Frank William Remiggi, héros de notre histoire

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Né à Montréal en 1951, Frank W. Remiggi a poursuivi des études de premier cycle en anthropologie et géographie avant de compléter une maitrise en géographie historique à la Memorial University of Newfoundland et un doctorat en géographie à l’Université McGill.
 
Professeur à l’UQÀM, il oriente son enseignement notamment sur les enjeux géographiques de l’ethnicité et les relations interethniques. Il est également membre de la Chaire de recherche en immigration, ethnicité et citoyenneté (CRIEC) et du Groupe de recherche interdisciplinaire sur le Montréal ethnoreligieux. L’un de ses apports les plus importants est la publication, avec Irène Demczuk, de Sortir de l’ombre. Histoires des communautés lesbienne et gaie de Montréal. « Ceux et celles qui ont contribué à ce recueil, lit-on dans l’Avant-propos, ont comme caractéristique commune d’avoir participé activement, par leurs actions ou réflexions, au dynamisme des collectivités gaie et lesbienne ainsi que des mouvements sociaux qui en sont issus1. » Regroupant des auteurs prestigieux, dont Thomas Waugh, Ross Higgins, Line Chamberland et Jean-Michel Sivry, l’essai est considéré aujourd’hui comme un jalon fondateur dans l’histoire de la communauté homosexuelle d’ici.


Dans son texte intitulé Le Village gai de Montréal : entre le ghetto et l’espace identitaire, Frank W. Remiggi entend « démontrer que la police et l’administration municipales n’étaient pour rien dans l’émergence du Village gai, et que l’emplacement de celui-ci ne renvoie qu’indirectement à l’affirmation du fait français au Québec » (p. 268). Selon lui, il faut plutôt invoquer « l’attrait résidentiel » du quartier où les loyers restaient abordables et des facteurs économiques dus notamment à l’ouverture de plusieurs établissements commerciaux.

Et à ceux qui parlent de ghetto, il rétorque que si « le Village gai comporte une forme de ségrégation spatiale, cela ne se traduit pas forcément sur le plan social. À preuve, en rendant l’homosexualité masculine clairement visible dans l’espace urbain, le Village a obligé la société montréalaise à faire un premier pas, aussi modeste soit-il, dans sa reconnaissance des réalités sociales de la communauté gaie » (p. 284).

Dans le cadre des célébrations entourant leur 40e anniversaire, les Archives gaies du Québec ont créé le prix Frank W. Remiggi. Tout en honorant sa mémoire — il est décédé en 2018 —, le prix vise, selon Pierre Pilotte, à « récompenser les gens, étudiants, professeurs, chercheurs, etc., qui ont travaillé de façon significative avec les Archives et qui ont publié2 ».

Et pour qui souhaiterait mieux connaitre notre héros, il ou elle consultera le Fonds déposé aux AGQ ou lira les divers ouvrages qu’il a codirigés3.


Notes
1-« Avant-propos », in Irène Demczuk et Frank W. Remiggi (dir.), Sortir de l’ombre. Histoires des communautés lesbienne et gaie de Montréal, Montréal, VLB Éditeur, 1998, p. 9.

2-André C. Passiour, « Les 40 ans des Archives », Fugues, no 464, février 2023, p. 42.

3-Montréal : tableaux d’un espace en transformation ; Atlas historique des pratiques religieuses : Le Sud-Ouest du Québec au XIXe siècle ; La communauté politique en question. Regards croisés sur l’immigration, la citoyenneté, la diversité et le pouvoir ; Inégalités, racisme et discriminations : regards critiques et considérations empiriques.

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