Vendredi, 29 mars 2024
• • •
    Publicité

    Landscape Grindr par Michael Martini

    L’artiste de théâtre montréalais Michael Martini a travaillé sur la scène bilingue, queer et interdisciplinaire de Montréal, collaborant souvent avec des danseurs et des artistes visuels.

    Martini a présenté son travail à plusieurs des événements de performance les plus excitants de Montréal et de Toronto, notamment sa cocréation Ça a l’air synthétique bonjour hi au OFFTA et à Summerworks.

    Diplômé de l’Université Concordia, il a fraichement cocréé et interprété Beep Test à Tangente avec Callan Ponsford. Et du 11 au 15 avril, Martini présentera Landscape Grindr, sa première œuvre en tant que dramaturge-interprète à La Chapelle Scènes contemporaines.

    Incubée par l’entremise du programme Alliance du MAI et Playwrights’ Workshop Montreal, Landscape Grindr est une œuvre dont le « récit bien personnel est filtré à travers des réflexions sur des thèmes urgents : la violence sexuelle, la destruction de l’environnement […] alors que l’auteur questionne sa propre identité sexuelle dans le contexte des mouvements comme #metoo et la justice environnementale ».

    Martini s’est récemment assis avec nous pour une séance de questions-réponses à bâtons rompus.

    CRÉDIT PHOTO : FÉLIX BONNEVIE

    De quoi parle Landscape Grindr et qu’est-ce qui t’a inspiré pour l’écrire ?
    Michael Martini : J’ai mélangé des éléments autobiographiques avec des éléments imaginaires d’une époque de ma vie où je sentais que je testais les eaux de différents types d’identités de genre et de différentes identités sexuelles. Ce processus de se demander où je me situe s’est produit pendant le mouvement #MeToo, lorsque nous examinions également le binôme homme-femme d’une manière vraiment différente et chargée. Je place cela dans le contexte du mouvement de justice environnementale pour voir quel genre d’histoire émerge lorsque ces parallèles sont établis.

    À quel point la pièce est-elle autobiographique ?
    Michael Martini : Je l’ai écrite entre 2017 et 2018, lorsque je me suis de plus en plus intéressé à brouiller les frontières entre l’autobiographie et la fiction et la fantaisie.

    Comment as-tu choisi le titre Landscape Grindr ?
    Michael Martini : Parfois, les personnes qui ne veulent pas utiliser leur photo sur Grindr publieront une photo pour se représenter. Beaucoup de gens utilisent des photos de paysages. Autour de 2017, j’ai commencé à collecter des captures d’écran et lorsque ma collection de paysages a dépassé les 1 000, j’ai pensé : « Je dois vraiment faire quelque chose avec ça. » Ce projet était parallèle à l’écriture que je faisais à l’époque. C’est donc de là que vient le titre. Je pensais aussi que ça sonne bien.

    Es-tu non binaire ? Queer ? Quel adjectif aimes-tu utiliser ?
    Michael Martini : J’ai l’impression que ce type de langage change si souvent, non seulement de génération en génération, mais de d’année en année. C’est pourquoi, je ne m’investis pas trop dans l’un ou l’autre de ces adjectifs. J’ai appris à me détacher de d’une étiquette spécifique. Cela dit, en ce moment, je m’identifie principalement comme un homme gai queer.

    As-tu besoin de thèmes queers dans ton travail ?
    Michael Martini : Je ne peux pas penser à une seule pièce que j’ai faite où cela n’a pas d’importance.

    Es-tu un artiste queer ou un artiste qui se trouve à être queer ?
    Michael Martini : Je m’identifie vraiment fortement à la communauté queer. À Montréal, je dirais que je me sens vraiment à ma place dans des espaces plus undergrounds et très diversifiés sexuellement. J’ai une relation plus fluide avec le genre et la sexualité où, parfois dans ma vie, j’ai l’impression de me demander qui je suis et comment je veux me présenter.

