Adam Fox tient le haut de l’affiche de Sugar Highs, la série phare de OutTV financée par le Fonds des Médias du Canada. Rencontre avec cet acteur aux propos aussi politisés que… salés.
Parlez-nous de Sugar Highs.
Adam Fox : Prenez une comédie qui se passe dans une colocation, un peu comme Friends ou Comment j’ai rencontré votre mère, saupoudrez un peu de gais, quelques sugar daddies, et vous avez Sugar Highs !
En résumé, ça porte sur trois colocs d’identités sexuelles différentes vivant dans le San Francisco d’aujourd’hui, qui ont du mal à joindre les deux bouts. Ce qui débute comme une comédie de malentendus s’ensuivra [par] une série de hauts hyperglycémiques et de bas amers lorsqu’ils réaliseront que la vie d’un sugar baby n’est pas toujours rose.
La série a été créée et réalisée par le légendaire cinéaste Thom Fitzgerald. Comment était-il sur le plateau ?
Adam Fox : J’ai toujours eu énormément de plaisir avec Thom sur le plateau. Sur le plateau, Thom fait partie du groupe. Il fait des blagues et mange souvent avec nous. C’est agréable d’avoir ce lien avec lui, surtout que, à mesure que la série progresse, je pense qu’il tient compte de qui nous sommes dans la vraie vie dans son écriture. Personnellement, je me suis senti plus près de Bud que jamais durant le tournage de la deuxième saison, et je le dois certainement au fait que Thom me connait tant dans mon personnage qu’à l’extérieur.
Sugar Highs est une série qui porte sur le travail du sexe. Avez-vous réfléchi à ce sujet avant d’incarner Bud ?
Adam Fox : Absolument ! Je suis sensibilisé depuis longtemps au travail du sexe et j’ai observé à quel point l’opinion publique sur le sujet a changé, ce que je trouve génial. Je pense que, trop souvent, les gens à l’extérieur du monde des escortes, des sugar babies, du travail du sexe croient que c’est pareil partout, mais il y a tellement de nuances sous ce terme générique. Bien sûr, il y a encore des prostitué.e.s dans les rues, mais en majeure partie, le travail du sexe n’a pas le même visage aujourd’hui. En ce qui concerne les sugar babies, je trouve que c’est un sujet intéressant à aborder, car ils se situent dans une zone grise entre le travail du sexe et la relation, et tendent souvent davantage dans une direction ou l’autre. Entre mes observations sociétales, mon point de vue sur le sujet et le fait d’avoir des amis dans la vie qui sont des travailleurs du sexe, je sentais que j’avais une assise très forte pour jouer Bud et bien saisir le contenu de cette émission.
Les personnages queers devraient-ils toujours être joués par des acteurs queers ?
Adam Fox : C’est un sujet chaud en ce moment, donc sachez que je ne parle que pour moi-même et d’après mon expérience. La différence entre un acteur gai qui auditionne pour un rôle hétérosexuel et un acteur hétérosexuel qui auditionne pour un rôle gai est que, lorsqu’un hétéro auditionne pour un rôle gai, nous croyons automatiquement qu’il est gai, parce que le texte le dit. En revanche, pour un acteur gai, si, à 2 minutes 20 de ta vidéo d’audition, durant une fraction de seconde tu n’es pas parfaitement masculin au sens stéréotype, on décidera que tu n’es pas assez convaincant pour jouer le rôle. En plus de cela, la quantité de rôles hétérosexuels est complètement démesurée par rapport au nombre de rôles homosexuels. Et comme les acteurs hétéros ont toujours plus d’occasions de jouer, leur CV est généralement plus garni.
Donc en bref, pour plusieurs raisons, oui. Pendant des années, le courant a simplement toujours été à l’encontre des queers et des acteurs ouvertement queers, et ça prend un moyen pour elleux de mettre un pied dans la porte et d’avoir une chance de représenter leur communauté. Et au-delà de ça, les acteurs queers apportent une couleur qui vient de leurs expériences de vie, de leurs ami.e.s dans la communauté, et ils ont une sensibilité difficile à imiter de façon authentique.
J’espère qu’un jour, lorsque les choses seront plus équilibrées, je pourrai réévaluer ma position et dire que quiconque peut jouer quiconque, mais dans l’état actuel des choses, je pense qu’il est juste de donner leur chance aux acteurs queers. Le monde est plus coloré lorsqu’on célèbre avec des gens de toutes les apparences, origines, identités, religions et sexes, et dans le milieu télévisuel et cinématographique, cela donne du meilleur divertissement, plus authentique.
Votre communauté d’admirateurs et d’admiratrices croît rapidement. Interagissez-vous avec eux ?
Adam Fox : Oui ! Puisque la série est une production d’OutTV, le public cible est majoritairement LGBTQ+, et comme Bud est le personnage queer le plus assumé, je me rends compte que c’est à lui que le public s’identifie le plus. Je reçois beaucoup de messages de téléspectateurs qui me disent que Bud leur fait penser à eux dans leur jeune vingtaine et qui apprécient l’authenticité, l’émotion et les nuances que j’apporte au rôle. Je reçois ce genre de message en public, en ligne sur Instagram ou Facebook, et même sur Grindr, où je dois souvent rappeler aux gens que je joue un rôle dans l’émission et que ce n’est pas moi. De toute évidence, le public, les fans et les messages sont aussi colorés que l’émission elle-même !
Vous êtes né en Colombie-Britannique et parlez couramment français. Expliquez-nous !
Adam Fox : Alors ma mère est américaine, de Seattle dans l’État de Washington, et mon père vient de Montréal. Ils se sont rencontrés pendant que ma mère faisait son doctorat à l’Université McGill, avant de déménager ensemble à Vancouver et d’y fonder une famille. Puisque beaucoup de membres de ma famille vivent à Montréal, il était important pour mes parents que ma sœur et moi parlions français. Ils nous ont donc inscrits dans des écoles d’immersion française dès la maternelle.
Que réserve le futur à Adam Fox ?
Adam Fox : Je dirais que l’avenir est radieux ! Après le tournage, j’ai fait un voyage en Californie pour réseauter et me faire des contacts, dans l’espoir d’y déménager dans un futur proche. Ayant la double-citoyenneté américaine et canadienne, mon but est de partager mon temps entre Los Angeles et Vancouver. J’ai rencontré beaucoup de personnes incroyables durant ce voyage et j’ai espoir de me démarquer du lot grâce à mon talent et ma détermination. À l’extérieur du jeu, je suis en train de développer, avec l’auteur-producteur réputé Kyle Whitelaw, une comédie LGBTQ+ que l’on espère tourner d’ici l’été 2023. C’est un croisement entre Quatre filles et un jean, Spice World et Rupaul’s Drag Race. J’ai beaucoup de plaisir là-dedans et je suis excité à l’idée de m’aventurer dans l’inconnu, puisque ce sera ma première fois comme auteur et comme réalisateur d’une série entière. Une chose que ma famille admire de moi, c’est que lorsque je me fixe un objectif, d’une façon ou d’une autre, je réussis, avec persévérance et ténacité, à réaliser mes rêves.
Je suis excité par ce qui s’en vient et je suis reconnaissant envers Sugar Highs qui m’a donné ma première chance comme acteur principal, ce qui m’ouvrira certainement des portes et me prépare à un bel (et sucré !) avenir.
INFOS | Vous pouvez visionner en rafale la saison 1 de Sugar Highs en attendant la diffusion, plus tard cette année, de la saison 2.