Dans une présentation qui a fait beaucoup parler mardi 21 février à la Croi, la professeure Chloe Orkin, spécialisée dans le VIH à l’Université Queen Mary de Londres, est revenue sur les liens entre la mortalité liée au Mpox (Monkeypox ou variole du singe) et le taux de CD4 chez des PVVIH co-infectées.
Dans cette étude, publiée, le jour même, dans The Lancet, les chercheurs-ses ont analysé les données de PVVIH co-infectées avec le Mpox issues de 44 sites contributeurs de 19 pays différents. La plupart des personnes étaient originaires du continent américain, une majorité étaient des hommes cisgenres, 91,4 % avaient un VIH connu, 59,7 % étaient sous ARV, 50,5 % avaient une charge virale indétectable et 9 % ont découvert leur séropositivité au VIH au moment du diagnostic du Mpox.
L’analyse révèle une forme disséminée nécrosante sévère de Mpox et une relation entre le nombre de CD4 et les hospitalisations, les admissions en soins intensifs et les décès. La charge virale détectable a également eu un impact sur les résultats. Aucun décès n’a eu lieu chez les personnes avec un taux supérieur à 200 CD4. Le taux de mortalité est de 15 % chez les personnes avec un taux inférieur à 200 CD4/mm3 et de 27 % chez les personnes avec un taux inférieur à 100 CD4. Presque toutes les complications ont été observées chez les personnes dont le taux de CD4 était inférieur à 100/mm3. L’éruption cutanée était alors prolongée.
Le trait caractéristique de cette forme disséminée grave de Mpox était la présence de grandes lésions coalescentes (unies) et nécrosantes chez 93 % des personnes décédées. Une septicémie est survenue chez 89 % des personnes décédées et des symptômes respiratoires chez 85 % d’entre elles. Sur 350 personnes co-infectées VIH + Mpox avec un taux de CD4 inférieur à 350/mm3, 27 personnes (7,15 %) sont décédées.
Parmi ces décès, le nombre moyen de CD4 était de 35. Aucune des personnes décédées n’avait reçu la vaccination Mpox avant ou pendant la période 2022. Sur la base de ces résultats, la Dre Orkin et ses collèges pensent que la forme nécrosante sévère, avec maladie systémique liée au Mpox, est une condition définissant le stade sida causée par un pathogène opportuniste chez les personnes en stade avancé de l’infection à VIH.
La Dre Okin plaide pour que le Mpox soit ajouté à la classification des maladies opportunistes liées au VIH/sida. Les principales maladies opportunistes liées au stade sida sont actuellement : la toxoplasmose, la pneumocystose, la cryptococcose, l’infection à CMV (cytomégalovirus) et le sarcome de Kaposi.
Dernier point crucial : seules, 21 personnes en stade sida avaient fait le vaccin Mpox préventif mais aucun décès n’a eu lieu chez ces personnes. Un plaidoyer imparable pour que les PVVIH à risque d’infection par le Mpox soient prioritaires dans l’accès aux vaccins préventifs. Clairement, la vaccination Mpox sauve des vies !