Mercredi, 31 mai 2023
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    Nuages baroques

    Au lendemain d’une fête célébrant l’ouverture de l’union civile pour les couples LGBT, un jeune étudiant, vêtu d’un complet rose, est retrouvé battu à mort. Y a-t-il un lien entre les deux événements ? Est-ce un « simple » hasard ou bien la filiation de l’étudiant avec un riche architecte serait-elle plutôt à l’origine du crime ?

    Le climat est explosif puisque de petits groupes homophobes sillonnent les rues de la ville de Gênes, cherchant noise ou pis encore à quiconque semble sortir de la norme. Paolo Nigra, le sous-préfet adjoint de police, ne se départit jamais de son calme, même s’il ne peut qu’être agacé de recevoir des discours contradictoires de ses supérieurs : certains sont soulagés qu’il prenne en main cette patate chaude, puisqu’il est gai, alors que d’autres considèrent que cela lui retire, au contraire, toute objectivité.

    Même si l’hypothèse d’un crime haineux semble s’imposer, Nigra demeure prudent puisque
    l’affaire ne cesse de se complexifier au rythme des interrogatoires et des preuves recueillies. Il ne peut également s’empêcher de dresser un parallèle entre la mort de l’étudiant, qui affichait ouvertement son orientation, et sa propre situation de couple.

    En effet, l’identité de son conjoint est un secret bien gardé puisqu’il s’agit d’un acteur très connu (et qui, à son grand dam, interprète un commissaire de police dans une série grand public). Un secret qui devient parfois lourd à porter. Au-delà de l’intrigue principale, le roman est par ailleurs truffé de nombreuses scènes très amusantes où un ton acidulé est à l’honneur. C’est notamment le cas des multiples spéculations des collègues de Nigra sur l’identité de son conjoint ou du délicieux moment où celui-ci tourne en bourrique un trio d’homophobes en leur assénant un petit cours de psycho pop visant à leur prouver qu’ils sont en fait des homosexuels refoulés.

    L’enquête se veut par ailleurs un prétexte pour les deux auteurs, Antonio Paolacci et Paola Ronco, pour plonger dans la complexité et les dissonances de la société italienne où le plus beau vernis peut cacher la plus grande intolérance. Bien que le roman mentionne de nombreuses enquêtes antérieures de Paolo Nigra, il s’agit du premier roman le mettant en scène. On ne peut donc que souhaiter que les auteurs récidivent rapidement avec un nouvel opus, puisque la vie personnelle du sous-préfet s’avère tout aussi fascinante que la peinture sociale qui y est habilement représentée.


    INFOS | Nuages baroques / Antonio Paolacci & Paola Ronco, Paris : Rivages/Noir, 2022, 345 p.

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