introduisant des éléments de traditions culturelles autochtones qui, dès le départ, conduiront plusieurs lecteurs et lectrices hors des sentiers battus. Salué par la critique, le recueil s’est par ailleurs mérité le Lambda Award dans la catégorie Anthologie LGBTQ.
INFOS | L’amour au temps d’après / sous la direction de Joshua Whitehead. Québec : Éditions Alto, 2022. 186 p.