    Comment était-ce de grandir à Ajax, en Ontario, en tant que garçon queer ?
    Michael Martini : Je dirais que les choses n’ont pas toujours eu beaucoup de sens. J’avais le sentiment d’être un peu différent. Vous commencez à collecter ces références du monde qui brossent un tableau de la façon dont vous pourriez vous intégrer. Puis, à la fin de mon adolescence, les choses ont atteint un point d’ébullition et tout à coup, vous commencez à avoir une certaine clarté. Heureusement, j’ai fréquenté une école secondaire des arts à Toronto qui était très ouverte d’esprit, avant de venir à Montréal pour fréquenter Concordia en 2013.

    Tu es un artiste pluridisciplinaire. Préfères-tu une discipline plus que les autres ?
    Michael Martini : Je viens d’un milieu théâtral. J’ai été l’une des dernières personnes à terminer le programme d’écriture dramatique de Concordia, qui n’existe plus. J’ai abandonné leur programme de performance parce que j’ai rapidement découvert que ce n’était pas pour moi, que c’était très
    stressant et super discipliné. Au lieu d’incarner les idées des autres, le passage à l’écriture dramatique m’a mis aux commandes pour que je puisse faire ce que je voulais faire sur scène ou ce que je voulais explorer.

    Tu travailles également dans les coulisses, comme pour l’artiste montréalaise Maxine Segalowitz à Tangente en 2021, en tant que directeur de production et concepteur sonore. Préfères-tu travailler sur scène ou hors scène ?
    Michael Martini : Oh, sur scène évidemment. Je veux dire, j’ai commencé à travailler « hors scène » pour m’occuper. C’était génial parce que je suis très à l’aise dans ce genre de poste de coordination. Au cours de la dernière année, j’ai travaillé quatre fois en tant que directeur de production.

    Tu as tout perdu dans l’incendie de ton appartement en janvier 2021. Comment as-tu reconstruit et rebondi « ton monde » ?
    Michael Martini : Les communautés du théâtre, de la danse et queer, ma famille et mes ami.e.s se sont tous rassemblé.e.s autour de moi. Grâce à eux j’ai pu continuer. Je recevais tous ces messages de personnes dont je n’avais pas entendu parler depuis des années et de parents qui offraient simplement leur soutien. C’était incroyable.

    Combien de temps as-tu été hospitalisé ?
    Michael Martini : J’étais juste à l’hôpital pour la nuit. Mes mains ont été gravement endommagées. Je n’ai pas pu utiliser mes mains pendant environ un mois. J’ai eu des pansements pendant deux mois. Et j’ai souffert d’insomnie pendant plus d’un an. Je ne pouvais pas m’endormir du tout. J’étais terrifié. Pendant plusieurs mois je ne pouvais même pas m’approcher d’un four — ça me faisait flipper. Heureusement, cette période est révolue.

    Qu’as-tu perdu ?
    Michael Martini : Tout a été perdu. Sauf incroyablement une boite à chaussures qui contenait mes souvenirs : des lettres et des photographies. Lorsque les pompiers ont éteint le feu, ils […] ont sorti autant [de choses] qu’ils ont pu […] dans la rue. Quand je suis sorti de l’hôpital le lendemain et que je suis rentré chez moi, il n’y avait qu’un iceberg de déchets à l’extérieur de l’appartement. J’ai trouvé ma boite à souvenirs, ainsi qu’un coffre-fort ignifuge sous mon litrempli d’objets de valeur et d’argent. J’ai cherché ce coffre-fort comme un maniaque pendant trois heures dans cet iceberg de détritus !

    Heureusement, tu es en sécurité et ta carrière est sur les rails.

    Michael Martini : C’est vraiment bon d’être de retour.

    INFOS | Landscape Grindr est présentée à La Chapelle Scènes contemporaines du 11 au 15 avril. Le spectacle est en anglais surtitré en français. Pour les billets, visitez lachapelle.org

    Abonnez-vous à notre INFOLETTRE!

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LEAVE A REPLY

    Please enter your comment!
    Please enter your name here

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité