Déjà 32 ans depuis la disparition de l’homme d’affaires d’origine libanaise Ron Farha… dans la fleur de l’âge. Se sachant atteint du SIDA, il manifesta alors le désir de créer la Fondation Farha en 1992 — que poursuivront sa mère, Evelyn Farha et ses sœurs, après son décès.
L’un des vœux de Ron Farha était de mettre sur pied une grande marche annuelle dans les rues de Montréal dans le but d’aider les gens atteints de la maladie et de sensibiliser la population, notamment les jeunes. La première édition de ÇA MARCHE s’est déroulée le 3 octobre 1993, regroupant des supporteurs venus des quatre coins du Québec. En 2014, la manifestation a rassemblé près de 4000 personnes pour une marche de 7 km à partir du parc Émilie-Gamelin dans le Village. En 2016, la marche a pris la forme d’un événement-bénéfice en ligne.
La Fondation a organisé aussi un gala annuel, MASKARADE, offrant une thématique différente à chaque édition. En 2011, par exemple, au Marché Bonsecours, on a voulu souligner « La vie, l’amour, l’espoir » en invitant des photographes montréalais de renom à interpréter le thème en s’inspirant d’une photo n/b de Ron Farha. Captée au bord de la mer, l’image « illustre la façon dont il célébrait la vie chaque jour 1. » Rappelons que, pendant 3 décennies, elle a remis des millions de dollars à des organismes communautaires. En 2017, elle est fusionnée à la Fondation québécoise du sida.
En hommage à Ron Farah et la fondation qui porte son nom, on a réalisé une murale sur laquelle est écrit une citation de Ron:
Le SIDA disparaîtra un jour… En attendant, nous avons
l’opportunité d’apprendre et de grandir…
Et nous devons le faire.
Située au départ à l’angle des rues Wolfe et Sainte-Catherine, l’œuvre s’était dégradée au fil des ans : « En cette année où l’on marque les 40 ans de l’existence du VIH-sida, souligne André-Constantin Passiour, il est bon de rappeler ces Montréalais qui se sont battus contre la maladie, contre la discrimination et contre la société pour améliorer le sort de leurs semblables 2. » C’est ainsi que, grâce à une initiative citoyenne, la fresque a été reproduite par MU et repeinte par XRAY (Bryan Lanier) « un artiste pop issu du milieu du graffiti et des arts de la rue 3 » — le même qui a réalisé la murale Restoration sur la rue Atateken. Désormais, la murale de Ron Farha orne le mur du dépanneur Couche-Tard sur la rue Beaudry près de Sainte-Catherine. Elle perpétue « son engagement dans la lutte contre le VIH/sida, et constitue en soi un objet mémoriel, laissant une trace au sein de nos communautés. […] C’est un appel à l’action individuelle et collective, un message porteur d’espoir au regard de plusieurs décennies d’épidémie 4. »
Le sociologue de la santé, Gabriel Girard, a répertorié divers lieux de souvenir marqués par l’histoire du VIH/sida, dont le Parc de l’espoir, le Parc Raymond Blain et, bien sûr, la murale de Ron Farha. Toutes ces « traces urbaines dans le quartier gai de Montréal [permettent ainsi] de voir et de mieux comprendre les ramifications mémorielles d’une épidémie qui perdure 5. » 6
- lelezard.com/communique-563942.html. Consulté le 6 juillet 2022.
- André-Constantin Passiour, « Devoir de mémoire ou la seconde vie pour la fresque Ron Farha », Fugues, 3 décembre 2021.
- mumtl.org/artistes/xray. Consulté le 9 juillet 2022.
- https://mumtl.org/projets/le-reve-de-ron-farha. Consulté le 2 juillet 2022.
- www.acfas.ca/publications/magazine/2017/10/recit-recherche-actualite-traces-urbaines-du-vihsida. Consulté le 9 juillet 2022.