Mercredi, 15 janvier 2025
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    Deux œuvres inédites de Nelson Henricks au MACM

    On connaît peut-être peu Nelson Henricks dans le grand public, mais Nelson Henricks est une figure incontournable de la vidéo actuelle. Depuis plus de trente ans, il développe une œuvre dense, véritable laboratoire de recherche sur des questions telles que la représentation visuelle du son, le passage du temps, les modifications induites par toute forme de traduction ou d’adaptation, de même que les champs sémantiques révélés par ces glissements. Pour le Musée d’art contemporain, il présente deux œuvres inédites — en fait plusieurs œuvres — qui forment un tout. Nelson Henricks a choisi entre autres de faire écho à deux artistes qui l’ont marqué, la peintre Joan Mitchell, et l’artiste multidisciplinaire, Andy Wharol.


    Cet artiste, écrivain et commissaire, né en Alberta a décidé de s’installer à Montréal après avoir étudié à l’université Concordia. Depuis, son travail a été reconnu pour son travail à travers la vidéo, ses installations qui mêlent l’image et la musique pour créer des œuvres immersives. La pratique de Nelson Henricks va de simples monobandes à des installations complexes à plusieurs canaux et à des projets intégrant diverses techniques ou matériaux. « Les œuvres de Nelson Henricks nous poussent à nous questionner sur la manière dont une œuvre d’art met en forme une idée, et comment cette mise en forme est perçue par le spectateur qui en fait l’expérience» explique Mark Lanctôt, conservateur au MAC et commissaire de l’exposition. «Comment une œuvre exprime-t-elle le contenu qui en est à la source? » 

    «Joan Mitchell et Andy Warhol sont deux artistes qui m’ont inspiré non pas seulement par les œuvres qu’il et elle ont créées mais par leur démarche. Une démarche d’exploration, d’essai qui est aussi propre à mon travail», nous confie Nelson Henricks en entrevue.

    La première œuvre, Don’t You Like the Green of A (N’aimes-tu pas le vert du A?), fait référence directement aux recherches de Joan Mitchell, la synesthésie. Depuis longtemps, des artistes et des scientifiques se sont penchés sur ce phénomène qui ferait que des sons, des objets, des formes, voire des lettres, suscitent chez des personnes des couleurs. Ainsi la lettre A, par exemple, est associée automatiquement au vert. Les scientifiques ont même cru à une forme de syndrôme, pour des artistes, la synesthésie devient alors un terreau fertile pour la création. «Je ne suis pas synesthète, comme peut-être l’était Joan Mitchell, mais cela m’a toujours fasciné et j’ai décidé de faire une interprétation surréaliste entre les lettres et les couleurs», ajoute Nelson Henricks, qui explore ainsi comment un mécanisme de perception atypique peut affecter notre appréhension du langage et donc du monde qui nous entoure.

    La seconde œuvre, Head Will Roll (Des têtes vont tomber) est une installation vidéo à quatre écrans qui nous montrent une série d’actions où des danseurs, des musiciens et des performeurs explorent le potentiel révolutionnaire de la musique populaire et expérimentale.  Les actions performées sont montées de façon à constituer un tout immersif où l’image est soumise à un impératif rythmique. Cette œuvre est inspirée des contestations populaires que le Québec a connues au printemps 2012, où tous les soirs, la population a déferlé par milliers sur la place publique en martelant des casseroles afin d’exprimer son mécontentement envers le gouvernement de l’époque.

    En parallèle, Nelson Henricks a composé un programme de 15 screen tests à partir des centaines produits par Andy Warhol entre 1964 et 1966 (qui sont en fait les portraits de 189 personnes gravitant autour de lui, dont plusieurs ont été filmées à de multiples reprises.  Avec cette sélection, il tisse un lien entre l’artiste majeur des années soixante et soixante-dix et son propre travail, laissant naître des échos et des résonnances entre eux deux, un dialogue par images et vidéos. Comme le souligne Nelson Henricks, «il y a dans le travail de Warhol des thèmes qui m’ont toujours été chers, comme la question queer, mais aussi la création de très courts films, de quelques minutes, qui tracent des portraits animés de célébrités ou d’inconnu.e.s, que je reprends d’une certaine façon avec mes recherches en vidéo», avance Nelson Henricks.
     
    Avec en arrière plan, les artistes Joan Mitchell et Andy Warhol, Nelson Henricks trace une ligne historique et en même temps de continuité dans l’exploration et la recherche de nouvelles avenues d’expression artistique utilisant à leur profit les nouvelles technologies. Dans ce sens, Nelson Henricks a été approché par Ubisoft Montréal pour travailler sur le développement d’un jeu. «Je vais découvrir et apprivoiser la technologie 3D, ce sera pour moi un nouvel apprentissage, mais surtout cela me servira aussi pour élargir ma création artistique», conclut l’artiste.


    INFOS | L’exposition Nelson Henricks est composée de deux œuvres inédites : Don’t You Like the Green of A et Head Will Roll Au Musée d’art contemporain de Montréal, du 17 novembre 2022 au 10 avril 2023
    https://macm.org

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